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Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Il arrive des moments où une exigence de clarté et de clarification s’impose à chacun. En de tels moments il est important pour chaque citoyen de vérifier la cohérence des différents acteurs qui souhaitent gouverner le pays. Il est aussi utile de rappeler que la cohérence est un indicateur de Vérité et de Conviction qu’on ne retrouve que chez des acteurs ayant une Vision concrète pour leur pays.

Au cours des dernières années, notamment depuis l’ouverture de la transition en 2008, la Guinée a connu plusieurs épisodes politiques caractérisés par des débats qui n’ont rien à voir avec les véritables enjeux sociaux, économiques et démocratiques auxquels sont confrontés les populations. Il s’agit de débats très souvent imposés par la classe politique seulement à des fins électorales. Ainsi, à la fin de l’année 2008, suite au décès du Général Lansana Conté, toute la classe politique guinéenne avait applaudit le coup d’État militaire et placé sa confiance sur la junte militaire putschiste pour conduire la transition. Par ma voix, la LDRG était alors le seul Mouvement à s’opposer au coup d’État militaire, à avertir sur les dangers d’une transition militaire, et à proposer de s’en remettre à la feuille de route des Concertations nationales de mars 2006 qui avaient prévu une transition civile consensuelle, apaisée et raisonnable. Bien entendu, vu que la voix de la LDRG était à peine audible en 2008, donc notre position n’a pas été pris en compte. Il a fallu les répressions militaires de Septembre 2009 ayant provoqué des crimes contre l’humanité dans un stade à Conakry pour que la classe politique guinéenne revienne à la raison afin d’exiger une transition civile ordonnée.

Un nouvel épisode politique débuta alors avec la mise en place des institutions de la transition, notamment le Conseil National de la Transition, dont l’une des missions était de réviser la constitution avant la tenue des élections présidentielles. Dans ce processus de révision constitutionnel, alors que par ma voix la LDRG réclamait un processus ouvert favorisant la participation des citoyens afin d’aboutir à une Constitution qui, non seulement reflète les aspirations démocratiques d’une population qui croupissait depuis 25 années sous la chape de plomb d’un régime militaire brutale, mais de plus, qui nous éviterait de répéter les mêmes erreurs du passé; alors que la LDRG était sur cette position, et malgré les 208 km de marche pénible que j’ai effectué, malgré les 34 rudes journées de jeûne que j’ai consenti, et malgré les 1459 signataires à ce jour de la pétition pour la Nouvelle République que j’ai récolté pour appeler les acteurs politiques guinéens au bon sens, malgré tout cela, l’écrasante majorité de la classe politique guinéenne a préféré maintenir le même système oppressif en rédigeant à huit-clos, et en faisant décréter par un général d’armée putschiste, une constitution qui donne à nouveau tous les pouvoirs aux gouvernants sans aucun véritable contre-pouvoir.

Mes chers compatriotes,

Tout être humain commet des erreurs, mais ne pas reconnaître ses erreurs et répéter encore les mêmes erreurs devient de la bêtise. Depuis les élections présidentielles de 2010 qui se sont terminées dans une intense violence en Guinée, voilà près de dix années qu’ils n’ont pas encore reconnu leurs erreurs. Pourtant, ce sont ces erreurs commises durant la transition qui ont condamné à nouveau notre nation dans la misère, la pauvreté, l’oppression, la corruption, la division et cette instabilité politique permanente que nous connaissons aujourd’hui.

Aujourd’hui, les uns croient qu’ils ne quitteront jamais le pouvoir, et les autres croient qu’ils auront naturellement bientôt le pouvoir. Voilà donc que se dessine un nouvel épisode politique en Guinée où on cherche à nous imposer un débat vide de sens : c’est la question du 3ème mandat. Ils veulent nous contraindre à deux choix : être pour ou contre le 3ème mandat. Entre ces deux choix, ils ne veulent laisser aucune place à un débat libre et raisonné.   

Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Face à ce nœud gordien, il est donc nécessaire pour tout acteur de clarifier sa position et de réaffirmer ses convictions. Tout d’abord, pour nous au sein de la LDRG, en vertu des sacrifices que nous avons consentis et de la lutte que nous menons depuis une décennie pour l’avènement d’une Guinée moderne, juste, équitable et sans abus de pouvoir; vous aurez compris, dans ce débat, la première priorité pour nous n’est pas la question du 3ème mandat.

