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Guinée: Les résultats de la Consultation citoyenne sur le processus électotale

Lorsque le vote des citoyens cesse d’être un outil d’expression et un moyen d’influer efficacement et démocratiquement sur l’avenir politique d’un pays, alors la violence et le conflit deviennent des recours presque naturels pour les citoyens. Pour éviter le pire, il est d’une importance capitale de rétablir l’intégrité et la confiance en vers le processus électoral. Suite à l’échec du dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition qui s’est tenue du 18 Juin au 3 Juillet 2015 sous l’égide de l’envoyé spécial des Nations Unis, la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée (LDRG) a initié une démarche citoyenne s’inscrivant dans la cadre de la société civile indépendante guinéenne en vue de prévenir tout conflit politique et pour garantir le respect du suffrage des citoyens Guinéens dans la perspective des prochaines échéances électorales.

Cette initiative citoyenne a consisté, dans un premier temps, en la publication d’une réflexion indépendante sur l’état du processus électoral guinéen et sur la nature de la discorde profonde qui existe entre le pouvoir et l’opposition en Guinée. Cette réflexion publiée le 22 Juillet 2015 met en avant des propositions susceptibles, non seulement de rétablir la confiance envers le processus électoral guinéen, mais aussi et surtout, de garantir le respect du droit de vote et l’intégrité du suffrage des citoyens guinéens. Dans un second temps, de 24 au 27 Juillet 2015, une Consultation citoyenne fut mise en ligne pour inviter les citoyens Guinéens à se prononcer sur les propositions de solutions à la crise du processus électoral en Guinée. Cette consultation a consisté pour chacun des participants à donner son avis sur les 9 propositions de solutions mises en avant dans la réflexion indépendante publiée par la LDRG le 22 Juillet 2015. Nous vous livrons ici les résultats de cette consultation :

1-Dans les conditions actuelles, croyez-vous que votre doit de vote est garanti en Guinée? À cette première question, 36% des participants on répondu « OUI » contre 64% qui ont répondu « NON ». Cette première question illustre, non seulement la défiance des citoyens envers le processus électoral guinéen, mais aussi, le danger qui guette la Guinée. Une élection organisée dans ce contexte ne provoquera que contestation, violence, instabilité et conflit en Guinée.

2-Êtes-vous d'accord pour un report de 3 mois du calendrier électoral afin de permettre à la CENI de pouvoir organiser des élections fiables et crédibles? À cette deuxième question, 61% des participants ont répondu « OUI » contre 39% qui ont répondu « NON ». Cela démontre l’intérêt que les citoyens accordent à la tenue d’élections crédibles et transparentes en Guinée. En effet, la majeure partie des défaillances techniques de la commission électorale soulevées dans le rapport de la Mission d’observation de l’Union Européenne qui a supervisé les élections législatives de Septembre 2013 n’ont pas encore été bien corrigées. Les citoyens sont donc favorables à un report de 3 mois des élections uniquement pour permettre à la commission électorale de corriger ces défaillances.

3-Êtes-vous d'accord pour que la CENI inverse l'ordre de la tenue des élections (Les élections locales avant les élections présidentielles)? À cette question, 61% des participants ont répondu « OUI » contre 39% qui ont répondu « NON ». En effet, voilà plus de 7 années que les citoyens Guinéens n’ont pas connu de démocratie locale en Guinée. Les liens entre les citoyens à la base et leurs administrateurs sont rompus depuis la fin du mandat des élus locaux qui a expiré voilà 7 années. En étant majoritairement favorable à la tenue des élections locales avant les élections présidentielles, les citoyens expriment la primordialité de rétablir le lien qui les lie à leur administrateurs locaux avant la tenue des élections présidentielles.

4-Êtes-vous d'accord pour exclure les commissaires issus du Ministère de l'Administration du territoire de l'organe politique décisionnel de la CENI? À cette question, 75% des participants ont répondu « OUI » contre 25% qui ont répondu « NON ». En effet, le fonctionnement d’une CENI de type politique repose sur le principe de la « parité » de représentation entre le pouvoir et l’opposition au sein de l’organe décisionnel de la CENI. Dans leur rapport publié suite aux élections législatives de 2013, les Observateurs de l’Union Européenne soulignent le fait que la présence de commissaires issus du ministère de l’administration du territoire fausse ce principe de parité dans la mesure où les commissaires du ministère alignent toujours leur voix sur celles des commissaires nommées par le parti au pouvoir. Cela viole l’indépendance de la CENI, conduit à la déstabilisation de son fonctionnement, et la décrédibilise aux yeux des citoyens. En exprimant leur volonté de voir les commissaires du ministère de l’administration du territoire exclue de l’organe décisionnel de la CENI, les citoyens expriment leur attachement à l’indépendance de la CENI et au respect du principe de parité en son sein.

