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Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
En cette fin d’année 2020, au nom de la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée (LDRG), je vous souhaite de joyeuses fêtes. L’année 2020 aura été une année très difficile à cause de la pandémie de la Covid-19 qui a impacté nos économies, provoqué des nombreuses pertes en vies humaines, et bousculé nos modes de vie. La Guinée ne fut naturellement pas épargnée, voilà pourquoi d’ailleurs je profite de l’occasion pour vous rappeler l’importance de respecter autant que possible les mesures de distanciation sociale afin de préserver votre santé et celle de vos proches. L’année 2020 autant été encore beaucoup plus difficile pour notre nation à cause des violences électorales, que ça soi lors du double scrutin de Mars 2020 ou lors des élections présidentielles d’Octobre 2020. Le sang a beaucoup coulé dans notre pays au cours de cette année. J’ai encore en mémoire les sourires innocents de ce petit garçon de 2 ans et de cette fillette de 3 ans, tous tués par des tirs à balles réelles. De là où ils sont aujourd’hui, je souhaite que ces enfants bénéficient d’un amour inconditionnel et qu’ils passent leur journée en train de rire et jouer comme devrait l’être tous les enfants de leur âge.

Mes très chers compatriotes,
Notre nation a un très sérieux problème. La haine ethnique entretenue au plus haut sommet s’ancre de jour en jour d’avantage dans nos communautés ethniques, et elle a fini par s’emparer de nos institutions politiques et étatiques. Dans cet environnement, seule l’arbitraire, les abus de pouvoir, la corruption, le népotisme, le clientélisme et la médiocrité peuvent prospérer. Dans cet environnement, il est totalement ridicule de continuer à croire qu’une nouvelle mine exploitée, un nouveau barrage hydroélectrique, ou une nouvelle route bitumée suffisent à ramener le bonheur dans le cœur des Guinéens et le bien-être au sein de notre nation. N’est-ce pas cela la finalité de toutes nos ambitions et de toutes nos actions politiques? Ramener le bonheur dans le cœur des Guinéens et le bien-être au sein de notre nation? Aucune nation, je dis bien aucune nation, n’a connu le bonheur et le bien-être dans l’arbitraire, les abus de pouvoir, la corruption, le népotisme, le clientélisme et la médiocrité. Le bonheur et le bien-être au sein d’une nation commencent par l’État de droit et l’éducation. Il ne sert absolution à rien de s’endetter pour investir des centaines de milliards de dollars pour exploiter une nouvelle mine, construire un nouveau barrage hydroélectrique ou bitumer une nouvelle route si la justice et l’éducation dans notre pays sont en totale faillite. Il n’y a aucun avenir, surtout dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, pour une nation dont les ressources humaines n’ont aucune qualification et dont l’initiative individuelle et la propriété intellectuelle ne sont pas protégées par une justice équitable et indépendante. La haine ethnique entretenue au plus haut sommet fait en sorte que, non seulement l’État dans toutes ses composantes n’est pas en mesure de créer les conditions pour le bonheur et le bien-être au sein de notre nation, mais de plus, le système électorale destiné à apporter l’alternance et renouveler les élites dirigeantes selon le choix du peuple ne fonctionne pas non plus. 

Les élections n’ont jamais fonctionné en Guinée depuis l’avènement du multipartisme dans notre pays en 1990. Et les élections ne fonctionneront jamais en Guinée tant et aussi longtemps que nous serons dans un système politique où les gagnants d’une élection auront tous les pouvoirs alors que les perdants n’ont rien et ne sont rien. Celles et ceux qui me suivent depuis le début le savent déjà car je n’ai jamais cessé de le répéter depuis la transition survenue en décembre 2008 suite au décès du Général Lansana Conté en Guinée. À l’époque, alors que je déclenchais le Marathon pour la Nouvelle République, la Campagne de jeûne pour la Nouvelle République et la Pétition pour la Nouvelle République afin d’attirer l’attention des acteurs politiques et des acteurs de la transition sur l’urgente nécessité de doter notre pays d’une Constitution qui consacre pleinement le partage du pouvoir, en ce moment l’écrasante majorité de la classe politique guinéenne, chacun croyant qu’il sera le prochain président, a plutôt entonné la musique bien connue selon laquelle « la Guinée a les meilleurs textes au monde. Selon ces acteurs, le seul problème de la Guinée ce sont les élections. Il suffirait donc d’organiser les élections et tout irait bien ». Avec cet argument, la classe politique guinéenne et les acteurs de la transition ont rédigé à l’époque à huis-clos et ont fait décréter en mai 2010 une constitution dont aucun citoyen guinéen ne connaissait le contenu afin de pouvoir aller très vite aux élections. Pourtant, le Niger qui était dans une situation similaire à la Guinée où des militaires étaient aux commandes de leur transition, les acteurs politiques ont adopté une démarche différente en procédant d’abord à une révision beaucoup plus responsable de leur constitution qu’ils ont soumis au référendum avant d’aller aux élections présidentielles. Dix années plus tard le résultat est sous nos yeux : le Niger a eu des institutions plus fortes que leur Président de la République; alors qu’en Guinée le Président de la République a pris le dessus sur les institutions à tel point qu’il a réussi à changer la constitution pour se maintenir au pouvoir. Nous venons de perdre 10 années, avec tout ce que cela implique en terme de pertes en vies humaines et de souffrances, parce que tout simplement nous n’avons pas fait les choses comme il se devait lorsque l’occasion s’était présentée en 2008. Tous les acteurs politiques guinéens, de la mouvance comme de l’opposition, qui ont pris part à la gestion de la transition de 2008 devraient donc aujourd’hui avoir enfin l’humilité de reconnaître leur part de responsabilité dans la situation actuelle. Lorsqu’on prétend être du côté de la vérité il faut avoir le courage de reconnaître toute la vérité, car la moitié de la vérité n’est pas la vérité. L’échec peut être un tremplin pour la victoire, mais à la seule condition que l’on reconnaisse sa responsabilité, accepte la critique et se remette en cause. 

Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
La bataille pour la transparence électorale en Guinée est vouée à l’échec tant et aussi longtemps que la question de partage du pouvoir ne sera pas résolue. De ce fait, la seule question fondamentale qui se pose à notre nation est de savoir comment arriver à un système de partage du pouvoir qui donne suffisamment de gages à toutes les parties prenantes de notre nation de telle sorte que le processus électorale de notre pays puisse se dérouler sans pression indues et que la vérité des urnes s’impose à tous. Voilà la seule question fondamentale qui se pose à notre nation et, au cours des 12 dernières années, celles et ceux qui me suivent le savent, je n’ai jamais cessé de rappeler cette vérité. J’ai notamment consenti 40 rudes journées de jeûne, j’ai effectué plus de 208 km d’une marche pénible, et j’ai récolté à ce jour plus de 1622 signataires issus de toutes les sensibilités ethniques de notre nation dans le cadre de la pétition pour la Nouvelle République. Ce sacrifice personnel est sans aucun doute insignifiant face à tous ces jeunes qui sacrifient leur vie pour effleurer leurs aspirations démocratiques. Mais pour celles et ceux qui considèrent que la vie de l’homme ne se limite pas à une seule dimension, ce modeste sacrifice personnel devrait faire entendre raison aux oreilles les plus sourdes, rendre la vue aux yeux les plus aveugles, et adoucir les cœurs les plus endurcis. Il est tout de même évident que nul ne peut consentir un tel sacrifice dans le faux et le mensonge. Alors oui, la bataille pour la transparence électorale en Guinée est vouée à l’échec tant et aussi longtemps que la question de partage du pouvoir ne sera pas résolue. La bonne nouvelle est que, au nom de la LDRG, après de longs mois de travaux et de recherches, nous avons pu trouver la solution de partage du pouvoir la mieux adaptée aux réalités sociologiques de notre nation. Je n’ai pas non plus cessé de partager cette bonne nouvelle au cours des 12 dernières années. Celles et ceux qui tendent leurs oreilles et ouvre leurs yeux à la vérité ont déjà entendu cette bonne nouvelle. Aujourd’hui encore, je me fais le devoir de la partager avec vous afin redonner espoir aux plus sceptiques et aux plus pessimistes. 

Pour un pays comme la Guinée composé de plusieurs communautés ethniques, le partage du pouvoir veut dire :

• Premièrement, au niveau régional, de non seulement transférer des pouvoirs et des ressources additionnelles aux régions, mais de plus, de faire en sorte que les gouverneurs de chacune des 8 régions administratives du pays soient désormais élus par les populations de leur région respective. Avec ce schéma, les populations locales ont une première garantie que ce sont elles qui décident des politiques qui impactent directement leur quotidien quel que soit celle ou celui qui sera à Sékoutoureya. De même, un Président de la République sera constitutionnellement contraint de tenir compte de cette réalité régionale pour diriger le pays. 

• Deuxièmement, au niveau du code électoral, de modifier le mode de scrutin pour les élections présidentielles afin que ne puisse être élu comme Président de la République le candidat du parti politique ayant obtenu un quota minimum de 10% des voix dans chaque région administrative. Avec cette clause, non seulement les partis politiques d’envergure nationale seront dans l’obligation d’avoir des représentants dans toutes les régions, mais de plus, il y aura peu de chance que des candidats extrémistes qui prônent la division ethnique puisse accéder à la Magistrature Suprême de notre pays. Le Nigéria par exemple a un mode de scrutin de ce genre.