  1. La première priorité pour nous est et reste la tenue d’une grande Concertation nationale en vue de procéder, entre autres, à une révision constitutionnelle ouverte et participative de manière à intégrer les 10 propositions de la pétition pour la Nouvelle République au sein de notre Constitution. Je ne cesserais jamais de rappeler que, non seulement cette pétition compte aujourd’hui 1459 signataires issus de toutes les sensibilités politiques et ethniques de notre nation, mais de plus, elle est accompagnée de 208 km de marche pénible et de 34 rudes journées de jeûne.
  2. La deuxième priorité pour nous consiste en la tenue d’un Référendum populaire pour approuver par le seul habileté à le faire, le Peuple de Guinée, la Nouvelle Constitution légitime de la nation.
  3. La troisième priorité consiste à meubler de manière consensuelle les différentes institutions indépendantes issues de la nouvelle Constitution, et à consacrer les nouvelles forces armées comme « gardiennes en dernier recours » des clauses inamovibles de la nouvelle Constitution.
  4. La quatrième et dernière priorité est enfin la tenue d’élections crédibles et transparentes pour transférer légitimement le pouvoir de gouverner aux nouveaux élus dans le cadre de la nouvelle Constitution.

Mesdames et messieurs,

Voilà la Cohérence de notre engagement depuis les 10 dernières années. Aujourd’hui encore, comme aux premières heures de la transition en 2008, du haut de mes 208 km de marche pénible et de mes 34 rudes journées de jeûne, j’ai la farouche conviction que c’est seulement en dotant notre pays d’institutions fortes qui mettront un frein aux abus de pouvoir et qui nous empêcherons de répéter les mêmes erreurs du passé, c’est seulement ainsi que nous verrons le bout du tunnel.

Mes très chers compatriotes,

Vous aurez certainement compris, dans ce débat, mon objectif n’est pas de douter de la sincérité ou du sacrifice consenti de bonne foi par certains acteurs politiques. Mon objectif n’est pas non plus d’avoir à nouveau raison sur tout monde. Cela ne sert absolument à rien car nous perdons du temps, et les problèmes socioéconomiques auxquels nous sommes confrontés deviennent de plus en plus complexes. Mon objectif dans ce débat est qu’on ait enfin tous raison ensemble afin qu’on fasse les choses comme il se doit pour remettre notre pays sur le chemin de la stabilité politique, de la bonne gouvernance, et d’un développement socioéconomique bénéfique à l’ensemble de la nation.

Voilà pourquoi je vais à nouveau faire ce que j’ai déjà fait par le passé sans aucun succès. Je vais quand même le refaire encore une fois car « la conviction et l’abnégation sont sœurs ». Aujourd’hui donc, au nom de la LDRG :

  • Je tends une main franche à l’ensemble des acteurs de la vie politique et sociale guinéenne qui estiment que nos convictions, notre sacrifice et nos propositions sont légitimes et méritent d’être pris en compte dans toutes les plateformes de changement en Guinée.
  • Je vous tends la main par devoir de responsabilité face à une situation inquiétante pour notre nation.
  • Je vous tends la main parce que le défi est ci-immense que nous ne pouvons pas nous permettre d’avancer en rang dispersé.
  • Je vous tends la main non pas pour avoir un 3ème mandat ou pour empêcher un 3ème mandat, mais plutôt pour qu’on n’ait plus à l’avenir à se préoccuper des velléités d’un 3ème mandat car nous aurons des institutions ci-fortes qu’elles dissuaderaient n’importe quel aventurier.
  • Je vous tends enfin la main afin qu’on s’organise de manière efficace pour faire entrer la Guinée dans une nouvelle ère démocratique.

Il est vrai que je viens à nouveau de tendre une main franche, mais mon Mouvement avance et je suis convaincu que nous sommes beaucoup mieux préparés aujourd’hui que nous ne l’étions en décembre 2008 pour faire face à n’importe quel situation politique en Guinée. Mon Mouvement s’implante aujourd’hui sur l’ensemble du territoire national avec la seule intention de jouer pleinement notre rôle et de prendre pleinement notre place dans les changements qui s’annoncent en Guinée.

Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Récolter 1459 signataires, effectuer 208 km de marche pénible, et consentir 34 rudes journées de jeûne ne font pas de moi un extra-terrestre. Je suis comme chacun d’entre vous, un simple patriote qui aime son pays. Je ne fais que payer ma part du prix à payer pour changer le cours de l’histoire en Guinée. Je suis prêt à en faire encore beaucoup plus. Rassurez-vous, je ne vous demande pas de faire comme moi ou autant que moi. Faites-le comme vous le voulez et autant que vous le voulez. Mais il est temps pour chacun de faire sa part.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Mamadou Oury Diallo

Président de la LDRG

Tag(s) : #Politique-Guinée, #Société-Guinée, #Guinée, #Afrique de l'Ouest