5-Êtes-vous d'accord pour que la PARITÉ soi rétablie au sein de la CENI avant les prochaines élections? À cette question, 71% des participants ont répondu « OUI » contre 29% qui ont répondu « NON ». En effet, suite aux élections législatives de 2013, le paysage politique s’est recomposé en Guinée. Ce ne sont plus tous les acteurs qui étaient de l’opposition qui le sont encore aujourd’hui. De même, ce ne sont plus tous les acteurs qui étaient de la coalition au pouvoir qui le sont encore aujourd’hui. Les citoyens jugent donc important de rétablir la parité au sein de l’organe décisionnel de la CENI en fonction de la nouvelle réalité politique, afin de favoriser un fonctionnement crédible de cette institution en charge de l’organisation des élections en Guinée.

6-Êtes-vous d'accord pour qu'un commissaire de la CENI qui change de camp politique durant son mandat démissionne de la CENI, et qu'il soit remplacé par un nouveau commissaire issu du camp politique auquel il appartenait? À cette question, 71% des participants ont répondu « OUI » contre 29% qui ont répondu « NON ». Cette question s’inscrit dans la logique de la précédente. D’ailleurs le rapport des expressions reste stable pour ces deux questions. Cela prouve que les citoyens considèrent ces changements intempestifs de camp politique comme un facteur de déstabilisation de la CENI.

7-Êtes-vous d'accord pour redéfinir la nouvelle cartographie électorale de la Guinée avant les prochaines élections? À cette question, 65% des participants ont répondu « OUI » contre 35% qui ont répondu « NON ». En effet, les observateurs de l’Union Européenne ont révélé dans leur rapport publié suite aux élections législatives de 2013 que, non seulement l’installation de nouveaux bureaux de vote n’obéit pas aux besoins exprimés par les démembrements de la CENI, mais de plus, les citoyens ne sont pas représentés de manière équitable. Certaines circonscriptions qui comptent 46 milles électeurs élisent le même nombre de députés que des circonscriptions qui comptent 437 milles électeurs. En répondant majoritairement en faveur de la redéfinition d’une nouvelle cartographie électorale avant les prochaines échéances électorales, les citoyens expriment la nécessité de rétablir ces équilibres importants pour faciliter l’expression du suffrage et favoriser une meilleure représentation démocratique.

8-Êtes-vous d'accord pour qu'il y ait, parallèlement à la remontée par papier, une centralisation des votes en ligne pour faciliter la traçabilité des bulletins? À cette question, 75% des participants ont répondu « OUI » contre 25% qui ont répondu « NON ». En effet, lors des élections législatives de 2013, après leur vote, les citoyens ont attendu trois semaines pour connaître les résultats provisoires issus des urnes. Ce délai viole les délais prescrits par la loi électorale et jette un discrédit total sur l’intégrité du vote des citoyens. Pour améliorer la transparence et le processus de centralisation des votes, une remontée en ligne des résultats vers les comités de centralisation pourrait être envisagée. Les citoyens y sont majoritairement favorables.

9-Êtes-vous d'accord pour qu'il y ait une Certification par l'ONU des résultats des prochaines élections afin d'éliminer le risque de contestation des résultats définitifs proclamés? À cette dernière question, 71% des participants ont répondu « OUI » contre 29% qui ont répondu « NON ». Ce résultat témoigne du manque de confiance des citoyens envers les institutions électorales en Guinée. En effet, confrontée à des recours biens documentés d’un camp comme de l’autre lors des élections législatives, la plus haute juridiction de la Guinée s’était jugée incompétente pour connaître de ces recours. De ce fait, pour éviter toute contestation des résultats des prochaines élections, le temps que la confiance envers les institutions revienne en Guinée, les citoyens sollicitent une Certification onusienne des résultats des prochaines élections. Ceci serait une garantie supplémentaire pour garantir l’intégrité du vote des citoyens et pour une stabilité politique post-électorale en Guinée.

Ce sont là les résultats de la Consultation citoyenne menée sur les réseaux sociaux du 24 au 27 Juillet 2015 par la LDRG. Les résultats de cette Consultation citoyenne prouvent que les citoyens guinéens se sentent concernés à plus d’un titre par la stabilité politique de leur pays, ainsi que par leur droit de vote et l’intégrité du processus électoral Guinéen.

Après les étapes de réflexion et de consultation citoyenne, la prochaine étape de cette initiative citoyenne en faveur de la stabilité politique et de l’intégrité du processus électoral consiste à rédiger et adresser un Mémorandum à l’ensemble des parties prenantes : l’opposition, la mouvance présidentielle et les acteurs internationaux historiquement impliqués dans la prévention et la gestion des conflits en Guinée (ONU, CEDEAO, OIF, France et USA).

La LDRG tient à remercier toutes celles et tous ceux qui ont pris part à cette Consultation citoyenne. Nous tenons à les inviter à ne jamais douter des petits gestes qu’ils accomplissent en compagnie de la LDRG. Ces petits gestes sont dix milles fois plus efficaces que de rester les bras croisés à ne rien faire face aux urgences de l’heure en Guinée. De plus, sans s’en rendre compte, ils sont entrain de participer au Changement de mentalité et de comportement que nous souhaitons tous voir en Guinée. Nous les encourageons à continuer leur engagement avec la LDRG car, au final, c’est la Guinée qui en sortira gagnante.

Mamadou Oury Diallo

Président de la LDRG

Tag(s) : #Politique-Guinée