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INTRODUCTION

 

Le bien-être, la sécurité et la prospérité, ce sont là les objectifs poursuivis par toutes les nations libres de ce monde. Partout où le bien-être, la sécurité et la prospérité sont absents, les nations libres s’organisent pour en créer. Partout où ils existent, les nations libres s’organisent pour en avoir encore et toujours plus. Vous l’aurez sans doute déjà remarqué, le maître mot est : organisation. Les nations qui réussissent sont celles qui cherchent inlassablement à s’organiser et à se doter des organisations les plus efficaces pour pouvoir relever les défis auxquels elles sont confrontées. Une nation qui n’arrive pas s’offrir bien-être, sécurité et prospérité est une nation qui n’a pas su s’organiser et qui est appelée à s’affaiblir jusqu’à sa totale disparition.

 

Les défis du bien-être, de la sécurité et de la prospérité auxquels sont confrontés de nos jours plusieurs pays, dont la Guinée, démontrent à quel point il est nécessaire de repenser l’organisation de nos États. Dans cet exercice, certes il est absolument nécessaire de s’inspirer des meilleures pratiques observées sur le plan international, cependant, il serait une grande erreur d’ignorer le capital organisationnel que nous offre l’apogée de nos grands États historiques.

 

Par exemple, l’empire du Ghana fondée vers 770 après J.C avait une renommée d’un État très prospère. Tous les écrits témoignent que l’empire du Ghana était une terre d’or. El-Hamathani au IXème siècle décrivait le Ghana comme « une terre où l'or brillait comme des plantes dans le sable, ou comme des carottes cueillies au soleil ». Le roi était à la tête du gouvernement de l'empire. Il était assisté dans son gouvernement par de nombreux serviteurs civils et des ministres. La plupart des serviteurs civils savaient lire, écrire et avaient de grandes connaissances sur le monde. Il y avait un maire de la capitale Koumbi Saleh qui était nommé par le roi. Le maire avait la responsabilité de l'administration de la capitale. Dans les états conquis par le Ghana, deux types de gouvernements provinciaux existaient. Dans les régions qui n'avaient pas de règles centralisées avant leur annexion et celles dans lesquelles les sujets réclamaient constamment leur indépendance, le roi nommait un gouverneur. Les régions qui avaient des règles, où les sujets demeuraient loyaux et payaient régulièrement leur tribu au roi, restaient autonomes.

 

Nous pouvons aussi citer l’empire du Mali. L’empire que Mali qui succédera au XIIIème siècle à l’empire du Ghana avait la réputation d’un État fort et parfaitement organisé. Son organisation étatique n’était pas très différent de celui de l’ancien Ghana dont il a gardé de nombreuses structures. Trois secteurs étaient identifiables : un centre économique principal, le quartier royal fortifié et les villages. De Niani, la capitale, un ministre empereur assisté par de nombreux ministres dirigeait le pays. Il y avait aussi des gouverneurs nommés par les chefs et les royaumes vassaux comme dans l’ancien empire du Ghana. L’empire du Mali avait la caractéristique d’un État très décentralisé et laïc. L’impôt était perçu par les gouverneurs et les chefs de provinces, le tout reversé au trésor royal. Les produits d’importation ou d’exportation payaient des impôts plus ou moins lourds selon les besoins de la population et du trésor impérial. Les marchands des grandes villes comme Niani, Gao et Tombouctou s’acquittaient de leurs impôts.

 

À titre d’exemple de grands États historiques dans la région ouest-africaine, il serait nécessaire de mentionner également l’empire Songhaï qui absorbera et succédera à l’empire du Mali. L’empire Songhaï portait la riche renommée d’un État très étendu, parfaitement coordonné et organisé. Enfin, à titre de référence historique, nous pouvons citer l’État théocratique du Fouta Djallon qui portait à son époque la renommée de l’un des États les plus ingénieusement organisés et hiérarchisés d’Afrique à la veille de l’invasion coloniale.

 

Successivement, ces grands États du Ghana, du Mali, Songhaï et du Fouta Djallon ont réussi à construire un système d’État hautement relié au commerce régional et international. Malgré cette rencontre avec toutes sortes de peuples, d’intérêts, de religions et de cultures, ces États indigènes accordaient une grande attention à la stabilité et à la justice dans leurs affaires publiques intérieures. Ce sont des États qui avaient réussi à organiser un système d’ordre public reposant sur le bien être, la sécurité et la prospérité de leur propres citoyens.

 

Relever aujourd’hui les défis du bien-être, de la sécurité et de la prospérité de nos nations revient donc à conjuguer le capital organisationnel que nos grands États historiques nous ont légué à leur apogée avec les meilleures pratiques modernes en matière d’organisation Étatique. Mais avant de procéder à une quelconque proposition de réforme, il est extrêmement important de comprendre auparavant pourquoi depuis l’invasion coloniale, voilà près d’un siècle et demi, les structures administratives et organisationnelles de nos États contemporains ne favorisent toujours pas la création du bien-être, de la sécurité et de la prospérité pour nos peuples. Quel est la raison fondamentale qui explique la faillite de nos États par rapport à leurs missions essentielles ?

 

Pour comprendre la raison fondamentale de la faillite de nos États contemporains, il faut d’abord savoir que l’État et l’administration publique ne sont autres que des outils au service d’une mission bien définie. Du bref aperçu historique de l’organisation de nos grands États traditionnels, il ressort par que ces États étaient organisés de manière à garantir le bien-être et la prospérité intérieure. C’était cela leur mission fondamentale. Cependant, depuis l’invasion coloniale, non seulement la structure de nos États a changé, mais surtout, leur mission fondamentale a aussi radicalement changé. Par exemple, en Guinée, de 1898 à 1958, du fait de la colonisation, la mission de l’État était de piller nos ressources et d’appauvrir la nation au profit de la métropole. L’État fut réorganisé par le colonisateur pour répondre à cette nouvelle mission. De ce fait, durant les 60 années que durera la colonisation en Guinée, deux éléments essentiels se sont produits dans nos sociétés : premièrement, la déstructuration de nos États indigènes ; et deuxièmement, le rapport entre l’Individu et l’État, l’Administration et les Administrés. La déstructuration de nos États s’est manifestée par le découpage hasardeux du continent sans tenir compte des spécificités propres à chaque communauté de population. Cependant, l’élément majeur qui aura un impact durable sur la nature de nos États contemporains sera le changement radical du rapport entre « l’Individu et l’État », « l’Administration et l’Administré ».

 

En effet, avant l’invasion coloniale, nous l’avons déjà souligné auparavant, la mission fondamentale de nos grands États historiques était de garantir la prospérité, la sécurité et le bien-être de tous. De ce fait, les rapports entre « l’individu et nos États historiques » étaient des rapports de confiance et de service public. Cependant, parce que le colonisateur à déstructuré les fondements de nos grands États historiques par le découpage colonial, parce qu’il a implanté un État colonial dont la mission fondamentale est de piller les ressources locales au profit de la métropole, alors les rapports entre « l’individu et l’État » ont radicalement changé dans nos sociétés : en lieu et place des rapports de confiance, ils sont devenus des rapports de patronage, de clientélisme et de méfiance.

 

Pour mieux comprendre ce que la colonisation à voulu dire pour nos sociétés sur le plan administratif et de l’organisation étatique, nous allons brièvement jeter un œil sur l’organisation de l’Afrique de l’Occidentale Française (AOF) conquise par le colonisateur français.  En effet, pour le colonisateur français, aussi longtemps que les africains restaient attachés a leur identités, à leurs valeurs, à leur lois, à leurs structures et à leurs religions, ils deviendraient difficilement assimilable. De ce fait, il fut donc nécessaire pour le colonisateur d’implanter des structures appropriées pour assimiler nos populations locales à l’empire français. En fait, dans l’esprit colonial, le meilleur que les populations colonisées d’Afrique pouvait espérer de cette politique d’assimilation était de devenir des sujets de la France, c'est-à-dire des hommes et des femmes possédant les obligations de la citoyenneté française et non les droits qui s’y rattache : c’est le statut d’indigénat. C’est ce statut d’indigénat qui donnera carte blanche au colonisateur pour implanter son État colonial hiérarchisé, dictatorial et autoritaire. En effet, à la tête de l’AOF, la France a installée un gouverneur général à Dakar (au Sénégal) d’où il exerçait son autorité sur les gouverneurs des colonies. Chacune des colonies était divisée, en moyenne, en une douzaine de cercles. L’immensité de l’AOF a fait que les commandants de cercles jouaient un rôle essentiel car la politique coloniale était effectivement mise en œuvre à l’échelle de leurs circonscriptions. Chaque commandant s’appuyait sur quelques administrateurs. Toute cette superstructure reposait sur moins de cinq cents hauts fonctionnaires français. Aux échelons inférieurs se situait les chefs indigènes (de canton ou de village) qui, au contact direct de la population, étaient chargés de la collecte des impôts, des réquisitions, du recrutement militaire, etc. Cela leur conférait du pouvoir sans aucune garantie de conservation de leur position : ils restaient les instruments de l’autorité coloniale, désignés par elle et toujours révocables. C’est ce même statut d’indigénat qui permettra à l’administration coloniale de sanctionner les populations indigènes sans procédures judiciaires, de leur imposer des travaux forcés dans les plantations, et de procéder à des opérations d’enrôlement massif des populations en tant que soldats, serviteurs, transporteurs ou main d’œuvre. Ces corvées, rajoutées aux taxes à payer sur le surplus de production, ont non seulement extrêmement appauvrie et perturbé nos sociétés ouest-africaines, mais de plus, elles ont endommagée fortement leur capacité de production et détruit leurs identités et traditions. Parmi les populations indigènes, seuls les chefs de canton, les fonctionnaires, les anciens combattants et les titulaires de diplômes échappaient au lourd statut d’indigénat censé élever les populations africaines vers la civilisation française. En Guinée par exemple, la colonisation s’est d’abord manifestée par une active exploitation de son potentiel agricole (plantations de bananes et de café, ainsi que l’obligation de la cueillette du caoutchouc).Cependant, non seulement cette mise en valeur des ressources naturelles de la Guinée ne s'orientait que vers les besoins de la métropole, mais de plus, elle ne bénéficiait guère aux populations locales qui, de plus, furent mises lourdement à contribution par le travail forcé et le recrutement militaire lors des deux guerres mondiales.  

