Au cours des dernières semaines, un certains nombre
de faits ont enrichi l’actualité nationale, lesquels faits méritent commentaire de la part de la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée.
1-Tout d’abord, sur le plan de la poursuite de la réforme de l’armée guinéenne : A ce niveau, autant nous tenons à saluer les actes déjà posés par l’autorité militaire par rapport au retour de la discipline dans les rangs, autant nous saluons la volonté manifeste de la communauté internationale à accompagner cette réforme urgemment nécessaire pour la Guinée et la sous-région ouest africaine.
Par ailleurs, au sein de la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée, en dépit du fait que nous prenons acte de l’aspect à long terme que nécessite la réforme de l’armée guinéenne, cependant nous croyons qu’il y a un certains nombre de mesures qu’il faut urgemment engager afin de mettre définitivement à l’abri la Guinée de dérapages qui risquent d’être très préjudiciables pour les populations guinéennes. Nous pensons notamment :
1. Au lancement de la campagne de recensement de tous les soldats et de référencement de toutes les armes légères en circulation sur le territoire national;
2. Puis, entamer les premières études sur la séparation de la chaîne de paiement par rapport à la chaîne de commandement;
3. Et enfin, rétablir l’équilibre national au sein du commandement militaire.
Je rappel que l’ensemble de ces mesures ont pour principal but de rétablir l’État dans sa fonction de monopole de la violence sur toute l’étendue du territoire nationale. L’urgence de ces mesures est à la hauteur de l’imminence des 4 principales menaces face auxquelles la Guinée est entièrement exposée encore aujourd’hui, à savoir : les cartels de la drogue dont les ramifications sont loin d’être détruits, la rébellion armée notamment avec la multiplication des tensions et conflits dans le Sud-est, le terrorisme et les catastrophe naturelles et pandémies à grandes échelles.
Le responsable de l’autorité militaire, dans son allocution du vendredi 12 mars, a également soulevé un aspect très important de la réforme de l’armée, à savoir la retraite des soldats d’un certain âge. Je rappel que cette question importante est entièrement prise en compte dans la Réforme de la Sécurité Nationale proposée par la LDRG. La retraite des soldats d’un certain âge s’intégrera dans un plan de démobilisation à la suite duquel ils bénéficieront d’une formation à un métier de leur choix offert par des ONG participants au programme, et du paiement d’un solde mensuel qui sera à déterminer en fonction du nombre d’année de fonction, du grade à la retraite et du niveau de vie l’ensemble de la population guinéenne.
C’est l’importance de toutes ces questions qui nous amène aujourd’hui encore, non seulement à encourager l’autorité militaire dans cet élan de réforme, mais aussi et surtout à inviter la communauté internationale à une implication beaucoup plus effective dans cette réforme afin d’éviter que le pourrissement de la situation ou la corruption politique ne freine l’élan de la réforme de l’armée.
2-Dans l’actualité, nous avons également pris acte de la promulgation de la date du premier tour des élections présidentielles en Guinée pour le 27 juin 2010 : C’est une décision qui a été accueillie avec beaucoup d’espoir au sein de la LDRG. Cette décision aura eu le mérite de réveiller la vie politique, mais elle aura surtout eu le mérite de lever le voile sur le processus électoral. C’est d’ailleurs le lieu de saluer l’impression des premières listes électorales par la CENI qui fait un travail remarquable en dépit de ressources souvent limitées.
Par ailleurs, je tiens quand même à rappeler qu’aujourd’hui le processus électoral est entièrement aux mains des acteurs politiques, que ce soit le Gouvernement d’union nationale ou la CENI. Au sein de la LDRG, nous faisons suffisamment confiance aux acteurs politiques sur ce plan et il n’y a aucun doute que le processus poursuivra son cours normal.
Par contre, sur le plan du processus électoral, les intérêts de la LDRG sont ailleurs. A notre avis, un bon processus électoral c’est celui qui n’est entaché ni avant, ni pendant, ni après les élections. Or, nous remarquons que tous les efforts sont mis dans la gestion du processus avant les élections car nous ne parlons que de recensement listes électorales.
