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Mr Mamadou Oury Diallo, Président de la LDRG

À Abuja ce 4 décembre 2022, il était question de plusieurs sujets d’importance capitale pour la sous-région. Deux sujets en particulier ont retenu mon attention:

1) La création d’une force militaire régionale de lutte contre le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de pouvoir: C’est là une décision très importante à saluer car elle contribue à l’idée de faire de l’Afrique de l’Ouest une région de non-conflit propice au progrès et au développement socio-économique. 

Par contre, en matière de changements anticonstitutionnels, s’il faut saluer la mise en place de cette éventuelle force militaire comme étant une mesure de dissuasion, cependant il est très important de clarifier juridiquement, légalement et concrètement le concept de « changements anticonstitutionnels » avant d’introduire ce principe dans le mandat d’une éventuelle force militaire supranationale. Par principe, l’une des conditions pour l’intervention d’une force militaire supranationale est « la demande et la sollicitation » des autorités souveraines de l’État qui doit accueillir cette force sur son territoire. Donc si pour lutter contre le terrorisme il va de soi d’exprimer la solidarité militaire sous-régionale envers les pays touchés par ce fléau, par contre en matière de changement de pouvoir cela risque de s’apparenter à de l’ingérence dans le cocon très chéri de la souveraineté propre à chaque nation. De plus, ce ne sont pas toutes les nations et tous les peuples qui sont traditionnellement favorables à une ingérence étrangère même si cela pourrait contribuer à les débarrasser d'un régime violent. Cela dit, encore une fois, par principe, en tant que mesure de dissuasion, l’idée de cette force militaire régionale est la bienvenue.

2) La validation du calendrier de 24 mois de transition en Guinée: sur la question de la transition en Guinée, je tiens vraiment ici à saluer l’esprit de compréhension et le pragmatisme qui a prévalu lors du sommet de la CEDEAO à Abuja. Il est finalement bien compris que les autorités de la transition en Guinée ne sont animées que de la volonté de bien faire, et qu’elles ne fourbissent aucune hostilité envers les pays frères de la région. Ce sommet d’Abuja a aussi tranché la question du démarrage du décompte des 24 mois de transition en Guinée. Et surtout, les Chefs d’État de la CEDEAO instruisent l’ensemble des partenaires techniques et financiers à se mettre à la disposition de la Guinée afin que le chronogramme de la transition soit exécuté en bon ordre.

À présent, la LDRG suggère vivement aux autorités de la transition en Guinée à soumettre au Conseil National de la Transition (CNT) le chronogramme validé de commun accord avec la CEDEAO. Il est important de faire les choses comme il se doit du début à la fin. Il faut éviter les raccourcis qui créent des précédents dommageables pour l’avenir. L’accord de chronogramme entre la Guinée et la CEDEAO est ci-important que, comme les Traités internationaux et les Conventions, il ne devrait prendre valeur de programme gouvernemental que s’il est approuvé par l’instance législative en Guinée. Et il doit en être ainsi à chaque fois qu’il y a de tels accords. Autrement, non seulement cela s'apparentera malgré tout à un diktat imposé à la Guinée, mais surtout, cela contribuera à dévaloriser nos institutions et notre souveraineté nationale. Il serait très très important que le Col. Mamadi Doumbouya et le CNRD rétablissent ce principe démocratique pour tous les accords internationaux et même pour ceux qui seront issus du dialogue national inter-guinéen. Ils doivent tous être adoptés par le CNT.

Finalement, toujours sur la question de la transition en Guinée, la CEDEAO, dans un souci d’aider la Guinée à réussir un dialogue inclusif, a émis l’idée, si nécessaire, de tenir ce dialogue dans l’un des pays frères de la sous-région. Contrairement au levé de bouclier que cette proposition a provoqué dans la classe politique guinéenne en général, la LDRG ne souhaite pas s’inscrire dans la polémique sur ce sujet pour la simple et unique raison que « délocaliser des dialogues politiques » est un outil diplomatique efficace qui a toujours existé pour faciliter l'entente et les solutions. Donc la LDRG ne désapprouve pas l’idée. Cependant, en ce qui concerne la Guinée, nous avons un très mauvais souvenir de ce genre de pratiques car elles ont contribué à faire de la Guinée un véritable bazar ces onze dernières années. De ce fait, étant donné que le dialogue a déjà commencé et qu’il est en cours en Guinée, en plus du fait que la CEDEAO elle-même a observé la nature courtoise et ouverte des autorités de la transition, il me semble qu’il est à présent arrivé le moment pour la CEDEAO de mettre la pression sur les acteurs qui veulent, pour des raisons personnelles, boycotter ce dialogue. De ce fait, nous invitons la CEDEAO à émettre des sanctions sévères envers toutes celles et tous ceux qui s’opposent à la réussite du Dialogue Inter-Guinéen. La pression doit s’exercer des deux côtés pour que cela fonctionne.

Mr Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG

Tag(s) : #Africa, #Afrique, #Afrique de l'Ouest, #CEDEAO, #Guinée, #Transition-Guinée