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Guinée: Les populations de Sangoyah qui vivent aux abords des rails de la bauxite et près d'Enco5

Dans mon quartier, à Sangoyah (haute banlieue à Conakry), à quelques deux cents mètres de ma maison sur la colline de la transversale T4, il y a là, couché, les rails sur lesquels passe chaque jour les wagons de la bauxite extraite à Boké (kamsar, Sangarédi ou Fria) vers la port de Conakry. Ces wagons passent tôt le matin, vers 4h ou 5h du matin. Dans le grand silence du petit matin, tout le quartier ressent les vibrations et entend le bruit des wagons. Ces wagons passent sur ces rails chaque jour, sans cesse, depuis plusieurs décennies.

J'aimais souvent me rendre, en journée, chez des amis qui vivent tout près des rails. Leurs parents vivent là depuis plus de 40 ans. À cause du bruit matinal des wagons, le père de mon ami à fini par avoir des maux de têtes récurrents et des problèmes d'ouï très douloureux. Ça ce n'est qu'une famille. Je ne sais pas comment tout le voisinage auprès des rails vie ce bruit insupportable. Je ne sais vraiment pas.

Et il m'arrive de me demander, de temps en temps, est-ce que ces pauvres savent que sur chaque wagon qui passe sur ces rails, ils ont normalement leur part dans la richesse brut extraite à Boké? Est-ce qu'ils le savent vraiment? Est-ce qu'ils savent qu'ils méritent d'être indemnisé pour ces maladies subies et imposées? Est-ce qu'ils le savent vraiment?

C'est comme la grosse fumée de goudron qui se dégage des usines d'Enco 5 qui sont, justement, à quelques 400 mètres des rails sur la T4 à Sangoyah. Chaque matin, jusqu'à midi, en allant au lycée, en voiture, en taxi ou avec mes parents, j'observais cette grosse fumée épaisse qui s'abat sur les habitations aux alentours. Il y a même un petit marché local tout prêt. Alors, là aussi des interrogations m'envahissent. Est-ce qu'il n'est pas nécessaire de faire une investigation sur la santé des populations environnantes? Est-ce que cette fumée qui se dégage depuis plus de 20 ans ici n'a pas développée une maladie chez ces populations? Ces interrogations m'envahissent. Et je me demande aussi est-ce que ces populations savent qu'elles peuvent faire cesser cette intoxication? Est-ce qu'elles savent qu'elles ont droit de respirer de l'air pure? Est-ce qu'elles le savent vraiment?

Voilà, les ami(e)s, je voulais simplement partager avec vous ces doutes qui me font réfléchir et qui m'envahissent de temps en temps. Nous ne devons jamais cesser de développer notre empathie envers nos populations les moins averties et les moins conscientes de leurs droits. Cette empathie doit être un élément important dans toutes les décisions que nous devons prendre à tous les niveaux de responsabilités.

Mamadou Oury Diallo
Président de la
LDRG

Tag(s) : #Société-Guinée