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Une accolade et des sourires : le président ivoirien Alassane Ouattara a reçu son prédécesseur Laurent Gbagbo dans une atmosphère de réconciliation, mardi, pour une première rencontre depuis leur duel à l'élection de 2010 qui avait débouché sur une crise meurtrière.

"Comment tu vas, Laurent? Content de te voir", a lancé M. Ouattara à M. Gbagbo en l'accueillant sur le perron du palais présidentiel à Abidjan, où les deux hommes se sont donné l'accolade et ont avancé main dans la main.

Après un tête-à-tête d'une trentaine de minutes, ils ont tenu un bref point de presse saluant tous deux une rencontre fraternelle et détendue.

Ouattara appelé à libérer des prisonniers
Au-delà de l'ambiance chaleureuse du rendez-vous, Laurent Gbagbo a appelé l'actuel chef de l'État à libérer les prisonniers arrêtés pendant la violente crise postélectorale de 2010-2011 et qui sont toujours en prison.

"J'étais leur chef de file. Je suis dehors aujourd'hui et ils sont en prison. J'aimerais que le président fasse tout ce qu'il peut pour les libérer".Une citation de :Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien

"Cette crise a créé des divergences, mais cela est derrière nous. Ce qui importe, c'est la Côte d'Ivoire, c'est la paix pour notre pays", a de son côté affirmé M. Ouattara.

Leur dernier tête-à-tête remonte au 25 novembre 2010, date à laquelle ils s'étaient affrontés dans un débat télévisé quelques jours avant le second tour de la présidentielle.

Cette élection avait débouché sur une grave crise qui avait fait 3000 morts, née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite.

Ce dernier avait ensuite été arrêté et poursuivi devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité.

Le mot réconciliation est sur toutes les lèvres depuis que le président Ouattara a donné le vert feu au retour de son rival, définitivement acquitté par la justice internationale.

« Rétablir la confiance »
Après un premier contact téléphonique au début du mois, la rencontre, qui devrait être suivie d'autres rendez-vous selon les deux hommes, marque un certain apaisement de la vie politique ivoirienne, dans la continuité du retour de M. Gbagbo le 17 juin.

"Nous avons convenu de nous revoir de temps en temps. C'est important de rétablir la confiance et que les Ivoiriens se réconcilient et se fassent confiance également", a notamment déclaré M. Ouattara.

Autre signe de cette décrispation, le gouvernement avait laissé entendre qu'il ne ferait pas appliquer la condamnation de M. Gbagbo à 20 ans de prison pour le braquage de la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pendant les événements de 2010-2011.

Cette perspective, cependant, ne plaît pas à tout le monde, comme le laisse entendre Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d'Ivoire.

"Nous sommes ici pour dénoncer l'exécution sélective des décisions de justice en Côte d'Ivoire. Nous estimons que la réconciliation ne peut pas se résumer à la rencontre de deux citoyens. Il faut la vérité, la justice", a-t-il déclaré mardi à l'occasion d'un hommage aux victimes de la crise, au cimetière de Williamsville, un quartier d'Abidjan.

Jeu politique
L'apaisement entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ne coule toutefois pas de source, tant les relations entre les deux hommes restent marquées par les violences postélectorales de 2010-2011.

"Les deux protagonistes de la crise vont se rencontrer, ce n'est pas totalement anodin!", soulignait l'analyste politique Rodrigue Koné à l'AFP, en amont de cette rencontre.

"La rencontre ne va pas effacer les divergences abyssales entre eux, mais c'est une évolution de cette relation." Une citation de :Rodrigue Koné, analyste politique

Mais Laurent Gbagbo ne compte pas rester discret dans le jeu politique ivoirien. Depuis son retour, il s'est déjà affirmé comme un opposant politique de premier plan à Alassane Ouattara, 79 ans.

Très vite, il était allé rencontrer Henri Konan Bédié, un autre ancien président, désormais poids lourd de l'opposition, et n'avait pas manqué d'égratigner M. Ouattara.

Il l'avait notamment appelé à respecter les textes, en référence à sa réélection en 2020 pour un troisième mandat controversé, au cours d'une présidentielle boycottée par l'opposition qui jugeait ce nouveau mandat inconstitutionnel.

Source: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1812248/gbagbo-ouattara-politique-reconciliation-prisonniers

Tag(s) : #Africa, #Afrique de l'Ouest