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La Russie a assuré être prête à coopérer avec les États-Unis à condition que cela se fasse « sans diktat », au moment où John Kerry, premier haut responsable américain en visite en Russie depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, était reçu mardi par Vladimir Poutine.
« La Russie est prête à une coopération constructive avec les États-Unis [...] cependant, cette coopération n’est possible que sur une base juste et équitable, sans tentative de diktat ou de contrainte », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Moscou a « souligné que la crise actuelle des relations avec Washington n’est pas de notre responsabilité ». « Il a été noté que la poursuite d’une confrontation, avec des tentatives de pression sur nous par le biais des sanctions, est un chemin qui ne mène nulle part », a martelé Moscou.
Quand la diplomatie russe a diffusé son communiqué au ton dur, le secrétaire d’État américain était toujours en discussions avec le président russe, qui le recevait dans sa résidence d’été à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. Après Sotchi, M. Kerry doit participer mercredi à Antalya, en Turquie, à un sommet de l’OTAN.
Plus tôt dans la journée, le haut diplomate américain avait salué un échange « franc » avec son homologue russe sur son compte Twitter. Pour sa part, la diplomatie russe avait jugé « long et franc » l’entretien entre M. Kerry et Sergueï Lavrov.
Les deux ministres ont évoqué la crise en Ukraine, mais également le conflit syrien, toujours selon ce communiqué, qui n’a pas fait état de discussions sur la question du nucléaire iranien.
M. Kerry avait indiqué vouloir informer M. Lavrov de la teneur de sa conversation avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, alors qu’un accord définitif sur le programme nucléaire iranien doit être conclu avant le 30 juin.
« Il est important de conserver les lignes de communication entre les États-Unis et la Russie lorsque nous nous penchons sur des problématiques mondiales urgentes », a écrit M. Kerry sur sa page Twitter.
«Diplomatie de la patate»
Arrivé dans la matinée sur les bords de la mer Noire, M. Kerry, accompagné de M. Lavrov, avait d’abord déposé une gerbe de fleurs à un mémorial de soldats soviétiques tués lors de la Seconde Guerre mondiale.
Dans une ambiance décontractée, sous le soleil de Sotchi, M. Lavrov avait poursuivi la « diplomatie de la patate » en remettant à son homologue un carton de pommes de terre russes, un clin d’oeil à celui rempli de patates américaines que M. Kerry lui avait offert en janvier 2014.
Ce dernier a pour sa part offert à M. Lavrov une sélection de pages frontispices de la presse russe qui, selon lui, « ne reflètent pas le réel potentiel de la relation russo-américaine ».
Les relations entre la Russie et les États-Unis connaissent une crise sans précédent depuis la fin de la Guerre froide en raison de l’annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014 et du conflit entre séparatistes prorusses et les autorités de Kiev dans l’est de l’Ukraine.
Alors que Moscou dément soutenir militairement les rebelles, ce dont l’accusent les Occidentaux, des proches de l’opposant Boris Nemtsov ont présenté mardi un rapport basé sur une enquête qu’il avait menée avant son assassinat en février, prouvant selon eux que des soldats russes ont été envoyés massivement dans l’est de l’Ukraine dès août 2014 et que plus de 200 y ont été tués.
Visite positive
Après plus d’un an de tensions, les signes timides d’une possible détente entre les deux pays commencent à apparaître. « Nous pourrions beaucoup coopérer ensemble si nous trouvions un intérêt » commun, a affirmé le responsable du département d’État aux journalistes présents dans l’avion vers Sotchi.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a ainsi jugé mardi « extrêmement positive » la venue de John Kerry.
Ce dernier a affirmé avoir été « très, très clair » concernant une possible révision des sanctions économiques contre la Russie si « les accords de Minsk [du 12 février] sont pleinement appliqués » dans l’est de l’Ukraine, notamment à la frontière russo-ukrainienne.
« Mais nous avons aussi indiqué clairement que s’il y a de nouvelles violations, la pression sera plus forte », a-t-il précisé.
Cette rencontre intervient après la visite à Moscou de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a critiqué dimanche l’absence de progrès dans la crise ukrainienne, déplorant qu’« il n’y ait toujours pas de cessez-le-feu ».
Source: http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/439861/premiere-visite-de-kerry-en-russie-depuis-la-crise-urkainienne