A Karachi, au Pakistan, la police a
indiqué mercredi 2 février 2011 avoir arrêté un lycéen de 17 ans qui aurait blasphémé contre l'islam dans un devoir. Cette affaire alimente le débat sur la loi prévoyant jusqu'à la peine de
mort pour les offenses à l'islam, défendue par les cercles conservateurs influents. Sami Ullah a présenté ses excuses mais le jeune homme a néanmoins été
incarcéré.
Ce nouvel épisode témoigne en effet d'un véritable abcès de fixation sur cette affaire de
blasphème. Il ne fait aucun doute pour personne que le Pakistan est constitutionnellement une république islamique qui s'est construite sur la religion et dont la ferveur des habitants est
incontestable.
Pourtant un gouverneur a été assassiné voici un mois sous prétexte qu'il était
favorable à une réforme de la loi et pour son soutien à une mère de famille chrétienne condamnée à mort. Il y a une quinzaine de jours deux Pakistanais, musulmans, accusés de blasphème
étaient à leur tour condamnés à la prison à perpétuité par un tribunal du Pendjab.
Mais le plus grave c'est qu'aujourd'hui, au Pakistan, les juges ont peur. En 1997,
l'un d'entre eux a été assassiné pour avoir rendu un verdict trop clément dans une affaire de cette nature. Depuis, ils se méfient et la justice est donc rendue sous la pression de sentiments
exacerbés par une atmosphère antioccidentale qui favorise l'expression du radicalisme religieux.
Samedi, le jeune Sami Ullah a été placé en détention préventive mais les enquêteurs
ne peuvent pas dévoiler le contenu de son blasphème. Car s'ils le faisaient ils tomberaient à leur tour sous le coup de la loi !