1. Que se passera-t-il si des cas de fraudes massives sont observés? Nous ne pouvons tout de même pas dire que ce n’est une éventualité.
2. Quels sont les recours en cas de contestation des résultats ou de violation du code électoral? Nous ne pouvons pas non plus dire que ce ne sont pas des éventualités.
3. Et enfin, et surtout, quelles sont les stratégies définies par le gouvernement pour la sécurisation du processus électoral, avant, pendant et après les élections? Les capacités policières seront-elles suffisantes ou faut-il intégrer l’armée? Si oui, à quel niveau et à quel degré d’intégration? Quelles seront les armes utilisées pour encadrer les manifestations et le maintien de l’ordre public? Est-ce des armes de guerre comme ceux janvier et févier 2007 ou de septembre 2009?
Ce sont là les inquiétudes et les principales questions que le LDRG adresse au Gouvernement et à la CENI. Tant que nous n’apporterons pas des réponses pertinentes à ces questions, il est évident que nous ne serons pas prêts pour des élections. C’est d’ailleurs dans ce sens que la LDRG apprécie la visite de travail de la Commission de l’UE dans le cadre des accords de Cotonou en Guinée. Non seulement la LDRG a de tout temps souhaitée la présence d’observateurs sous-réginaux et internationaux dans le processus électoral en Guinée, mais de plus, nous invitons vivement l’UE à ne débloquer aucun franc pour le processus électoral tant que le Gouvernement n’aura pas apporté des réponses pertinentes aux questions posées.
Il n’y a aucun doute que les deux mois que nous avons devant nous avant le premier tour des élections sont suffisants pour apporter réponse à ces questions, à condition que le Gouvernement et la CENI mobilisent tous les efforts uniquement dans ce sens.
3-Dans l’actualité, nous avons également pris acte des structures et de l’investiture du Conseil National de la Transition : Des membres qui la composent aux structures créées en sein son, en dépit de toutes les polémiques, la LDRG est entièrement de cœur avec cette institution très symbolique de la transition que nous vivons aujourd’hui en Guinée.
Au sein du CNT, nos yeux sont particulièrement rivés sur les deux structures qui détermineront si ce qui se passe en Guinée en ce moment est juste de la poudre aux yeux ou un véritable changement, si ce sont les tendances réformatrices et progressistes ou celles conservatrices et rétrograde qui ont le contrôle. Ces deux structures sont : la commission de la réconciliation nationale et la commission de la réforme constitutionnelle.
Dans le cadre de la réforme constitutionnelle, nous invitons le CNT à prendre toute la mesure des enjeux démocratiques et de ce qu’une révision constitutionnelle mesquine représenterait pour la Guinée pour les prochaines années. Tout en tenant compte de l’évolution démocratique intérieur, je vous invite à voir ce qui se passe autour de nous. Il est arrivé le temps de doter la Guinée d’institutions solides et cohérentes lui permettant d’amorcer enfin son décollage socioéconomique, et il n’y a aucun doute qu’avec toutes les sommités réunies au sein de la CNT, nous sortiront avec une Constitution capitalisant sur les leçons des deux premières républiques et à la hauteur des ambitions démocratiques du peuple de Guinée.
Pour ce faire, la LDRG n’a d’ailleurs pas attendu d’être invité par le CNT pour se mettre à son tour à la tâche. A cet effet, nous organisons en ce moment même sur le Web, espace de liberté d’expression par excellence, un évènement au nom de la réforme Constitutionnelle. A ce jour, l’évènement enregistre plus de 410 intentions de participation, tous des guinéennes et guinéens au même titre que chaque même du CNT. Nous avons réussi à constituer 6 cellules de réflexion et les 3 et 4 avril, je me ferai le devoir de restituer nos travaux aux populations guinéennes, et d’envoyer un signal aux autorités de la Transition dans ce sens. Ce sera le Projet Nouvelle République de notre Génération. En espérant bien sûre que le CNT en tiendra compte, à défaut, il est évident qu’à peine la troisième république promulguée, la lutte pour la quatrième sera entamée.