En Turquie, le retour de milliers de manifestants sur la place Taksim après l'évacuation dans la matinée par les forces de l'ordre aura été de courte durée. Ce mardi, la police turque
a de nouveau chassé les manifestants à coup de gaz lacrymogènes dans la soirée. Le Premier ministre Erdogan refuse toute concession.
Fini de rire. « Douze jours d'occupation, la plaisanterie a assez duré. » On s'imagine bien Recep Tayyip Erdogan être dans cet état d'esprit, avant de siffler la fin de la récréation, et donc de faire parler la force. Tôt ce matin, les forces de l'ordre étaient déjà intervenues sur la place Taksim, le cœur de la fronde, pour éloigner à l'aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau les centaines de protestataires qui y avaient passé la nuit.
Elles sont également entrées un peu plus tard dans le parc Gézi, celui-la même qui doit être transformé en centre commercial, et à partir duquel s'est focalisé le mécontentement.
Après douze heures d'affrontements, la police s'était retirée, laissant les manifestants revenir, avec l'espoir de reprendre la place. Les pancartes qui jonchaient le sol avaient été raccrochées. Eshok a 24 ans, elle a les yeux cernés, fatigués par les gaz lacrymogènes : « Apparemment, ils se sont retirés », explique-t-elle. « Normalement, la fonction des forces de l'ordre, c'est d'assurer la sécurité, mais là, elles sont aux ordres d'un dictateur qui continue d'opprimer le peuple. »
Résistance violente
Dans la foule, les slogans ont repris pour appeler à la résistance. Une résistance qui pour la première fois est devenue violente aujourd'hui. Des cocktails Molotov ont été lancés, des voitures ont été brûlées et des manifestants ont cassé des trottoirs à coups de battes de baseball pour récupérer les pavés et les lancer sur les forces de l'ordre. « Ça fait des jours et des jours que nous sommes victimes », affirme Béchir, 24 ans, un projectile dans la main. « Alors on ramasse des pierres pour se défendre. C'est légitime. On ne partira pas d'ici avant d'avoir gagné le combat.»
Et le combat risque de durer. Le parti d'opposition républicain a appelé le gouvernement à écouter la jeunesse. Le Premier ministre Erdogan, lui est actuellement en réunion avec le président de la République. Il l'a dit, il ne fera aucune concession.
Pour preuve, les forces de l'ordre sont de nouveau intervenues dans la soirée pour évacuer la place Taksim.
Source: http://www.rfi.fr/europe/20130611-turquie-soulagement-courte-duree-place-taksim