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En ce jour, treize années après l'horreur, s'est ouvert à Conakry le procès des Crimes contre l'humanité de Septembre 2009. Il est utile de rappeler que suite à la perpétration de ces crimes, la Commission d’enquête de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dépêchée à Conakry avait pu confirmer l’identité de 156 personnes tuées ou disparues, au moins 109 femmes victimes de viols, et des centaines d’autres cas de torture ou de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Ce fut un jour très sombre pour notre nation. Durant treize années, alors qu’elles souffraient dans leur âme et leur chair, les victimes et leurs proches n’avaient eu droit qu’à des pieds de nez de la part des autorités. Entre-temps, nous avons même assisté à la promotion et la décoration d’acteurs inculpés par l’ONU pour participation à ces crimes contre l’humanité; renforçant ainsi l’impunité qui caractérisait notre État.
Treize années plus tard, dans le sillage de l’avènement de la transition de la refondation intervenue le 5 septembre 2021, c’est un jour nouveau qui s’est levé à Conakry ce Mercredi 28 septembre 2022. C’est le jour de l’ouverture du procès de ces Crimes contre l’humanité:
- Aujourd’hui donc, mes pensées vont humblement d’abord envers les victimes et leurs proches. Je vous invite à trouver en ce procès la consolation, la reconnaissance et le réconfort dont vous avez tant besoin pour guérir de vos souffrances et pardonner.
- Aujourd’hui, je tiens également à saluer la Communauté et les organisations internationales (ONU, Cour Pénale Internationale, Human Right Watch, Amnesty International, FIDH, …) pour les efforts incessants consentis ces treize dernières années afin que ces graves violations des droits humains ne soient passées aux oublis. Vos efforts et vos convictions constituent cette force du bien qui permet à l’humanité de toujours triompher du mal.
- Enfin, aujourd’hui, je tiens surtout à saluer la volonté et le courage du Président Col. Mamadi Doumbouya, son Gouvernement et son Ministre de la Justice à établir une jurisprudence implacable pour les seuls Crimes contre l’humanité reconnus de l’histoire contemporaine de notre nation. Vous venez de poser la véritable fondation de l’État de droit pour la Guinée. Cet acte aura des répercussions positives en cascade au niveau de toutes les juridictions inférieures et supérieures de la Guinée. Cet acte a également vocation à servir d’exemple pour des contrées au-delà de la Guinée qui cherchent à comprendre et apprendre comment saisir l’occasion de violations aussi graves que celles de crimes contre l’humanité pour rebâtir, sans recourir aux juridictions internationales, un État de droit là où prévalait violence, impunité et déni d’humanité.
En guise de conclusion de ce billet, je souhaite rigueur, professionnalisme et succès aux magistrats et aux avocats guinéens qui sont parties prenantes à ce procès historique. J’invite également les médias à jouer pleinement leur rôle vis-à-vis de cet évènement historique afin d’éduquer convenablement l’opinion populaire sur le caractère jurisprudentielle du procès.
Aujourd’hui, la Guinée fait un nouveau pas de plus en avant dans la bonne direction au cours de cette transition. Tout n’est pas parfait, mais nous sommes quelque part fiers aujourd’hui. J’invite le Col. Mamadi Doumbouya à maintenir le cap des réformes. Le plus difficile n’est pas d’initier, mais plutôt de maintenir le cap lorsque les réformes sont engagées. Ne vous découragez jamais, ne vous fatiguez jamais et ne renoncez jamais. La nation vous le reconnaîtra éternellement.
Mr Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG