Le Canada
entend donner suite à la requête d'extradition de la Tunisie visant Belhassen Trabelsi, le beau-frère du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, a indiqué vendredi le ministre fédéral des
Affaires étrangères, Lawrence Cannon.
« On ne veut pas d'un criminel comme lui au Canada et on va obtempérer à la demande de la Tunisie », a répondu le ministre conservateur aux journalistes, en marge d'une visite à Val-d'Or, en Abitibi-Témiscamingue.
Les deux pays n'ont pas signé d'entente en matière d'extradition, mais Ottawa invoque sa volonté de ne pas nuire aux relations avec le nouveau gouvernement tunisien.
Le processus pourrait cependant prendre des mois, voire des années en raison des procédures judiciaires possibles.
Trabelsi a demandé l'asile politique au Canada. On ignore les motifs sur lesquels il a fondé sa requête, mais selon toute vraisemblance, il dirait craindre la torture ou risquer la mort s'il retourne en Tunisie.
« Si un dossier d'extradition est entamé contre M. Trabelsi, sa demande d'asile va être suspendue tant et aussi longtemps que la procédure ne sera pas finalisée », a expliqué en entrevue à Radio-Canada Stéphane Handfield, spécialiste en immigration. « Si on émet l'ordonnance d'extradition - si le ministre de la Justice décide d'aller de l'avant dans l'extradition de M. Trabelsi -, sa demande d'asile va être jugée comme ayant été rejetée », a précisé Me Handfield.
Si le processus d'extradition est bel et bien entrepris, les autorités canadiennes pourront alors arrêter Trabelsi, qui devra comparaître devant la Cour supérieure.
Plus tôt cette semaine, le gouvernement de transition tunisien a lancé un mandat d'arrêt visant Trabelsi et d'autres membres de la famille de l'ancien dictateur Ben Ali. Ils font également l'objet d'un avis de recherche d'Interpol.
Arrivé au pays la semaine dernière, Belhassen Trabelsi a séjourné avec sa famille au Château Vaudreuil, un hôtel de Vaudreuil-Dorion, dans l'ouest de Montréal. Il a cependant quitté l'établissement depuis.
Les autorités canadiennes affirment savoir où il se trouve et être en contact constant avec son avocat.
Statut de résident permanent retiré
Belhassen Trabelsi s'est déjà vu retirer son statut de résident permanent du Canada, car il n'a pas passé deux des cinq dernières années au pays.
Surnommé « le parrain » par les Tunisiens, Belhassen Trabelsi possède d'importants intérêts commerciaux en Tunisie. Le milliardaire est accusé d'avoir dérobé des fonds gouvernementaux avant que la révolution populaire ne contraigne Ben Ali à quitter le pouvoir, début janvier.
Hamadi Touil, désigné comme le bras droit de Belhassen Trabelsi, a par ailleurs atterri à Montréal à bord d'un avion d'Air France, jeudi après-midi. Plusieurs Tunisiens l'attendaient à l'aéroport Montréal-Trudeau pour protester contre son arrivée au pays.
En voyage officiel au Maroc, le premier ministre Stephen Harper a affirmé, jeudi, que les membres de l'ancien régime tunisien « ne sont pas les bienvenus » au Canada.
Source: http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2011/01/28/001-trabelsi-residence-canada.shtml