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barack-obama.jpgLa nouvelle doctrine dévoilée hier par le gouvernement de Barack Obama veut que les États-Unis renoncent à créer de nouvelles armes nucléaires, tout en restreignant le nombre de cas où ce type d'armes peut être utilisé.

Pour la première fois, les États-Unis s'engagent à ne pas utiliser d'armes nucléaires contre des pays qui n'en possèdent pas, sauf si ces derniers contreviennent au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ce qui laisse planer la menace nucléaire sur l'Iran puisque Washington accuse ce pays de violer le traité en question.

La doctrine qu'avait énoncée l'équipe de George W. Bush, le prédécesseur de Barack Obama, en 2002 autorisait le recours à l'arme nucléaire en cas d'attaque au moyen d'armes chimiques ou bactériologiques. «Les États-Unis n'envisagent le recours aux armes nucléaires que dans des circonstances extrêmes, pour défendre leurs intérêts vitaux et ceux de leurs alliés et partenaires», affirme le document rendu public lors d'une conférence de presse au Pentagone.

La nouvelle doctrine reconnaît que la «la principale menace à la sécurité des États-Unis et du monde n'est plus un affrontement nucléaire entre pays, mais le terrorisme nucléaire et la prolifération», a affirmé hier Barack Obama par voie de communiqué.

Chaque nouveau président américain doit présenter au Congrès une Révision de la posture nucléaire (NPR: Nuclear Posture Review). Barack Obama avait suscité de grands espoirs chez les pacifistes en exprimant, l'an dernier à Prague, le souhait de voir le monde se débarrasser de toutes les armes nucléaires.

C'est d'ailleurs dans la capitale tchèque que le président américain, lauréat du prix Nobel de la paix 2009, doit signer demain avec son homologue russe, Dmitri Medvedev, un nouveau traité sur la réduction des armes nucléaires stratégiques, qui remplacera le traité START venu à échéance à la fin de l'année dernière. En vertu de ce nouveau pacte, les deux pays ont convenu de limiter leur arsenal stratégique à 1550 têtes nucléaires chacun.

La semaine prochaine, le président américain sera l'hôte, à Washington, d'un sommet consacré à la sécurité et à la non-prolifération nucléaires.

Le mois prochain, les diplomates du monde entier doivent par ailleurs s'atteler à New York à la révision périodique du TNP.

Renforcement du militaire traditionnel

La révision de la doctrine nucléaire américaine par Barack Obama, qui dissipe une partie de l'ambiguïté maintenue par ses prédécesseurs, devrait contribuer à crédibiliser ses appels au désarmement à l'occasion de ces rendez-vous internationaux.

Dans une entrevue accordée au New York Times et publiée hier, le président américain a promis de travailler à une réduction des armes nucléaires au-delà de ce qu'exige le nouveau traité START. «Nous allons continuer à chercher les occasions de réduire notre posture nucléaire, travaillant avec la Russie, mais aussi avec l'OTAN», a-t-il affirmé.

Si la doctrine nucléaire de Barack Obama prévoit la réduction de l'arsenal nucléaire des États-Unis, elle prévoit également un renforcement de leurs capacités militaires traditionnelles.

«La menace d'une guerre nucléaire mondiale est devenue lointaine, mais le risque d'une attaque nucléaire a augmenté», affirme la nouvelle Revue de la posture nucléaire américaine.

«L'arsenal nucléaire massif que nous avons hérité de la confrontation bilatérale pendant la guerre froide est mal adapté pour répondre à la menace de terroristes suicidaires et de régimes hostiles qui sont à la recherche d'armes nucléaires, précise le document. Il est par conséquent essentiel que nous ajustions nos politiques et notre posture nucléaires aux priorités les plus urgentes, soit la prévention de la prolifération et du terrorisme nucléaires.»

En clair, selon Washington, la menace nucléaire a augmenté, mais vu sa nature différente, c'est par des moyens autres que les armes de ce type que les États-Unis et leurs alliés pourront le mieux y répondre. Certains élus démocrates, de même que des organisations pacifistes, auraient souhaité que les États-Unis renoncent de façon absolue à utiliser l'arme nucléaire les premiers.

Selon les nouvelles dispositions révélées hier, les États-Unis y renonceraient même dans l'éventualité où un adversaire les attaquerait à l'aide d'armes chimiques ou bactériologiques, voire par une cyberattaque. Toutefois, si les États-Unis devaient faire face au risque d'une attaque bactériologique «dévastatrice», ils se réserveraient le droit d'une frappe nucléaire.

La présentation de la nouvelle «posture nucléaire» américaine a été repoussée de plusieurs mois en raison de vifs débats au sein du gouvernement et parmi les hauts gradés militaires.

Le monde compte actuellement huit États disposant d'arsenaux nucléaires, dont cinq — les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni et la Chine — qui en ont fait l'acquisition avant l'entrée en vigueur du traité de non-prolifération dont ils sont signataires. Trois autres — l'Inde, le Pakistan et Israël — n'ont jamais signé ce traité. La Corée du Nord s'en est retirée en 2003.

Source: http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/286505/les-contours-du-nucleaire-americain-seront-resserres-promet-obama

Tag(s) : #Amérique du Nord