Le développement commence au niveau des quartiers et des communautés rurales de développement (CRD). Il est impossible de parler de développement en supprimant la démocratie locale. C'est à ce niveau que les communautés locales définissent leurs besoins communs, conçoivent des plans pour satisfaire leurs besoins, et mobilisent des ressources pour la réalisation de leurs plans. La démocratie locale renforce les capacités des populations locales à planifier et à gérer leur propre développement. Quelques soient les contraintes, aucun acteur qui souhaite le progrès en Guinée ne militera pour la suppression de la démocratie locale.
Dans la politique de décentralisation figurant au sein la réforme de l'État proposée par la LDRG en 2012, les Quartiers et les CRD sont les unités politico-administratives du pays. Elles sont identifiées comme les entités les plus proches des populations à la base. Les Quartiers et CRD sont dotés de Conseils de Quartier ou de CRD.
Les Conseils de Quartiers et de CRD ne sont pas nommés ou imposés par des partis politiques. Tout au contraire, ces Conseils sont constitués de tous les citoyens qui résident dans le Quartier/CRD et qui sont âgés de 18 ans et plus. Le Conseil mobilise les résidents de la CRD ou du Quartier ; il identifie, discute et priorise les problèmes rencontrés dans la CRD ou dans le Quartier ; il prend des décisions pour le développement de la CRD ou du Quartier ; il surveille la mise en oeuvre des décisions, promeut un système de réconciliation, et il contrôle les prestations de services au niveau de la CRD ou du Quartier.
Le Conseil met en oeuvre ses décisions par l’intermédiaire d’un COMITÉ EXÉCUTIF qu'il élira et contrôlera. Le Conseil sera l’organe décisionnel au niveau de la CRD ou du Quartier et il exigera au Comité exécutif la responsabilité de la mise en oeuvre de ses décisions. Donc, ni le Conseil ni le Comité exécutif ne sont nommés ou imposés par les partis politiques.
Le Comité exécutif de la CRD ou du Quartier sera composé de 10 membres comme suit : un Président ; un Secrétaire ; un Secrétaire chargé du développement économique ; un Secrétaire chargé des Finances ; un Secrétaire chargé de la sécurité ; un Secrétaire chargé de l’éducation, de la culture et de la mobilisation de la communauté ; un Secrétaire chargé des affaires sanitaires et sociales ; un Secrétaire chargé de Genre et de la promotion des femmes ; un Secrétaire chargé de l’information ; et un Secrétaire chargé des affaires de la jeunesse.
Le Comité exécutif, une fois élu, exécutera les fonctions ci-dessous liées au développement de la communauté :
- l’administration au jour le jour de la CRD ou du Quartier;
- la mise en oeuvre des décisions prises par le Conseil ;
- la préparation de l’ordre du jour et des rapports pour les réunions du Conseil ;
- Conseiller les populations locales en matière de développement ;
- Identifier et prioriser les besoins de la communauté ;
- Mobiliser les partenaires locaux, la population et les ressources humaines, matérielles et financières pour des activités de développement de la CRD ou du Quartier ;
- Préparer et soumettre au Conseil des plans de développement pour la CRD ou du Quartier ;
- Soumettre à la Préfecture/Ville les besoins de la CRD ou du Quartier qui sont au-delà des capacités et des compétences de la CRD ou du Quartier ;
- Suivre et évaluer les activités de développement au sein de la CRD ou du Quartier ; et enfin
- Veiller à une reddition de comptes adéquate au Conseil vis-à-vis des ressources (financières et matérielles) de la CRD ou du Quartier.
Alors que les passions se déchaînent et que le débat est houleux entre pro-et-anti-accords politiques sur l'imposition des chefs de quartiers et de CRD en Guinée, il est utile de sortir du débat purement politicien pour éclairer les populations et rappeler, comme la LDRG vient de le faire ici, les principes qui doivent guider le fonctionnement de nos Quartiers et CRD. La politique politicienne n'a absolument rien à voire dans la démocratie locale. Elle est même nuisible à cette échelle de gouvernance. Envisager d'imposer des chefs de quartiers et de CRD est un terrible déni de démocratie qui est inacceptable.
Cependant, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Autant la LDRG s'oppose fermement à cette clause de l'accord politique du 12 Octobre 2016, autant nous invitons les populations à refuser son application, autant nous invitons les différentes parties prenantes à retourner à la table du dialogue pour avoir un dialogue beaucoup plus inclusif, respectueux des droits fondamentaux des citoyens, et en harmonie avec les aspirations démocratiques des populations guinéennes. La politique ne consiste pas simplement à se retrouver à huit-clos pour prendre des décisions qui avantagent un camp contre un autre. Il y a aussi l'intérêt général qui doit guider nos actions et nos décisions.
Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG