Guinéennes et guinéens,
Mes très cher(e)s compatriotes,
La vie des nations est faite de telle sorte qu’à des « moments critiques » de leur évolution, l’attitude et le comportement de chaque fille et de chaque fils aura de profondes conséquences sur le devenir de sa nation. Le tout consiste à savoir reconnaître ces « moments critiques », mais surtout à adopter l’attitude la plus avantageuse pour la nation.
Depuis le 28 septembre 1958, date à laquelle les peuples de la Guinée ont opté avec une grande dignité pour un destin commun, depuis cette date, notre nation est en construction. Construire une nation n’est pas l’entreprise humaine la plus facile, mais c’est certainement la plus noble et la plus passionnante. La construction d’une nation est une œuvre de tout temps qui requiert de chaque partie prenante beaucoup d’effort de compréhension, d’ouverture, d’humilité, de dépassement et d’amour.
Voilà 53 années que notre nation est en construction. Les fautes ont été nombreuses et le chemin souvent très tortueux, mais encore aujourd’hui nous sommes ensemble. Au bout de 53 années, la nouvelle la plus importante et la plus merveilleuse est que : nous sommes encore ensemble. Tant que nous serons ensemble, je vous assure que rien ne sera impossible pour notre grande nation : nous pouvons éradiquer la pauvreté, offrir une éducation de qualité à tous nos enfants, faire de la Guinée un pays de liberté, d’opportunité et d’abondance pour toutes ses filles et tous ces fils. Tant que nous sommes ensemble, le potentiel de développement de notre pays n’aura de limites que celles des ambitions de notre grande nation souveraine.
Guinéennes et guinéens,
Nous sommes ensemble, mais la Vérité est que notre nation est au plus mal aujourd’hui. Depuis ces dix dernières années, la violence, la haine, la suspicion, le vice, les abus de pouvoir, la corruption et l’arbitraire sont devenues des réalités courantes en Guinée. Notre peuple n’a jamais été aussi misérable et les perspectives d’avenir sur le plan économique, sociopolitique et démocratique sont encore plus inquiétantes pour notre nation.
Mes très cher(e)s compatriotes,
Nous avons atteint le « moment critique » de l’évolution de notre nation où il faut absolument tirer les leçons de nos 53 années d’existence et oser nous reformer pour pouvoir aller de l’avant. L’histoire nous enseigne à suffisance que, de tous temps, seules les nations qui retrouvent la capacité de tirer les leçons de leur passé peuvent s’améliorer et progresser. Mais l’histoire nous enseigne également que le « péché fatal » pour toute nation est le refus ou l’incapacité de pouvoir tirer les leçons de ses propres erreurs.
Le 23 décembre 2008, grâce à l’ouverture d’une période de transition qui durera près de deux années, le destin à mis en jeu la capacité de notre nation à tirer les leçons de son passé et à se reformer. Au cours de ces deux années de transition, notre nation a-t-elle retrouvé cette capacité à tirer les leçons de son passé? Sommes-nous devenus une meilleure nation? La réponse est évidemment NON. Tout au long de ces deux années de transition la Guinée a été le théâtre de toutes sortes d’excès, de ressentis, d’émotions, de violence et d’abus. Au lieu de sortir réconciliée, unie et forte de ces deux années de transition, notre nation en ressort divisée et totalement affaiblie. Du commencement jusqu’à la fin de la période de transition, la réconciliation, l’unité et la nation n’ont jamais été l’objectif des acteurs politiques guinéens. Dans la division de notre nation, ils tirent tout leur pouvoir. Dans la faiblesse de notre nation, ils y trouvent des opportunités. Au sortir de ces deux années de transition, nous sommes sur le point de commettre le « péché fatal » pour toute nation: l’incapacité à tirer les leçons de notre propre passé et à nous reformer.
Guinéennes et guinéens,
Mes très cher(e)s compatriotes,
Si cependant je m’adresse à vous aujourd’hui, c’est pour vous apporter un message d’espoir. Ce message c’est pour vous dire que notre nation compte désormais en son sein des filles et des fils convaincus que « une Guinée au-delà du parti et de l’ethnie est encore possible ». Ce message, c’est pour vous dire que notre nation compte en son sein des filles et des fils qui sont prêt à payer le prix qu’il faut pour éviter tout « péché fatal » à notre nation : nous sommes les « démocrates réformistes », et voilà trois années, depuis les premières heures de la transition en Guinée, que nous sommes en lutte. Nous sommes en lutte contre la « folie de pouvoir » des acteurs politiques, nous sommes en lutte contre les abus de pouvoir, nous sommes en lutte contre la bassesse morale, et nous sommes en lutte contre la continuité répressive et dictatoriale sur nos terres de Guinée. Mais nous sommes aussi en lutte pour réconcilier nos peuples, pour parfaire l’Union de notre nation, pour rendre à notre nation sa dignité et sa souveraineté, et pour libérer tout le potentiel humain de notre grande nation souveraine.
Depuis le début de la transition il y a 3 années, au nom de la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée et du peuple opprimé de Guinée, j’ai effectué 26 longues journées de jeûne, j’ai accomplis une marche pénible de 208 km, et j’ai récolté 406 signataires. Certes, au regard de la misère que notre peuple endure chaque jour, ceci est certainement un petit sacrifice. Mais :
· *Par mon âme et par ma chaire j’ai effectué ce sacrifice pour ramener l’establishment guinéen à la raison;
· *Par mon âme et par ma chaire j’ai effectué ce sacrifice pour dire au régime dictatorial et à la classe politique guinéenne que notre nation est au dessus de leurs intérêts individuels et de leurs ambitions politiciennes;
· *Par mon âme et par ma chaire j’ai effectué ce sacrifice pour dire au régime dictatorial et à la classe politique guinéenne que nous n’accepterons plus jamais qu’ils abusent des faiblesses de notre peuple et des ressources de notre nation;
· *Par mon âme et par ma chaire j’ai effectué ce sacrifice pour dire au régime dictatorial et à la classe politique guinéenne que nous refusons de reconnaître les lois oppressives et asservissantes qu’ils ont rédigés à huit-clos et décrétés contre notre peuple;
· *Par mon âme et par ma chaire j’ai effectué ce sacrifice pour exiger, au nom du peuple opprimé de Guinée, la tenue d’un REFERENDUM populaire sur une Constitution qui garantie l’Union, la Liberté et la Dignité de notre nation;
· *Par mon âme et par ma chaire j’ai effectué ce sacrifice pour exiger, au nom du peuple opprimé de Guinée, la tenue d’un REFERENDUM populaire sur une Constitution qui garantira à notre nation que plus jamais nous ne reproduirons les mêmes erreurs que le passé.
Guinéennes et guinéennes,
Mes très cher(e)s compatriotes,
Durant ces longues journées de lutte solitaire très rudes et amères, j’ai beaucoup médité et appris sur la nature humaine et sur l’état de notre union. J’ai appris qu’être « Bon, Vertueux, Juste et Non-violent » dans ce monde n’est certainement pas le meilleur gage de succès, mais j’en ai eu la pleine conviction que c’est la seule manière de soigner notre humanité; J’ai également appris qu’aucune force extérieure, aussi généreuse soit-elle, ne peut vouloir le bonheur et le bien-être de notre nation à la place des filles et des fils de la Guinée: la seule force sur laquelle il faudra compter réside en chacun de nous; J’ai enfin appris l’histoire, la culture, les coutumes et les traditions des différents peuples qui composent notre nation. Je me rends compte que, malgré que voilà 53 années que notre nation est en construction, les guinéens ne se connaissent pas. Nous vivons ensemble depuis 53 années, mais nous ne nous connaissons pas encore. Nous avons tellement de belles choses à apprendre les uns des autres que nous ne devrions plus perdre une seconde dans la stigmatisation et la suspicion. Nous avons une formidable nation.
Guinéennes et guinéens,
Mes très cher(e)s compatriotes,
De ces 26 longues journées de jeûne et de ces 208 km de la marche pénible du marathon pour la Nouvelle République, il en ressort forcement un homme nouveau, un homme meilleur, un homme en parfaite communion le peuple opprimé, un homme plus que jamais convaincu qu’une Guinée au-delà du parti et de l’ethnie est la solution. Il en ressort un homme plus que jamais déterminé à consentir le sacrifice qu’il faut pour sauver notre nation de « tout péché fatal ».
Non seulement les démocrates réformistes que nous sommes ne reconnaîtront jamais la constitution oppressive et dictatoriale dictée et décrétée contre notre peuple au cours de la transition, mais de plus, au nom du peuple opprimé de Guinée, nous n’arrêterons jamais cette lutte tant qu’il ne sera organisé sur nos terres de Guinée un RÉFÉRENDUM populaire sur une Constitution qui garantie :
o La création d’un organe anti-corruption indépendant des pouvoirs politiques en Guinée;
o L’indépendance de notre système judiciaire et de notre Banque centrale;
o L’exploitation rationnelle de nos ressources naturelles et la redistribution équitable de nos richesses nationales;
o La responsabilité des gouvernants vis-à-vis du peuple souverain de Guinée;
o Le rétablissement de l’équilibre ethnique au sein de nos forces de sécurité et à tous les niveaux de l’administration publique;
o La neutralité politique de nos forces de sécurité et de l’administration publique; et enfin
o L’Unité de notre nation à travers un système de partage de pouvoir.
