Guinéennes et guinéens,
Mes très cher(e)s compatriotes,
Les violences interethniques survenues du 15 au 17 juillet à N'Nzérékoré sont extrêmement regrettables et inquiétantes pour notre nation. En quelques jours de violences, le bilan est sans précédent : près de 60 morts, plus de 180 blessés et des dégâts matériels considérables.
Aujourd'hui donc, au nom de la LDRG, j'appel d’abord les populations Guerzés et koniakés au calme et à la retenue. Nous sommes tous des guinéens, la haine et la violence ne produiront que plus de haine et plus de violence. La Guinée est une nation multiethnique et nous l'aimons bien en tant que telle. En Guinée, il y a de la place pour tous et pour chacun. Chaque communauté ethnique, doit non seulement se reconnaître à l'identité nationale, mais de plus, elles enrichissent la nation par leur diversité. Dans ces moments difficiles, la force de l'amour en chacun de nous, doit absolument triompher de la haine ethnique. Quelque soi la situation, nous ne devons jamais à la haine ethnique. Nous pouvons tous vivre ensemble de manière harmonieuse dans une Guinée en paix. Il est l’heure de la retenue et des prières pour nos morts. Je prie donc pour le repos de l'âme des personnes décédées et je partage sincèrement la douleur des familles de Nzérékoré.
Mes cher(e)s compatriotes,
Face à cette tragédie, cependant, des questions se posent. Et la première est celle de savoir pourquoi les autorités locales et le gouvernement ont mis autant de temps pour s’interposer entre les communautés Guerzés et Koniakés ? Pourquoi il a fallu plus de 60 morts et des centaines de blessés pour que les autorités locales et le gouvernement prennent des actions pour s’interposer entre les communautés Guerzés et Koniakés ? Par rapport à cette question, il y a certainement des responsables qui ont failli quelque part à leurs responsabilités. J’invite donc le gouvernement guinéen, non seulement à tirer toutes les leçons nécessaires de cette tragédie pour améliorer le système de sécurité locale, mais de plus, à trouver les responsables qui ont failli à leur responsabilité et à les limoger sur le champ. Lorsqu’on est investi d’une responsabilité publique, il faut assumer ses responsabilités lorsque ça va bien comme lorsque ça va mal. Alors, sur cette terrible tragédie ca va mal, des têtes doivent absolument tomber.
Par ailleurs, autant les autorités locales et le gouvernement sont appelés à l’autocritique suite à cette tragédie, autant j'invite ici les autorités locales et le gouvernement à exercer toute la rigueur possible de l'État pour sanctionner à la hauteur de leurs actes et de manière exemplaire les meneurs de ces actes sataniques et barbares.
Guinéennes et guinéens,
Mes très cher(e)s compatriotes,
Ce qui s'est passé à N'Nzérékoré, l'ampleur et l'horreur des massacres, n'est pas un fait anodin. Quiconque vous dira que tout cela est arrivé suite à une dispute d’amis vous aura menti. Minimiser cette tragédie serait une grosse erreur pour notre nation. Quelque chose de nouveau se passe en Guinée. C'est un nouveau virage et un nouveau tournant dans les violences interethniques que nous venons de franchir en Guinée. Cela mérite une profonde et sérieuse réflexion au sein de notre nation. Une chose est dors-et-déjà certaine dans cette tragédie, nous ne pouvons pas épargner la responsabilité du climat de haine entretenue depuis quelques années par la classe politique guinéenne pour des raisons purement politiciennes. En utilisant le fait ethnique à des fins purement politiciennes, les acteurs politiques guinéens se sont amusés à tirer le diable par la queue. Ce qui s’est passé à Nzérékoré n’est qu’une première conséquence de ce comportement irresponsable des acteurs politiques guinéens au plus haut niveau. Nzérékoré, la deuxième plus grande métropole guinéenne n’a besoin aujourd’hui que d’activités économiques, d’emplois, d’investissement, et de projets de développement. Nzérékoré n’a pas besoin de conflits ethniques.
Pour donner à cette tragédie toute la gravité qu’elle mérite, aujourd'hui donc, au nom de la LDRG et des populations de N'Nzérékoré, j'invite solennellement le gouvernement guinéen à décréter 3 jours de deuil national afin d'inviter la nation toute entière au chevet de nos frères et sœurs de N'Nzérékoré. Aujourd’hui, en Guinée, nous devons tous être Guerzés et Koniakés. À l’occasion du mois saint de ramadan, j’invite tous les fidèles musulmans de Guinée à collecter et destiner leur zakat vers nos frères et sœurs de Nzérékoré. C’est le moment où jamais pour Nzérékoré de se sentir à part entière d’une grande famille indissociable. C’est aussi le moment ou jamais pour la nation toute entière de tendre main à Nzérékoré. Ces 3 jours de deuil national seront également l’occasion pour chacun de nous, dans son fort intérieur, de réfléchir sur cette tragédie et d’en tirer la leçon la plus utile pour notre nation.
Paix et Salut à l'âme des victimes des violences interethniques de Nzérékoré.
Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG