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Guinéennes et guinéens,             

Mes très cher(e)s compatriotes,

La fin d’une année et le début d’une autre est toujours une occasion spéciale et unique pour dresser le bilan de l’année écoulée. Cet exercice est très important car c’est l’un des seuls repères temporels susceptibles de nous renseigner sur l’état d’avancement de notre pays. De plus, au bout d’un mandat de 5 années, l’année 2015 devait être l’année de la reddition des comptes pour Alpha Condé et son gouvernement. Une raison supplémentaire de ne pas manquer cette occasion unique de nous interroger sur l’état de notre pays et l’avenir de notre nation.

Mesdames et messieurs,

Dans notre pays, ces dernières années, à cause de la division et la politisation à outrance du débat public, il n’est plus une tâche facile de savoir où se situe la vérité. Mais s’il y a bien une vertu que nos compatriotes nous reconnaissent au sein de la LDRG, c’est bien notre objectivité. Alors, aujourd’hui encore, c’est pleinement investi de nos vertus d’objectivité et de vérité que je m’adresse à vous.

Guinéennes et guinéens,

En réalité, l’année 2015 fut une année importante parce qu’elle devait être l’année de la récolte pour toutes les décisions, pour toutes les politiques, et pour toutes les actions entreprises par Alpha Condé et son gouvernement au cours des 5 dernières années. Et pourtant, il n’est pas nécessaire d’être imbu de science pour s’apercevoir que, au bout des 5 années de gouvernance d’Alpha Condé, les récoltes n’ont pas du tout été bonnes. Elles ont même été très amères. Au bout de l’année 2015, le moins que l’on puisse dire est que la Guinée ne s’en est pas sortie. La Guinée accuse encore des retards considérables dans tous les domaines sociaux, économiques et démocratiques.

1-Sur le plan social : Alpha Condé n’a mené aucune politique sociale ambitieuse. Les populations guinéennes n’ont toujours pas accès aux services sociaux les plus élémentaires. Le système éducatif guinéen botte à la dernière place et la crise sanitaire d’Ébola a révélé l’absence d’un système de santé viable en Guinée. La misère ne s’est jamais autant accentuée en Guinée qu’au cours de l’année 2015. Les populations sont abandonnées à elles-mêmes sans aucun espoir de sortir un jour de l’extrême pauvreté. Les cris de souffrance du peuple sont incessants.

2-Sur le plan économique : les choix et les décisions prises par Alpha Condé n’ont pas été judicieuses. En misant tout sur l’exploitation des mines, Alpha Condé a fait le choix du moindre effort. Pourtant, la baisse du cours des matières premières, conjuguée avec le choc sanitaire d’Ébola, a mis en déroute toute sa politique économique. Aujourd’hui, non seulement la Guinée est en récession économique, mais de plus, la perte d’emploi, la précarité et le chômage connaissent des niveaux records. L’économie guinéenne ne fonctionne plus. D’autres diront même qu’il n’existe pas d’économie en Guinée car le pays est en réalité sous perfusion du FMI et de la Banque Mondiale. L’endettement public reprend son envolée de plus belle. La Guinée est vendue à des intérêts du moyen orient et d’Asie qui ont peu de valeurs communes avec notre société et notre nation. La dégradation de l’économie guinéenne fut d’ailleurs confirmée par les experts du FMI qui ont conclu une mission de 13 jours en Guinée au cours du mois de décembre 2015. Les experts du FMI ont observé une perte considérable des réserves de devises étrangères à la Banque centrale, une aggravation du déficit public, et un manque total de transparence dans la gestion des recettes minières exceptionnelles. Ces experts ont conclu leur mission en affirmant que « la plupart des critères de performance et des objectifs indicatifs de l’année 2015 n’ont pas été atteints » par Alpha Condé et son gouvernement. Cet échec économique n’est autre que la conséquence directe de la mauvaise gouvernance et de la corruption endémique qui caractérise la vie publique guinéenne. Car il faut le rappeler, lorsque Alpha Condé a pris le pouvoir, la Guinée était le pays le plus corrompu en Afrique de l’Ouest. Cinq années plus tard, au bout de son premier mandat, la Guinée est encore le pays le plus corrompu en Afrique de l’Ouest.

3-Sur le plan démocratique : la constitution dictée et décrétée au cours de la période de transition est à bout de souffle. Tout au long de l’année 2015, nous avons vu les divergences politiques s’exprimer violement dans la rue. À cause du boycotte de l’opposition, le parlement fut monocolore pratiquement durant toute l’année 2015. Les institutions ne fonctionnent que de manière caricaturale. À cause de cette faiblesse des institutions, en 2015 la classe politique a encore fait recours à la médiation internationale pour résoudre ses divergences les plus élémentaires. La CENI, sensée être l’ultime institution par laquelle se traduit l’expression populaire, a exposé aux yeux du monde entier son dévoiement, sa corruption et sa médiocrité en organisant un bafouillage électoral lamentable pour le peuple de Guinée, comme l’a ci-bien reconnu la Commission d’Observation Électorale de l’Union Européenne. La défiance à l’égard des institutions est telle que les partis d’oppositions n’ont même pas jugé nécessaire de porter recours à la Cour constitutionnelle suite au bafouillage électoral du 11 octobre 2015. Finalement, la parodie de démocratie a atteint son comble au cours de l’année 2015 lorsque les acteurs politiques ont décidé, non seulement de ne pas permettre aux populations à la base de renouveler leurs administrateurs locaux à travers des élections locales, mais de plus, de se substituer au suffrage du peuple pour se partager les différentes circonscriptions du pays et d’imposer des administrateurs locaux non-élus aux populations. Donc, il faut le dire, tout au long de l’année 2015, nous avons observé un déraillement démocratique total en Guinée.

