Dimanche 4 décembre, les Italiens ont massivement rejeté - 70% de participation environ - par référendum la réforme constitutionnelle voulue par le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. Celui-ci a reconnu la victoire «nette» du «non» au référendum et a annoncé qu'il présenterait sa démission au président de la République dès ce lundi.
Les Italiens ont décidé de s'exprimer largement pour rejeter la réforme constitutionnelle portée par le chef du gouvernement Matteo Renzi. Le taux de participation approcherait les 70%, un chiffre élevé pour un référendum, complexe qui plus est.
La proposition de réduction des pouvoirs du Sénat et des régions de Matteo Renzi n'a recueilli qu'à peine plus de 40%.
Il y a un an, Matteo Renzi avait promis qu'il partirait en cas d'échec de la consultation populaire. C'est donc logiquement que le Premier ministre, à la tête de l'exécutif depuis deux ans, a annoncé sa démission dans la foulée des résultats. Démission qu'il remettra lundi au président italien Sergio Mattarella, après avoir réuni une dernière fois son gouvernement. « Mon expérience de chef de gouvernement s'arrête là », a-t-il déclaré lors d'une allocution en direct à la télévision.
Une large majorité de la classe politique, de la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Etoiles ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des « frondeurs » du Parti démocrate de Matteo Renzi, avait appelé à voter « non », en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.
L'issue de ce référendum ouvre une nouvelle période d'incertitude politique en Italie qui risque de déstabiliser le secteur bancaire déjà fragile du pays. Conséquence immédiate : l'euro s'est nettement affaibli face au dollar dimanche soir.
« La mère de toutes les réformes »
Alors qu'il venait de fêter ses mille jours à la tête du gouvernement italien, Matteo Renzi a donc vécu ce dimanche 4 décembre une terrible désillusion. Les électeurs italiens ont rejeté en nombre son projet de réforme constitutionnel qu'il avait tant défendu. Pour cause, le président du Conseil est peut-être allé trop vite en lançant des réformes courageuses : d’abord celle du marché du travail, puis celle de l’union civile pour les couples homosexuels, et enfin la réforme constitutionnelle. Celle qu'il appelait « la mère de toutes les réformes ».
Résultat, Matteo Renzi a épuisé ses forces et ses soutiens, divisé son parti et son pays. La campagne a été violente, notamment avec Beppe Grillo, qui a créé en 2009 le Mouvement 5 étoiles, qui a conquis les mairies de Rome et de Turin et qui talonne le Parti démocrate dans les sondages.
Traité de « dictateur », de « serial killer » ou de « truie blessé » par Beppe Grillo et ses proches, Matteo Renzi s’est battu jusqu’à la fin pour défendre cette réforme mal ficelée pour les uns, et fascisante pour les autres.
Dans un communiqué, François Hollande a pris acte « avec respect » de la décision de Matteo Renzi. Le chef de l'Etat français « souhaite que l'Italie trouvera en elle-même les ressorts pour surmonter cette situation ».
« Je suis heureuse parce que la Constitution, c'est sacré »
« Le résultat est non ! C'est vrai ? Je suis heureuse parce que la Constitution, c'est sacré, et si on veut la modifier il ne faut pas le faire de cette façon, mais avec pondération et seulement avec un compromis entre tous les partis », estime cette femme qui prenait tranquillement un verre sur la place Navonne.
Surpris et heureux, les Romains qui ont voté « non » à la réforme, rapporte notre envoyée spéciale à Rome, Béatrice Leveillé. Devant le Parlement, Fabio Rampelli, député des Fratelli d'Italia, un parti d'extrême droite, fête la victoire du non avec ses collègues. « Finalement, l'Italie pourra avoir un chef de gouvernement élu comme dans toutes les démocraties occidentales, se réjouit-il. On espère aller aux élections le plus tôt possible parce c'est le troisième président du Conseil qui n'est pas élu directement par le peuple. »
Matteo Renzi doit remettre sa démission au président de la République, mais pour organiser des élections il faudra un nouveau gouvernement qui mette en place une nouvelle loi électorale.
Source: http://www.rfi.fr/europe/20161204-italie-lourde-defaite-matteo-renzi-referendum-constitutionnel