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Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Ce qui est formidable avec notre nation, c’est notre capacité à surmonter les crises les plus improbables sans pour autant rompre le fil de notre unité. Il faut vraiment avoir cette capacité à prendre de la hauteur et de la distance pour s’apercevoir à quel point notre nation a subi de terribles chocs depuis les indépendances. D’abord, notre ci-douloureuse indépendance dont nous payons encore aujourd’hui le prix. Puis, la tyrannie de l’époque de la révolution qui a décimé tous les esprits brillants de notre nation. Ensuite, le régime militaire et ses corollaires; notamment l’agression armée à nos frontières en l’an 2000, les évènements de Juin 2006 et janvier/février 2007, et la transition militaire douloureuse de 2008 avec ses crimes contre l’humanité. Finalement, l’épidémie d’Ébola et aujourd’hui la pandémie mondiale de la COVID-19 contre laquelle la bataille est loin d’être terminée. Toutes ces crises ont frappé notre nation dans un contexte de disparition progressive de l’État. C’est comme si nous sommes individuellement abandonnés à nous-mêmes face à ces énormes crises qui nous frappe de plein fouet. Mais malgré tout notre nation a toujours su, par la grâce de Dieu, résister et surmonter une à une ces crises sans jamais rompre véritablement le fil de notre unité. Nous sommes incontestablement une nation très résiliente et, ensemble, nous comprenons bien que l’Unité et la Paix en Guinée n’ont aucun prix.

Guinéennes et guinéens,

Nous vivons un moment de vérité. Il est donc très important qu’on s’entende sur un certain nombre de vérités. Commençons par dire et reconnaître que « l’Unité et la Paix dont nous parlons aujourd’hui en Guinée deviennent de plus en plus une unité de façade et une paix extrêmement précaire » :

  • Une unité de façade parce que, depuis 2010, Alpha Condé ne s’est attelé qu’à instaurer dans notre pays un régime ethno-fasciste qui se nourrit de la corruption et qui se caractérise par la division et la haine ethnique, ainsi que l’ethnicisation et l’accaparement de l’appareil de l’État;
  • Une paix précaire parce que, non seulement des populations vivant une extrême misère ne peuvent pas connaître la paix, mais de plus, comme en guerre civile, le régime ethno-fasciste d’Alpha Condé se dresse contre des communautés ethniques spécifiques de notre nation et ne cesse de faire couler le sang des innocents dans une totale impunité.

Mes très chers compatriotes,

Le minimum que chacun de nous puisse faire aujourd’hui est d’abord de reconnaître cette vérité. Nous avons en face de nous un régime ethno-fasciste qui pille nos ressources, qui divise notre nation, qui massacre impunément des communautés ethniques spécifiques, qui ne respecte aucune règle démocratique, et qui use de la violence pour confisquer pouvoir. Je sais aussi très bien qu’il y a quelques individus parmi nous qui ne cessent de minimiser l’ampleur des crimes humains et économiques que sont en train de commettre Alpha Condé et son régime ethno-fasciste. Mais ceux-là aussi nous les connaissons : c’est soit parce qu’ils ne pensent qu’à leur propre intérêt, soit parce qu’ils sont animés par la haine ethnique. Mais, aujourd’hui, tout Guinéen comme moi qui aime la Guinée et qui a à cœur l’intérêt général de notre nation est très fortement préoccupé par l’état de l’unité et de la paix dans notre pays.

Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Notre nation a besoin de paix et d’un moment de réconciliation afin de rétablir la confiance entre nos communautés et de soigner notre unité. La vision qui consiste à croire qu’il est possible de continuer à gouverner en excluant et réprimant des catégories spécifiques de notre nation, cette vision-là est une folie. C’est seulement dans la confiance mutuelle et l’unité que nous pourrons continuer sereinement notre marche en avant vers un progrès social, économique et démocratique inclusif. Et j’insiste bien sur le terme « inclusif », car à mes yeux il n’y a de progrès que dans l’inclusion. Autrement, ce que certains appellent progrès devient cauchemar pour les autres. Donc tout ce que nous voulons faire de bien pour notre nation dans son ensemble, doit se faire dans l’inclusion.

À l’échelle d’un pays et d’une nation, l’inclusion ce n’est pas la cooptation et la nomination de quelques cadres véreux de noms de famille différents. Ces dernières décennies c’est à cela que nous avons assisté en Guinée. À chaque fois que le régime précédent était en difficulté, on nous sortait un gouvernement dit d’union nationale regroupant autour de la table du conseil des ministres des acteurs de noms de famille différents alors que le système dictatorial reste le même. Au bout de quelques mois, les populations se rendent finalement compte que rien ne change. Avec le régime ethno-fasciste de Alpha Condé, c’est la même chose. De temps en temps on nomme des cadres véreux de noms de famille différents qui se joignent au pillage de nos ressources. Mais entre-temps on continue quand même à tuer les populations dans l’impunité la plus totale.