Guinéennes et guinéens,

La conjugaison de la forte paupérisation sociale, des conditions économiques désastreuses, et du déraillement démocratique total, rajoutée aux divisions politiques et ethniques ambiantes, font que, au bout de l’année 2015, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que « la Guinée n’est pas du tout sur le bon chemin. La Guinée s’éloigne même du bon chemin. Alpha Condé est en échec total et son régime est devenu un danger pour la Guinée et l’avenir de notre nation ».

À l’entame de cette nouvelle année 2016, tous les signaux sont négatifs pour la Guinée. À cette allure, il ne faut pas écarter les scénarios les plus catastrophiques pour la Guinée, allant de l’émergence de nouvelles épidémies autant désastreuses que celle d’Ébola à la décomposition totale de l’État, en passant par des tensions sociales pouvant découler sur des violences politico-ethniques incontrôlables.

Ce chaos que je vois arriver au cours des prochains mois en Guinée n’est cependant que ce qui est prédit selon la situation actuelle. Ce n’est donc pas ce que je souhaite et ce n’est pas ce que vous souhaitez. De toute façon, ce chaos était prévu de longues dates, mais il n’arrive toujours pas en Guinée. Il n’arrive pas, et tant mieux.

Mes très cher(e)s compatriotes,

Mon adresse d’aujourd’hui ne se résume cependant pas à de la prophétie du malheur. Mon message d’aujourd’hui  est aussi et surtout un appel au sursaut national. C’est un appel à la conscience de chacun de vous, qui que vous soyez, où que vous vivez, au-delà de vos partis et de vos ethnies : unissons-nous!  Unissons-nous et reprenons notre destin en main.

Si nous nous retrouvons dans cette situation désastreuse aujourd’hui, certes c’est parce que Alpha Condé n’a pas été à la hauteur, mais aussi et surtout, c’est parce que la transition que nous avons connue de 2008 à 2010 fut totalement manquée. Nous devons donc arriver à tirer toutes les leçons de cet échec pour ne pas manquer les opportunités qui s’annoncent. Pour ma part, depuis les premières heures de la transition en Guinée, alors que tout l’establishment politique fonçait à tête baissée vers un processus bancale et insensé, je n’ai jamais cessé d’appeler à la raison et au bon sens. Depuis lors, j’ai personnellement consenti 208 km de marche pénible, j’ai accompli 32 longues journées de jeûnes et j’ai récolté à ce jour 772 signataires. J’ai consenti ce lourd sacrifice personnel pour reprouver la constitution incohérente  dictée et décrétée contre nous, nous le peuple de Guinée, et réclamer la tenue d’une grande consultation nationale inclusive à l’issue de laquelle il se tiendra un référendum populaire sur une nouvelle constitution contenant des institutions suffisamment fortes pour garantir l’unité de notre nation, pour contraindre les acteurs politiques à faire de la politique de manière responsable et utile à notre nation, et pour mettre un terme définitif aux abus de pouvoir en Guinée. C’est seulement en refondant ainsi notre république que nous percevrons le bout du tunnel en Guinée. Je vous appelle donc à l’Unité et à l’Action. Unité et Action : ce sont les deux mots d’ordre pour la nouvelle année 2016. Je sais que nous en sommes capables.

Guinéennes et guinéens,

Au bout de cette adresse, et à l’orée de cette nouvelle année 2016, il ne me reste plus qu’à vous exprimer, à vous ainsi qu’à vos proches et amis, tous mes vœux de santé, de paix, de bonheur, de longévité et de réussite. Aussi, en cette nouvelle année, n’oublions pas d’avoir une pensée pour nos soldats présents au nord du Mali, loin de leurs familles et de leurs proches, pour prêter main forte au peuple frère du Mali contre des barbares, des criminels et des terroristes qui veulent nous imposer un agenda sécuritaire en lieu et place de notre agenda de développement, de culture et science. Ils ne réussiront pas car l’intégrité territoriale du Mali est autant chère au peuple du Mali qu’au peuple de Guinée. Pour le reste, que la volonté de Dieu, le Dominateur Suprême, vienne renforcer notre volonté et notre détermination à libérer le peuple de Guinée de toutes formes de régimes dictatoriaux et oppressifs pour le conduire vers cette ère de liberté, de fraternité et de prospérité pour tous.

UNITÉ ET ACTION

BONNE ANNÉE 2016

Mamadou Oury Diallo

Président de la LDRG

Tag(s) : #Société-Guinée