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163727-president-sortant-mehmet-ali-talat.jpgUne victoire du conservateur Dervis Eroglu à l'élection présidentielle dimanche en République turque de Chypre-Nord (RTCN) pourrait sonner le glas des actuelles négociations en vue d'une réunification de l'île, estiment les experts dans le sud de ce pays divisé.

«Ces élections sont beaucoup plus importantes pour le Sud que les précédentes car les discussions actuelles sont les plus sérieuses depuis de nombreuses années pour trouver une solution» à la division de Chypre, estime Sofronis Sofroniou, analyste politique chypriote grec.

«Je doute que quelqu'un dans le Sud préfère M. Eroglu et ses opinions extrémistes, affirme à l'AFP M. Sofroniou. Il est complètement déraisonnable concernant le problème chypriote et au fond, il invoque la partition».

La RTCN, reconnue uniquement par Ankara, a été proclamée en 1983 sur le territoire occupé par la Turquie en 1974 à la suite d'un coup d'Etat fomenté par les nationalistes chypriotes grecs visant à rattacher l'île à la Grèce.

Pour M. Sofroniou, la victoire de M. Eroglu pourrait mettre fin à 19 mois de négociations entre le dirigeant de la RTCN Mehmet Ali Talat et le président chypriote Demetris Christofias.

Dervis Eroglu, l'actuel premier ministre, a affirmé qu'il ne quitterait pas la table des négociations pour ne pas être accusé «d'intransigeance». Mais, rappelle M. Sofroniou, M. Talat n'a pas non plus bénéficié d'un soutien clair de la Turquie, qui négocie depuis 2005 son entrée dans l'Union européenne. Le président sortant ne manque d'ailleurs pas de faire remarquer l'importance de sa réélection pour l'avenir des aspirations d'Ankara.

Demetris Christofias a également fait savoir qu'il n'était pas prêt à «tout reprendre du début» avec un nouveau partenaire.

«Je ne vais même pas envisager de repartir de zéro, a-t-il dit. Quiconque ferait cette demande doit être prêt à payer le prix en Europe et sur le plan international».

M. Christofias n'a pas fait mystère de sa préférence pour M. Talat, même si celui-ci n'est pas favori selon les sondages. Il s'est toutefois dit prêt à négocier avec le prochain dirigeant de la RTCN, uniquement sur la base d'une République fédérale bicommunautaire.

Mais M. Christofias a aussi été critiqué pour son soutien appuyé à un candidat à des élections «illégales». Le parti socialiste (Edek) estime que ce soutien ne fait que donner des gages à un régime d'occupation qui viole les résolutions de l'ONU. L'Edek a récemment quitté la coalition gouvernementale, dénonçant les compromis acceptés par le président chypriote pendant des négociations.

Pour Hubert Faustmann, professeur associé de sciences politiques à l'Université de Nicosie, l'élection de Dervis Eroglu pourrait en fait bénéficier aux adversaires, dans le Sud, d'une réunification.

«Je pense qu'une majorité des Chypriotes grecs ne veulent pas d'une solution, en tout cas pas dans son cadre actuel», affirme à l'AFP l'universitaire.

«Une victoire de M. Eroglu leur donnerait l'avantage moral car l'arrivée d'un partisan de la ligne dure donne une bonne image de votre camp si l'issue (des discussions) est négative», explique-t-il.

M. Faustmann estime également que chaque camp est «pleinement conscient» qu'il ne devra pas porter la responsabilité d'un échec des négociations.

En 2004, les Chypriotes grecs avaient rejeté par référendum un plan de réunification élaboré par l'ONU auparavant accepté par les Chypriotes turcs. M. Christofias, élu en février 2008, a relancé en septembre les négociations. Mais, 19 mois après, peu de progrès ont été accomplis, malgré le soutien du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a effectué une visite sur l'île en février.

Source: http://www.cyberpresse.ca/international/europe/201004/17/01-4271578-les-chypriotes-turcs-aux-urnes-la-reunification-a-lenjeu.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B12_en-manchette_278_section_POS1

Tag(s) : #Europe