Mes très cher(e)s compatriotes,
Tant que ces quelques garde-fous ne seront pas constitutionnalisés en Guinée, toute compétition électorale, aussi minime soit-elle, ne sera qu’une occasion de plus pour diviser notre nation et entraîner notre pays vers le chaos total. Quelque soi notre attachement à un quelconque parti politique, nous devons définitivement nous résoudre au fait qu’aujourd’hui les partis politiques guinéens font partis du problème et non de la solution pour notre nation. L’heure n’est pas à la compétition électorale en Guinée. L’heure est plutôt à la consolidation des fondements de notre nation, au transfert de la légitimité et de l’exercice du pouvoir vers le peuple souverain de Guinée, et à la création d’institutions fortes qui mettront un terme aux abus de pouvoir et contraindront les acteurs politiques à faire de la politique de manière responsable et utile à notre nation.
Guinéennes et guinéens,
Ce message d’aujourd’hui c’est justement pour vous dire que cette œuvre indispensable à la survie de notre nation ne peut pas être l’œuvre d’un parti politique. Tout au long des deux années de transition en Guinée, j’ai découvert comme vous que les intérêts des acteurs politiques guinéens ne sont pas les intérêts de notre nation; j’ai découvert comme vous que malgré tout ce que les acteurs politiques guinéens ont fait subir à notre peuple durant les 25 dernières années, ils ont encore le cœur de se réunir à huit-clos pour rédiger et décréter contre notre nation des lois asservissantes et dictatoriales.
Guinéennes et guinéens,
Ce message d’aujourd’hui c’est pour vous dire que cette œuvre indispensable à la survie de notre nation ne sera accomplie par nul autre que par nous-mêmes, nous le peuple souverain de Guinée. Cette œuvre historique ne peut être accomplie que par des guinéens suffisamment conscients du « moment critique » que traverse notre nation. Cette œuvre historique ne s’accomplira que si notre pays compte des filles et des fils qui sont suffisamment convaincus qu’une Guinée au delà du parti et de l’ethnie est possible.
Malgré tous les efforts qu’ils fournissent pour diviser notre nation, malgré la haine qu’ils cultivent entre nos populations, malgré les entrepôts d’armes qu’ils remplissent, malgré les mercenaires qu’ils sont entrain de former contre notre peuple, malgré tous leurs stratagèmes, mes cher(e)s compatriotes, certes je ne suis pas Dieu, mais je suis en mesure de vous dire avec une totale conviction qu’ils ont échoué. Ils ont échoué parce que nulle force ne peut résister à la volonté de libération d’un peuple éclairé. Ils ont échoué parce que je vois des guinéennes et des guinéens qui croient en une « Guinée au delà du parti et de l’ethnie » de plus en plus nombreux. Ils ont échoué parce qu’à la pire des situations, ils savent mieux que quiconque que l’ultime référence inaliénable de notre nation est la date du « 28 septembre 1958 ».
Oui mes cher(e)s compatriotes, le 28 septembre 1958 est cette date à laquelle, indépendamment de tous les bords politiques et ethniques, une génération de guinéennes et guinéens, pleinement consciente du « moment critique » que traversait les peuples de Guinée et d’Afrique dans leurs quêtes de liberté et de dignité, dans une parfaite communion, ils ont osé dire NON à l’asservissement et ont préféré se lancer dans l’aventure d’auto-gouvernance comme tout peuple digne et libre.
Mes cher(e)s compatriotes, je vous dis qu’ils ont échoué parce que voilà arrivé une génération, la nôtre, dont le modèle n’est autre que la génération du 28 septembre 1958. Aujourd’hui il revient à notre Génération de trouver la force de dire NON aux partis politiques et aux groupes ethnocentristes; il revient à notre Génération de dire NON aux lois dictatoriales, oppressives et asservissantes dictées et décrétées contre notre peuple. Nous avons déjà réussi à le faire le 28 septembre 1958, et je peux aujourd’hui vous avouer qu’à aucun moment je n’ai douté de la capacité du peuple de Guinée à réussir à nouveau cette mission historique. « Une Guinée au-delà du parti et de l’ethnie : nous en sommes capable! ». Que celles et ceux qui y croient n’attendent plus : défiez vos partis et vos ethnies pour vous joindre aux « démocrates réformistes », nous sommes déjà en marche!
Honneur à la nouvelle Génération!
Vive le peuple du 28 septembre 1958!
Vive la LDRG!
Pour que vive la République de Guinée!