La véritable inclusion doit se manifester par un système qui associe toutes les communautés de notre nation au processus de prise de décision et de gouvernance. Cela suppose de prendre très au sérieux la gestion des collectivités locales, notamment les CRD, les Quartiers, et les Communes urbaines. Il faut donner les moyens à ces collectivités de fonctionner efficacement sous le regard des populations locales. Ensuite, au niveau des régions, l’inclusion signifie de cesser de nommer les gouverneurs des régions à partir de Conakry. Il faut non seulement rendre aux populations locales le pouvoir d’élire leur gouverneur, mais de plus, il faut transférer des pouvoirs et des ressources au niveau des régions afin que les populations locales soient au contrôle des décisions qui impactent directement leur quotidien. Au niveau central, l’inclusion signifie d’abord d’éliminer les milices ethniques et de doter notre pays de véritables services de polices et d’une véritable armée nationale à travers un processus de démobilisation, de formation et de redéploiement. Au niveau central, l’inclusion signifie également de dés-ethniciser l’administration publique en misant sur la compétence et l’équilibre ethnique au sein de chaque département. Au niveau central, l’inclusion signifie aussi de créer une seconde chambre au sein de l’Assemblée nationale qui représentera équitablement les différentes régions administratives du pays. Le rôle de cette seconde chambre sera, non seulement d’approuver les nominations des magistrats du Conseil Constitutionnel, du Chef d’État-major général des armées, et du Gouverneur de la Banque centrale, mais aussi, de revoir en deuxième lecture les projets de lois référendaires et organiques touchant le processus électoral, l’exploitation des ressources naturelles, et les traités internationaux. Finalement, au niveau central, l’inclusion signifie que le poste de Premier ministre et 60% des portefeuilles ministériels reviennent constitutionnellement au parti majoritaire au Parlement; de même, les 40% des portefeuilles ministériels reviennent proportionnellement et constitutionnellement à tous les partis politiques de l’opposition représentés au Parlement. Avec ce schéma, nous aurons effectivement un Gouvernement du peuple qui travail pour le peuple.

Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Du niveau locale jusqu’au niveau central en passant par les régions, voilà un peu à quoi ressemble un État, un régime et un système de gouvernance inclusif. Depuis 2008, ceux qui me suivent le savent, personnellement, je n’ai jamais cessé de le prêcher. Sur ce chemin de croix, j’ai consenti à ce jour 38 rudes journées de jeûne, 208 km de marche pénible, et j’ai récolté 1618 signataires. Je vous le dit encore en toute sincérité : seul un régime inclusif de ce genre peut permettre à notre nation de progresser durablement dans la paix, la sérénité et la solidarité. Ce régime et cet État inclusifs ne peuvent cependant pas être imposé du jour au lendemain en Guinée. Ça ne marchera jamais ainsi. Tout au contraire, il doit résulter d’un processus de réconciliation nationale qui nous permettra d’abord de rétablir la confiance entre nos communautés et de soigner notre unité nationale ci-méchamment malmenée par Alpha Condé.

Le concept de réconciliation nationale a également été trop longtemps galvaudé dans notre pays. Oppresseurs et opprimés ont chacun leur propre compréhension de la réconciliation nationale. Pour les uns c’est le pardon et pour les autres c’est la justice. Une chose est cependant certaine, Alpha Condé et son régime ethno-fasciste ne sont prêts ni pour le pardon ni pour la justice : ils sont plutôt prêts à continuer à diviser notre nation, à massacrer impunément des communautés ethniques spécifiques, à ne respecter aucune règle démocratique, à exclure, et à confisquer le pouvoir par la violence. Il est désormais évident qu’entre notre nation et la réconciliation indispensable pour bâtir un nouvel État inclusif en Guinée, se dresse Alpha Condé et son régime ethno-fasciste. En dépit de toutes les voix nationales et internationales qui se sont élevées pour l’en dissuader, le 22 mars, Alpha Condé a malgré tout choisi de confisquer dans un violent bain de sang la souveraineté de notre nation en voulant nous imposer une constitution et des institutions que nous n’avons pas choisi. Aujourd’hui, à un âge de près de 90 ans, en croyant avoir éliminé toute opposition, et en s’appuyant sur ses milices armées, Alpha Condé est prêt pour une présidence à vie en Guinée.

Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

La question est toute simple : que nous reste-t-il à faire en tant que nation pour recouvrir notre souveraineté, soigner notre unité à travers la réconciliation, et bâtir ce nouvel État inclusif qui nous permettra de reprendre notre marche en avant vers le progrès social, économique et démocratique auquel nous aspirons ci-chèrement? Que nous reste-t-il à faire? Dans ce débat-là, trois chemins se présentent à vous :

  • Celui de la résistance armée prônée par les plus extrémistes : ce chemin n’est naturellement pas le mien car, comme le disait ci-bien le Mahatma Gandhi, « s’il y a une cause pour laquelle je suis prêt à sacrifier ma vie, il n’y a aucune cause pour laquelle je suis prêt à tuer ». Cependant, cela ne veut pas non plus dire que nous allons rester les bras croisés à observer Alpha Condé et sa milice continuer à massacrer notre peuple. La légitime défense est un droit universel reconnu à tout être humain. Que cela soit bien entendu ;
  • Celui de la participation aux élections prônée par les politiciens : il y a encore quelques politiciens en Guinée qui sont convaincus que Alpha Condé est capable d’organiser des élections et de laisser ses opposants les gagner. Ces politiciens-là, nous les souhaitons bonne chance; et finalement
  • Celui de l’ouverture d’une Transition politique prônée par les véritables réformateurs que nous sommes : depuis le 22 mars, pour nous, non seulement Alpha Condé n’a plus aucune légitimité pour diriger la Guinée, mais de plus, nous ne reconnaissons ni sa constitution ni son Assemblée nationale. Nous encourageons des actions de résistance pacifique et nous réclamons des sanctions internationales ciblées contre Alpha Condé et les gros bonnets de son régime ethno-fasciste. Nous prônons l’ouverture d’une Transition politique car seule une transition peut permettre à notre nation de se doter, non seulement des institutions d’un État inclusif, mais aussi, d’un processus électoral équitable, crédible, transparent et démocratique. Cette période de Transition sera surtout l’occasion de lancer des opérations de réconciliation nationale pour soigner notre unité et rétablir la confiance entre nos communautés. Par opérations de réconciliation nationale, il faut non seulement entendre un processus de justice transitionnelle permettant de juger les crimes du régime ethno-fasciste de Alpha Condé et soulager toutes les innocentes victimes et leurs familles; mais aussi, le lancement d’opérations d’audites de tous les marchés publics de plus de $1 millions afin d’identifier clairement et d’écarter définitivement avant la fin de la transition toutes les mauvaises graines qui n’ont jamais cessé de piller nos richesses nationales. Cela doit être très claire : sans la justice contre les crimes humains et économiques des 10 dernières années, le pardon et la réconciliation seront tout simplement impossibles pour notre nation.

Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Nous avons une formidable nation. Mais notre nation souffre beaucoup depuis trop longtemps. Nous avons perdu trop de temps à nous chamailler alors que nous avons énormément à apprendre les uns des autres. Comme toutes les crises que nous avons réussi à surmonter, je n’ai aucun doute que nous allons bientôt mettre la crise actuelle également derrière nous. J’entends bien les doutes et les peurs de plusieurs de nos compatriotes, mais je tiens à vous rassurer : dans le régime inclusif que j’en-visionne pour notre pays, non seulement chaque composante de notre nation sera acteur au même pied d’égalité des décisions qui impactent son quotidien et son avenir, mais de plus, la solidarité nationale sera présente partout. Le jeune malinké, le jeune forestier, le jeune soussou et le jeune peul mangeront dans le même plat, ils dormiront sous le même toit, ils iront ensemble sur les mêmes bancs d’école, ils se soigneront dans les mêmes centre de santé, ils emprunteront les mêmes routes et ils travailleront ensemble pour le progrès et le bien-être de notre nation. Nous n’avons plus de temps à perdre : luttons ensemble pour l’ouverture immédiate d’une transition en Guinée. Participons pleinement à la gestion de cette transition, non seulement pour éviter les erreurs de la transition de 2008, mais aussi, pour nous rassurer que des actions fortes sont posées pour ne plus jamais nous ramener en arrière lorsque nous reprendront notre marche en avant vers le progrès social, économique et démocratique auquel nous aspirons.

Que la Force du Tout Puissant viennent renforcer la force et la détermination de tous ceux qui œuvrent pour l’unité véritable, la paix véritable, et le bien-être de l’ensemble de notre nation.

Je vous remercie de votre aimable attention!

Mamadou Oury Diallo

Le Président

Tag(s) : #Afrique de l'Ouest, #Guinée-Politique, #Société-Guinée, #Guinée