
À chaque fois que les tensions commencent à grimper à propos de la révision constitutionnelle en Guinée, il est extrêmement important de rappeler quelques vérités à propos de cette constitution:
1-D'où vient cette constitution? Cette constitution a été rédigé au cours de la période de transition que nous avons connu de 2008 à 2010 en Guinée.
2-Qui a rédigé cette constitution? Cette constitution a été rédigé à huis-clos par un organe issu des accords de Ouagadougou de Janvier 2010. L'organe s'appelle le Conseil Nationale de la Transition (CNT).
3-Comment s'est constitué le CNT? L'ensemble des membres de l'organe furent désignés de manière arbitraire, en majorité, par les partis politiques. Donc, le CNT n'a aucune légitimité vis-à-vis des populations guinéennes car ces membres ne sont pas des acteurs élus par le peuple.
4-Qu'est-ce qui a changé avec la constitution rédigée par le CNT? Malgré le lourd passé de la Guinée en matière de mauvaise gouvernance, de corruption, d'abus de pouvoir et d'impunité, le seul changement notoire que les membres du CNT ont apporté dans la constitution est la réduction à 5 ans et la limitation du mandat du président de la république à deux mandats.
5-Comment cette constitution a-t-elle été promulgué? En plus du fait que les membres du CNT ne représentaient pas le peuple car ils étaient désignés par les partis politiques; en plus du fait que ces membres du CNT aient rédigé la constitution à huis-clos (aucun citoyen ne savait ce qu'ils étaient entrain de faire avec la loi fondamentale du pays); en plus de tout cela, le CNT a proposé au président de la transition, un général d'armé putschiste (qui est encore moins légitime que le CNT) de décréter contre le peuple la constitution alors même qu'aucun citoyen ne savait de quoi avait l'air la loi fondamentale du pays.
Conclusion: Voilà en 5 questions l'historique et la vérité sur la constitution actuelle de la Guinée.
**Sur la forme: elle n'est pas légitime car elle a été rédigé à huis-clos par un organe illégitime (CNT) et elle a été promulgué par décret par un acteur illégitime (général d'armée putschiste). Donc, la véritable vérité est que cette constitution n'est pas légitime. Ceci est extrêmement grave et explique pourquoi n'importe qui peut violer cette constitution sans conséquence. La première souveraineté d'un peuple libre s'exprime par l'appropriation de sa propre Constitution.
**Sur le fond: elle n'apporte aucun progrès en matière démocratique et de bonne gouvernance. Elle n'apporte aucune stabilité politique. Et les vieilles habitudes continues: corruption, impunité et abus de pouvoir.
Au final, l'incohérence de cette constitution fait que, depuis qu'elle a été décrété, les premiers à la violer sont les acteurs politiques guinéens eux-mêmes. Le pays est gouverné par des accords politiques qui sont plus forts que la constitution. Cela n'est possible qu'en Guinée.
C'est pour toutes ces raisons que depuis la période de transition, voilà plus de 10 années que nous, au sein de la LDRG, non seulement nous refusons de reconnaître cette constitution, mais de plus, nous réclamons continuellement une Nouvelle République contenant des garde-fous suffisamment forts pour mettre un terme aux abus de pouvoir, pour garantir la bonne gouvernance, et pour contraindre les acteurs politiques à faire de la politique de manière responsable et utile à la nation. La Pétition que nous portons à ce sujet compte aujourd'hui 1503 signataires issus de toutes les sensibilités de notre nation. Cette pétition est accompagnée de 208 km de marche dans le cadre du Marathon pour la Nouvelle République. Elle est aussi accompagnée de 35 rudes journées de jeûne pour la Nouvelle République. Il est donc très facile de comprendre pourquoi, contrairement à la majorité des acteurs politiques qui ont sponsorisé l'actuelle constitution illégitime et incohérente, nous, au sein de la LDRG, la première priorité de notre agenda politique n'est pas la tenue des élections: mais plutôt l'ouverture d'un processus de révision constitutionnelle sanctionné par un Référendum populaire.
Il est extrêmement important de doter notre pays d'institutions modernes, fortes et légitimes avant de chercher à savoir qui va être président. Si nous voulons vraiment que notre pays avance, il faut commencer à faire les choses comme il se doit. La vieille classe politique guinéenne ne souhaite pas que ça change. Ils ne cherchent qu'à accéder au pouvoir avec le système institutionnel laxiste qu'ils ont fabriqué afin de continuer éternellement à se recycler au pouvoir dans l'impunité, la corruption, et la mauvaise gouvernance. Cela doit immédiatement s'arrêter ! La LDRG soutient toute initiative de révision constitutionnelle ouverte, participative et sanctionnée par un Référendum populaire. Nous soutenons une telle initiative n'importe quand et d'où qu'elle vienne.
Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG