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Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
Tout d’abord, suite au décès de maître Kéléfa Sall, je tiens à adresser ici mes sincères condoléances à sa famille, ses proches, aux magistrats du pays et à l’ensemble de la nation. Maître Kéléfa Sall était un magistrat très professionnel et un homme de principes. Tout le monde est d’accord pour reconnaître qu’il a quitté ses fonctions de Président de la Cour constitutionnelle en Guinée d’une manière peu honorable eut égard son rang. Aujourd’hui Maître Kéléfa Sall nous a quitté. C’est une énorme perte pour la nation. Que son âme repose en paix.

Mesdames et messieurs,
Comme à chaque fois lorsque c’est nécessaire, je prends la parole aujourd’hui parce que la situation politique en Guinée ne cesse de se dégrader de jours en jours. Alors que toute la nation devrait être aujourd’hui rassemblée autour d’un projet qui dépasse chacun d’entre-nous, à savoir la Réforme Constitutionnelle qui doit nous permettre, le temps d’un processus référendaire, de réfléchir ensemble sur la manière dont nous voulons vivre ensemble et être gouverné; tout au contraire, nous assistons à ce qu’il y a de plus détestable en politique : le mensonge, les arguments subjectifs, les injures et les invectives, et le faussé ne cesse de se creuser entre pro et anti-réforme constitutionnelle dans notre pays. À cette allure, il est évident que le pire est à craindre. 

Le pire est à craindre car le seule projet des pro et des anti-réforme constitutionnelle semble être la violence. Pour les « antis », la violence pour arrêter le processus de réforme constitutionnelle; et pour les « pro », la violence pour faire passer la réforme constitutionnelle. Pourtant, la violence appelle la violence avec son lot de morts innocents, de blessés graves, de vies brisées, de dégâts matériels, et de conséquences socioéconomiques. Au cours des dix dernières années, nous avons déjà connu en Guinée ce cercle vicieux qui n’honore que les bouchers, les orgueilleux, les prétentieux et les extrémistes.

Mes très chers compatriotes,
Face à cette situation alarmante, la solution existe et ce n’est certainement pas la violence. L’unique solution, c’est le dialogue entre guinéens pour lever les incompréhensions, clarifier les intentions du processus de réforme constitutionnelle, et donner des gages à toutes les parties prenantes au dialogue. Même s’il advient que la violence prenne le dessus, après des centaines de morts innocents et de blessés graves, nous savons tous qu’au final l’affaire se règlera par le dialogue. Alors pourquoi ne pas épargner des innocentes vies et aller dès maintenant au dialogue? Pourquoi? Pourquoi faut-il que le sang humain verse à nouveau?

Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
La responsabilité de tout bon guinéen aujourd’hui est de promouvoir le dialogue pour, encore une fois, lever les incompréhensions, clarifier les intentions du processus de réforme constitutionnelle, et donner des gages à l’ensemble des parties prenantes. 

Pour ma part, ceux qui me suivent, mon Mouvement et moi, savent qu’au cours des dix dernières années :
•    je n’ai jamais cessé de dénoncer la constitution rédigée à huis-clos et décrétée le 13 mai 2010 contre nous, nous le peuple de Guinée, par un général d’armée putschiste accusé de crimes contre l’humanité. 
•    J’ai n’ai jamais cessé de dénoncer le manque de légitimité et le contenu de cette constitution qui n’est aucunement de nature à impulser le progrès démocratique et socioéconomique dont notre pays a besoin. Depuis qu’elle a été décrété, j’ai notamment organisé 9 campagnes annuelles le 13 mai de chaque année pour dénoncer cette constitution et réclamer son abolition. 

Ceux qui m’ont suivi au cours des 10 dernières années savent également que je ne me suis pas contenté de dénoncer car j’ai aussi lutté par mon corps et par mon âme : 
•    j’ai notamment effectué 208 km de marche pénible et j’ai consenti 35 rudes journées de jeûne pour attirer l’attention de l’ensemble des acteurs de notre pays sur le fait que nous refusons de nous soumettre à ces lois illégitimes et réclamons une Nouvelle Constitution à la hauteur des aspirations démocratiques de notre génération. 
Et ce n’est pas tout! Ceux qui m’ont suivi au cours des 10 dernières années savent également que :
•    Non seulement mon Mouvement a produit un projet de nouvelle constitution qui incarne la vision que nous portons sur la gouvernance et l’organisation des pouvoirs pour notre pays, mais de plus, depuis la période de transition nous avons mis en ligne une Pétition pour réclamer l’ouverture d’une consultation nationale inclusive en Guinée en faveur d’une bonne réforme constitutionnelle. Au moment où nous parlons, cette pétition compte 1532 signataires issus de toutes les sensibilités politiques et ethniques de notre nation. 

Ceux qui m’ont suivi au cours des 10 dernières savent tout cela. C’est celle-là la vérité. Et si aujourd’hui certains acteurs préfèrent nier et faire obstruction à cette vérité, ce n’est pas avec moi qu’ils ont des problèmes, mais plutôt avec la vérité. Mais il est connu que la vérité fini toujours par triompher.

Mes très chers compatriotes,
Après plus de 10 années de lutte personnelle dans un contexte de silence totale imposé sur le sujet, je dois vous avouer aujourd’hui, malgré le contexte de tension qui prévaut, à quel point je suis extrêmement satisfait de l’évolution du débat sur la réforme constitutionnelle dans notre pays. Les citoyens commencent à se saisir du sujet. Les intellectuels éclaircissent les concepts. Et les politiciens prennent position. Nous devons donc à présent nous rassurer que le processus aille à son terme sans être salie par la violence et le sang des innocents. Le processus doit aller à son terme car la vérité est que, effectivement, il est à la fois primordiale et absolument nécessaire de doter notre pays d’institutions fortes, légitimes et indépendantes capables de mettre un terme aux abus de pouvoir et contraindre les acteurs politiques à faire de la politique de manière utile à notre nation. Si vous vous demandiez aujourd’hui où se trouve l’intérêt de la nation dans ce débat, je vous confirme que c’est bien là qu’il se trouve. C’est cela la vérité. Et pour éviter que ce processus ne déraille, nous devons tous appeler au dialogue. Encore une fois, appeler au dialogue pour non seulement épargner les innocentes vies humaines car au final c’est encore par le dialogue que l’affaire va se régler, mais aussi, pour lever les incompréhensions, clarifier les intentions du processus de réforme constitutionnelle, et donner des gages à l’ensemble des parties prenantes. 

Afin que ce dialogue ait lieu, non seulement les citoyens que nous sommes devons réclamer ce dialogue, mais surtout, les principaux acteurs politiques doivent trouver la force intérieure de refuser la tentation à la violence, entendre les appels au dialogue et agir dans ce sens. Le dialogue n’est pas de la faiblesse. C’est la violence qui est la facilité et la faiblesse. Le dialogue est fait pour les hommes forts. Je demande donc solennellement au Président de la République, Mr Alpha Condé, à prendre l’initiative d’un dialogue et d’une consultation nationale inclusive sur le Projet de Réforme Constitutionnelle en Guinée. De la même manière, j’invite les « anti-réforme constitutionnelle » à cesser toute obstruction à la vérité pour privilégier le dialogue objectif et constructif. Ce n’est pas seulement lorsqu’on est au pouvoir que l’on peut accomplir des œuvres. La réforme constitutionnelle est l’une de ces œuvres où pouvoir et opposition ont des rôles complémentaires très importants. Peu importe qui accomplie la réforme constitutionnelle, pourvue qu’elle soit accomplie dans l’intérêt de l’ensemble de la nation. Finalement, j’invite tous ceux et toutes celles qui peuvent jouer les bons offices pour faciliter la décision des uns et des autres en faveurs d’un dialogue national de se mettre en œuvre. Nous ne devons jamais nous lasser de préserver la paix et d’épargner des vies humaines innocentes. Jamais!

Je vous remercie de votre aimable attention.

Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG

Tag(s) : #Africa, #Afrique, #Guinée, #Politique-Guinée