Assignée à résidence depuis de nombreuses années, la
militante politique birmane Aung San Suu Kyi sera libérée en novembre, a déclaré le ministre birman de l'intérieur. Une échéance qui l'excluerait sans doute des élections prévues cette année. Le
général Maung Oo, ministre de l'intérieur, aurait tenu ces propos lors d'une réunion le 21 janvier à Kyaukopadaung, une ville située à quelque 560 km au nord de l'ancienne capitale Rangoun, selon
trois participants qui ont requis l'anonymat. Le parti de l'opposante s'est déclaré dans l'incapacité de confirmer ces informations.
La lauréate du prix Nobel de la paix a passé quatorze des vingt dernières années en détention. Son assignation à résidence a été prolongée de dix-huit mois en août parce qu'un ressortissant
américain s'était introduit chez elle, où il n'était pas invité. Cette nouvelle condamnation, intervenue alors que l'assignation à résidence de la militante de 64 ans touchait à sa fin, avait
entretenu le scepticisme quant aux intentions de la junte en vue des élections.
PREMIÈRES ÉLECTIONS DEPUIS 1990
Les élections que la junte compterait organiser en octobre seraient les premières depuis celles de 1990 qui avaient abouti à une écrasante victoire de la Ligue nationale pour la démocratie (LND)
de Suu Kyi. Les militaires avaient refusé de reconnaître les résultats. Selon les témoins, le général Maung Oo a déclaré devant des responsables que le vice-président de la LND, Tin Oo, serait
libéré le 13 février. Ancien ministre de la défense, général retraité, Tin Oo, 82 ans, est détenu depuis plus de dix ans.
La junte souhaite en outre s'orienter vers une économie de marché ouverte sur l'extérieur après avoir organisé des élections "libres et équitables", a ajouté Maung Oo. Pour la LND, il est crucial
que Tin Oo et Aung San Suu Kyi soient libérés avant les élections. "Le plus important, c'est qu'ils doivent être libérés à temps pour œuvrer à la réconciliation nationale", a dit un responsable,
Khin Maung Swe.
La LND ne s'est pas prononcée sur sa participation à ce scrutin. Les généraux le présentent comme un pas vers une démocratie multipartite là où l'opposition ne voit qu'un simulacre devant leur
permettre de garder le pouvoir.
Source: http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/25/aung-san-suu-kyi-pourrait-etre-liberee-en-novembre_1296532_3216.html#ens_id=1266164