Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

constitution1.jpgEncore un chef d'Etat de l'Afrique francophone qui veut un nouveau bail présidentiel pour achever ses chantiers. En effet, à Djibouti, le Parlement vient d'ouvrir la voie à un troisième mandat pour Ismael Omar Guelleh.

Les députés ont voté le lundi 19 avril 2010, à l'unanimité, une réforme de la Constitution permettant au premier magistrat du pays de se présenter à la prochaine présidentielle prévue en 2011. Un tripatouillage que l'opposition djiboutienne conteste.

Mais les tenants du pouvoir, comme c'est toujours le cas, le défendent bec et ongle à travers la mobilisation de leurs partisans dans les rues de la capitale pour montrer que ce charcutage est avant tout une volonté du peuple. L'ambassadeur de Djibouti en France, Rachad Farah, justifie cette décision en indiquant que le président Ismael Omar Guelleh a des acquis importants. « Et nous sommes convaincu qu'il reste des chantiers importants à faire et à entreprendre.

Au niveau économique, nous sommes également dans une situation de paix. Les amendements qui ont été entrepris dans la Constitution sont des amendements qui visent également à une meilleure démocratie, à une meilleure gouvernance. Nous avons acquis le principe de créer un sénat. Nous avons aboli la peine de mort et nous avons séparé l'exécutif du législatif, en abolissant également le cumul de mandats ».

Sans commentaire. Ce genre d'inepties était seriné à longueur de journée par les partisans de Mamadou Tandja. La suite, on la connaît : le putsch du 18 février qui fait reculer la démocratie nigérienne. Malheureusement, l'histoire n'a jamais servi de leçon aux hommes. Le cercle des tripatouilleurs ne fait donc que s'agrandir avec ce nouveau venu. Et nul doute que le club va bientôt connaître de nouveaux adhérents. Fort heureusement, tout le monde n'est pas gagné par le virus de la « tripatouillite ». Au mauvais exemple de Djibouti s'oppose le bon exemple du Mali, qui fait honneur à l'Afrique à travers son projet de révision constitutionnelle qui va dans le bon sens.

En effet, dans son message à la Nation du 31 décembre 2009, le président Amadou Toumani Touré (ATT) annonçait son intention d'initier une révision de la Constitution du 25 février 1992 qui ouvrira le chantier d'un vaste projet de réformes politiques dont la mise en oeuvre donnera un nouvel élan à la démocratie malienne.

Le discours du numéro 1 malien n'a pas tardé à se concrétiser puisque le 19 avril dernier, le Centre international de conférences de Bamako a abrité une cérémonie officielle sur ce projet de réformes qui propose, entre autres, la suppression du Haut conseil des collectivités, la création du Sénat, la réorganisation de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle, du Conseil économique, social et culturel, la création de la Cour des comptes, le changement de statut de la Haute cour de justice. Il prévoit une Agence générale chargée de la gestion des élections et un Conseil supérieur de l'audiovisuel.

Le cadre juridique des élections sera réformé et les capacités des partis politiques et de la presse renforcées. Le financement public des partis politiques et l'aide à la presse seront réorganisés. Le nomadisme politique sera désormais sanctionné. Les réformes proposent également l'exclusion de la garde à vue, de la détention préventive, de la procédure de poursuite et l'exclusion des peines privatives de liberté pour les journalistes. Comme on le constate, nulle part il n'est fait mention de sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel pour permettre à ATT de demeurer aux affaires.

Ce putschiste bien reconverti à la démocratie semble animé du souci de quitter le Palais de Koulouba, laissant un pays où les règles du jeu politique ne sont pas modifiées pour servir les intérêts d'un homme ou d'un clan. Puisse son exemple de révision vertueuse inspirer ceux qui ont l'intention, comme chez nous au Burkina Faso, de toucher à la Loi fondamentale afin qu'ils renoncent à leur projet, sauf si cela vise à renforcer la vie démocratique, surtout que les pouvoirs à vie n'ont rien apporté d'autre à l'Afrique que les crises sociopolitiques.

Source: http://fr.allafrica.com/stories/201004210086.html

Tag(s) : #Afrique de l'Ouest