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Les diplomates des Etats-Unis et de Cuba devaient renouer le dialogue, vendredi 19 février à La Havane. A l'ordre du jour, les migrations, mais l'agenda n'est pas limitatif. En l'absence de relations diplomatiques depuis 1962, ces conversations officielles ont une importance capitale. Les deux pays ont signé, en 1994 et 1995, des accords destinés à éviter un afflux de boat people. Une réunion devait faire le point tous les six mois. Après une interruption de six ans, Américains et Cubains ont repris langue en juillet 2009, à New York.

Pendant sa campagne, Barack Obama avait promis de favoriser la détente entre les deux rives du détroit de Floride. Au sommet des Amériques, à Trinité-et-Tobago en avril 2009, toute la région avait réclamé la levée de l'embargo américain sur Cuba.

"Les restrictions aux voyages et aux transferts de fonds ont été levées, les exportations d'aliments vers Cuba ont été facilitées", rappelait Arturo Valenzuela, le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé de l'Amérique latine, lors d'un récent passage à Paris. "En dépit de l'embargo, les Américains sont les premiers fournisseurs de denrées alimentaires et le cinquième partenaire commercial de Cuba", ajoutait-il. La levée de l'embargo dépend du Congrès, où le consensus n'est pas simple. Même si le lobby qui monte en puissance à Washington n'est plus celui des exilés anticastristes, mais celui des exportateurs et des voyagistes opposés à l'embargo.

La Havane a pointé du doigt le maintien du "blocus". Raul Castro a néanmoins reconnu "la diminution de l'agressivité et de la rhétorique anticubaine" aux Etats-Unis. Le successeur de Fidel Castro s'est déclaré "prêt à discuter de tout, mais pas à négocier le système politique et social" en vigueur.

En juin 2009, la présence de militaires des Etats-Unis dans des bases colombiennes et le coup d'Etat au Honduras ont relancé les discours anti-américains, à La Havane et à Caracas. "Personne ne prend au sérieux ces discours", confie M. Valenzuela au Monde. Il en veut pour preuve la popularité de M. Obama, d'après les sondages effectués dans dix-huit pays de la région par l'institut Latinobarometro. L'opinion favorable dont il jouit auprès des Latino-Américains "contraste avec l'impopularité du président vénézuélien Hugo Chavez", souligne M. Valenzuela. Et d'ajouter : "La diplomatie du micro ne sert à rien."

Position "constructive"
Aux yeux du secrétaire d'Etat adjoint, l'attitude vénézuélienne tranche avec la position "plus constructive" de La Havane. Ainsi, la tragédie que vient de vivre Haïti a suscité une coopération inédite entre Cubains et Américains à deux niveaux : le survol de l'île par les avions militaires américains et la collaboration sur le terrain entre les équipes médicales.

Tandis que Caracas entretient la tension, La Havane oeuvre à une normalisation des relations. Les Cubains y ont tout intérêt, car la crise économique place le pays au bord d'une cessation de paiement. Or le tourisme et les fonds envoyés par les émigrés à leurs proches peuvent soulager la population et une économie à bout de souffle. "Les choses prennent leur temps", plaide M. Valenzuela. Si le réchauffement des relations n'est pas plus rapide, c'est parce que La Havane évolue lentement.

Paulo A. Paranagua
Source: http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/02/18/cuba-et-les-etats-unis-renouent-le-dialogue_1307829_3222.html#ens_id=1268819 

Tag(s) : #International