Suite au scrutin du 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire et de la valse de proclamation des résultats qui s’en est suivi, la Ligue des
Démocrates Réformistes de Guinée exprime ses vives inquiétudes par rapport à l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire.
La première évidence est que le processus électoral, qui pourtant a pris tout le temps et mobilisé tous les efforts nécessaires dans ce pays phare de l’Afrique de l’Ouest, à finalement échoué à sa dernière phase. Le processus fut un échec dans la mesure où aujourd’hui la Côte d’Ivoire connaît un « Président légalement investi » par sa Cour Constitutionnelle, et un « Président reconnu » par la communauté internationale sur la base des résultats provisoires proclamés par sa Commission Électorale Indépendante.
Face à cette situation de crise, la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée tient d’abord à saluer sans ambigüité la réaction forte et instantanée d’une communauté internationale qui, non seulement à mis beaucoup de ressources dans le processus électoral ivoirien, mais aussi, sans laquelle la situation aurait sans doute évolué vers le pire. Cela dit, nous pensons qu’il faut faire très attention avec la crise ivoirienne car, contrairement à ce que la pensée commune laisse entendre, les données de cette crise dépassent largement les questions de « Président investi » ou de « Président reconnu ».
La Côte d’Ivoire vient de loin et ce pays est aujourd’hui avant tout, plus que jamais, un pays nettement divisé : chacun des deux principaux adversaires au scrutin du 28 novembre 2010 ne représente pas moins de 40% des suffrages exprimés. De plus, la Côte d’Ivoire connaît une rébellion armée au nord et des forces armées loyales au sud du pays. Il faudrait rajouter à la situation interne de la Côte d’Ivoire, celle de la sous région ouest-africaine dont plusieurs pays (Guinée-Bissau, Guinée, Libéria et Sierra-Léone) sont convalescents des conflits antérieurs et encore très fragiles. De manière très simpliste, car il faudrait aussi tenir compte de tous les réseaux criminels qui couvent dans la région, ce sont là les données de la crise ivoirienne. Donc nous conviendrons qu’elles sont bien loin des questions de « Président investi » ou de « Président reconnu » qui ne sont que les symptômes de la crise ivoirienne.
Face à cet état de fait :
· Premièrement, la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée invite sans ambigüité Mr Laurent Bagbo à céder la place de manière honorable au candidat vainqueur Mr Alhassane Ouattara. Mr Ouattara est le candidat vainqueur, non pas parce que la communauté internationale s’est déchaînée de toutes ces forces contre Mr Laurent Bagbo, mais plutôt pour deux bonnes raisons : d’abord sur la base des résultats certifiés par l’ONU; puis, parce que nous sommes pleinement avertis des empêchements volontaires dont la Commission Électorale Indépendante fut l’objet dans l’exécution de son mandat;
· Deuxièmement, vu le mandat reconnu de l’ONU dans le processus électoral en Côte d’Ivoire, la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée croît que l’ingérence internationale dans la crise ivoirienne ne doit en aucun cas être considérée comme une violation de la souveraineté de la Côte d’Ivoire. De ce fait nous saluons la décision du Conseil de Sécurité de l’ONU pour la prolongation de 6 mois du mandat de l’ONUCI. De plus, nous formulons les souhaits de voire le cas ivoirien devenir un précédent valable pour les prochains processus électoraux en Afrique, notamment en ce qui à trait au poids et à la crédibilité accordée aux organes électoraux indépendants par la communauté internationale;
· Troisièmement, la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée soutient de manière très volontaire les sanctions internationales et sous-régionales qui, tout en frappant Mr Laurent Bagbo et son entourage, épargne le maximum possible les populations ivoiriennes;
· Enfin, autant la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée soutient les sanctions, autant nous sommes convaincus que l’humiliation et l’emploi de la force ne sont pas les voies à suivre pour une sortie heureuse de la crise ivoirienne. L’intervention armée serait particulièrement désastreuse pour la Côte d’Ivoire et la sous-région ouest africaine.
"La Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée croît que, suite aux sanctions internationales, la première des choses à faire aujourd’hui est de mettre en place une mission permanente de liaison entre les deux camps afin d’œuvrer au rétablissement de la confiance. La crise ivoirienne dans son ensemble ne trouvera une issue favorable qu'avec la pleine collaboration des deux camps. Quelque soit la situation, Mr Laurent Bagbo et son entourage méritent d’être traités comme un camp qui représente plus 40% des populations ivoiriennes. Rien de moins"
Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG
Courriel : ligue50@gmail.com