• Troisièmement, au niveau du pouvoir législatif, d’introduire une seconde Chambre au sein de l’Assemblée nationale. Au sein de cette seconde Chambre y siégera des Sages. Contrairement au Parlement qui sera composé de députés élus à la proportionnelle et au suffrage direct, les Sages seront élus par les Conseils des collectivités locales. Toutes les 8 régions administratives du pays doivent fournir le même nombre de Sages au sein de cette seconde Chambre de l’Assemblée nationale. Ça sera donc une Chambre à composition équitable. Cette seconde Chambre de l’Assemblée nationale aura un rôle important à jouer dans la validation de la nomination des Juges de la Cour Constitutionnelle, du Chef d’État-major général des armées, du Gouverneur de la Banque centrale, du Président de la Commission électorale nationale indépendante, et de l’éventuel Directeur général de l’Organe national anticorruption. De même, cette seconde Chambre de l’Assemblée nationale sera consultée en seconde lecture de tous les projets de lois référendaire, de découpage des circonscriptions électorales, du code électoral, et des traités internationaux. Cette seconde Chambre à composition équitable sera donc une garantie additionnelle pour toutes les composantes de la nation quant à leur participation aux processus d’élaboration des lois et de nomination des plus hauts fonctionnaires de l’État. 

• Quatrièmement et finalement, que le Premier Ministre et 60% des membres du Gouvernement proviennent du Parti politique majoritaire au Parlement. Les 40% restant des membres du Gouvernement doivent obligatoirement et constitutionnellement provenir par ordre de représentativité aux partis politiques de l’opposition représentés au Parlement. Avec ce schéma, non seulement toutes les composantes de la nation seront représentés au sein du Gouvernement, mais de plus, une fois les élections terminées, les partis politiques seront contraints de travailler ensemble sur les projets qui les rassembles. Nous ne connaîtrons quasiment plus de manifestations politiques intempestives dans les rues car tout le monde sera au travail jusqu’aux prochaines élections nationales. 

Guinéennes et guinéens,
Grosso modo, c’est à cela que ressemble le système de partage de pouvoir que j’envisionne pour notre nation. Avec un tel système institutionnel, non seulement le candidat de n’importe quel parti politique d’envergure nationale peut accéder à la Magistrature Suprême à travers des élections transparentes, mais de plus, il y aura beaucoup moins de pressions indues sur le processus électoral car, de toutes façons, quelques soient les résultats des urnes, chaque composantes de notre nation aura suffisamment de garanties d’être associé au processus de décision et de gestion au niveau local comme au niveau central. C’est la solution pour notre nation et je n’ai jamais cessé de proclamer cette bonne nouvelle au cours des 12 dernières années. Aucun de nos compatriotes ne devrait plus jamais être discriminé, emprisonné, blessé ou tué pour des questions électorales et de pouvoir parce que le pouvoir se partage et peut s’exercer ensemble. La haine ethnique entretenue au plus haut sommet ne fait que nous faire perdre du temps et nous ramener en arrière. Il est totalement ridicule de croire que forestiers, soussous, malinkés et peuls sont différents au point de ne pas pouvoir partager le pouvoir et travailler ensemble pour le bonheur et le bien-être de notre nation. Nelson Mandela s’est battu toute sa vie pour faire valoir la simple vérité selon laquelle « noirs et blancs sud-africains sont les mêmes, et que l’Afrique du Sud appartient toutes celles et tous ceux qui y vivent ». Il y aurait-il vraiment encore des compatriotes à moi qui croient que forestiers, soussous, malinkés et peuls ne peuvent pas vivre ensemble au point de trouver normal qu’on massacre à balles réelles des garçons de 2 ans et des fillettes de 3 ans? Je me refuse à le croire. Nos devanciers ont mis la barre très haut en érigeant la liberté et dignité humaine comme les seuls sentiers qui mènent à la délivrance. Depuis plusieurs décennies, aujourd’hui encore plus qu’hier, nous nageons dans eaux très basses et très éloignées de ces sentiers. Mais les sentiers sont tracés et, quelques soient les épreuves, nous allons être à la hauteur de notre grande histoire. Debout! Tenons-nous les mains! Et reprenons ensemble dans l’abnégation et l’exigence notre marche historique. Nous allons y arriver!

Je vous remercie de votre aimable attention! Joyeuses fêtes de fin d’année 2020! Et, d’avance, bonne et heureuse année 2021!

Mamadou Oury Diallo
Le Président

Tag(s) : #Guinée, #Afrique de l'Ouest