Des quantités "importantes" d'eau gelée ont été découvertes sur
la Lune, a annoncé vendredi 13 novembre la NASA, soulignant le caractère "majeur" de cette découverte aux retombées potentiellement exceptionnelles. "Nous avons trouvé de l'eau et pas seulement
un petit peu", a dit Anthony Colaprete, le responsable scientifique de la mission LCROSS (Lunar Crater Observation and Sensing Satellite) lors d'une conférence de presse
Michael Wargo, responsable scientifique lunaire de la NASA, a mis en avant les perspectives qu'offraient cette découverte. "Nous levons le voile des mystères de notre plus proche
voisin et du même coup du système solaire", a-t-il dit, remarquant que la Lune détenait "de nombreux secrets".
Elle pourrait aussi conforter le maintien de l'objectif du programme Constellation de retour des Américains sur la Lune vers 2020. Le devenir de Constellation est toutefois incertain pour des
raisons budgétaires, une commission d'experts créée par le président Barack Obama vient de rendre un rapport offrant différentes options d'exploration habitée.
La NASA avait précipité un projectile de 2,3 tonnes dans un cratère baptisé Cabeus, suivi de près par la sonde LCROSS dont les instruments ont analysé avec succès les matériaux se trouvant dans
le panache de débris résultant de l'impact, qui a creusé un cratère de 20 à 30 mètres. "Nous y avons trouvé l'équivalent d'au moins une dizaine de seaux de 7,5 litres d'eau chacun", a précisé
Anthony Colaprete, notant qu'il s'agissait seulement des premiers résultats.
"EXTRAORDINAIRE"
Gregory Deloy, de l'université de Californie (ouest), a jugé cette découverte "extraordinaire" et "majeure" lors de la conférence de presse. "C'est exaltant [car] cela montre une nouvelle image
de la Lune", a-t-il ajouté. "Ce n'est plus la Lune du programme Apollo mais notre Lune", a lancé ce scientifique en référence au fait que les analyses faites des échantillons du sol et des roches
lunaires ramenés par les douze astronautes d'Apollo lors de six missions (1969-1972) n'avaient pas révélé la présence d'eau. La science avait alors conclu que la Lune était sèche.
Les missions Clementine en 1994, puis Lunar Prospector en 1999 avaient conclu à la présence de glace aux pôles de la Lune, perpétuellement plongés dans les ténèbres. Mais une sonde japonaise,
Kaguya, lancée en 2007, avait remis en cause ces découvertes. Dans des travaux publiés en février 2009, les chercheurs avaient conclu à la pauvreté de la Lune en termes de ressources
hydriques.
Cette vue a changé après qu'une sonde de la NASA eut détecté au début des années 2000 d'importantes émanations d'hydrogène aux pôles lunaires, pouvant se traduire par la présence de glace. Cette
découverte avait conduit la NASA à choisir le pôle sud pour la mission LCROSS, partant de l'hypothèse que les cratères extrêmement froids s'y trouvant pourraient contenir d'importantes quantités
de glace. Une hypothèse désormais confirmée.
La mission LCROSS est l'un des premiers pas du long chemin vers un nouveau programme habité. Dans la perspective de la création d'une base permanente sur la Lune, la question de l'eau est
primordiale. Pour que des humains s'installent sur l'astre sélène, il leur faudra trouver de l'eau sur place tant il est coûteux de l'importer de la Terre. La NASA estime à 50 000 dollars le coût
d’acheminement d’un litre d’eau sur place.
Source: http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/11/13/d-importantes-quantites-d-eau-decouvertes-sur-la-lune_1266950_3244.html