 

Ainsi, de la déstructuration de nos grands États historiques et de l’implantation de l’État colonial tel que nous l’avons brièvement souligné, il apparaît que les rapports que nos sociétés africaines allaient avoir vis-à-vis de l’État colonial allait être profondément bouleversés. Plus aucune confiance n’existera désormais. Durant les 60 années que durera la colonisation en Guinée, les populations ordinaires percevront l’État colonial comme un persécuteur. Quant aux élites indigènes composées des chefs de cantons, des administrateurs publics et des forces de l’ordre, ils percevront l’État comme un moyen d’ascension sociale. La promesse du colonisateur envers nos élites indigènes était un contrat de patronage et de clientélisme. Les élites indigènes faisant fonctionner l’État colonial au profit du colonisateur, et en contrepartie le colonisateur faisant bénéficier aux élites indigènes des largesses et des avantages de l’État colonial. En quelques sortes, l’État et l’administration publique au temps de la colonisation n’était plus au service de la prospérité, de la sécurité et du bien-être de tous, mais plutôt au service du colonisateur et des ses clients, les élites indigènes.

 

À présent que nous avons compris comment la colonisation à déstructuré et radicalement transformé durant 60 années la mission de nos États historiques et les rapports entre « l’individu et l’État » dans nos société, il ne nous reste plus désormais qu’à comprendre pourquoi depuis l’indépendance coloniale en octobre 1958, voilà plus de 50 années que l’État et l’administration publique guinéenne sont toujours en faillite et incapables de garantir le bien-être, la sécurité et la prospérité pour tous. Dans le corps de ce document nous aurons à faire le diagnostique de l’État et de l’Administration publique guinéenne, c’est la raison pour laquelle pour le moment nous allons tout simplement essayer de comprendre la logique qui explique la faillite de l’État guinéen postcolonial.

 

La logique qui explique la faillite de l’État guinéen postcolonial prend ses racines de l’héritable colonial de la Guinée. En effet, comme nous l’avons mentionné auparavant, la colonisation a délibérément favorisé le maintien d’organisations de types autoritaires parce que c’est sur un despotisme décentralisé vers les chefs indigènes que devait reposer le système d’exploitation colonial. L’État colonial s’est donc caractérisé dès le départ, en Guinée comme ailleurs, par de vastes réseaux clientélistes qui le lient, à travers les élites guinéennes indigènes, aux différentes ethnies rivales. Ces élites guinéennes deviendront les clients des administrateurs coloniaux locaux qui récompenseront leur loyauté à travers l’accès aux ressources contrôlées par l’État. Voilà d’où proviennent la corruption, le clientélisme, le patronage et la conception de « l’État comme moyen d’accumulation de richesse » au sein de la société guinéenne. Après la période coloniale, l’accès à l’État et à ses ressources allait devenir le principal moyen d’accumulation de richesses en Guinée. Pour les élites privilégiés de chaque groupe ethnique, il s’agit ni plus ni moins, grâce aux politiques de corruption, de patronage et de clientélisme héritées de la colonisation, de conserver à tout prix leur poste au sein de l’État afin d’obtenir, non seulement une part des bénéfices de projets de développement à grande échelle pour leurs régions, mais aussi, des ressources leur permettant d’agrandir et d’entretenir leurs réseaux clientélistes.L’État et l’administration publique continueront à être perçus comme le seul moyen d’ascension sociale par les populations. La principale mission de l’administration publique postcoloniale en Guinée sera donc la « redistribution de salaires et d’avantages » au cercle restreint des fonctionnaires de l’État. Ainsi, nous voyons bien que, certes le colonisateur à fait ses bagages, mais la logique d’exploitation et de pillage qu’il a instauré dans notre société perdure encore dans l’État et l’administration publique guinéenne. Ce sont des avatars de la colonisation qui expliquent fondamentalement la faillite de l’État et de l’administration publique postcoloniales.

 

C’est justement la nécessité de doter la Guinée d’une administration publique tournée vers le service public, le développement, le bien-être, la sécurité et le bien-être de toutes les populations guinéennes, c’est pour cette principale raisons que la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée s’est donnée pour mission, avec ce travail de recherche, de proposer une réforme de grande envergure de l’administration publique guinéenne. Cette réforme que nous proposons à pour but de doter la Guinée d’un État et d’une administration publique capable d’impulser le développement et d’assouvir la soif de prospérité, de sécurité et de bien-être des populations guinéennes.

 

Pour ce faire, dans la suite de ce document :

 

  • Dans un premier temps nous allons procéder au diagnostic de l’État et de l’administration publique guinéenne ;

 

  • Puis, dans un second temps, nous faire une photographie de l’organisation actuelle des pouvoirs publics en Guinée ; et enfin,

 

  • Nous allons proposer les réformes nécessaires pour permettre au nouvel État de répondre de manière efficace et efficiente à sa nouvelle mission.

 

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