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Le Parlement européen a attribué son prix «pour la liberté de pensée» à l’ONG russe Memorial. Une manière de saluer le travail de l’association notamment en Tchétchénie. L’été dernier encore, une collaboratrice de Memorial était assassinée à Grozny.

Memorial, c'est la seule association de défense des droits de l'homme qui subsiste en Russie. L’ONG a été fondée à la fin des années 80, au temps de la perestroïka, par le prix Nobel de la paix, le dissident le plus célèbre de l'Union soviétique à l'époque : Andreï Sakharov, précisément.

Au début, Memorial s'occupait presque exclusivement de l'histoire du goulag et de ses victimes. Mais très vite, elle s'est intéressée au présent, à la Tchétchénie, au Caucase, et de manière générale, à une Russie en plein recul sur la question des libertés et de la démocratie.

Memorial s'est donc fait beaucoup d'ennemis. Certains ont des méthodes radicales, pour la faire taire : cet été, la responsable de l'association en Tchétchénie, Natalia Estemirova, a été tuée ; il y a deux ans, le directeur de Memorial, lui, a été enlevé, battu et menacé de mort.

La situation ne va pas dans la direction que nous aurions souhaitée, explique l'un des lauréats de ce prix Sakharov. Et ils sont de moins en moins nombreux à pouvoir le dénoncer. Déjà, en Tchétchénie, Memorial ne travaille plus : l'organisation a fermé son bureau depuis l'assassinat de sa collaboratrice. Memorial était là-bas la source de tous les journalistes qui voulaient parler des excès, des dérives, des violations des droits de l'homme commises par les pouvoirs en place. Aujourd'hui, sans ce travail de terrain, ces informations sont encore moins accessibles et les témoins presque introuvables.

Les lois russes, de plus en plus restrictives, sont aussi des armes pour contraindre au silence ; de même que les redressements fiscaux, les perquisitions et les procès : le président tchtétchène, Ramzan Kadyrov, vient d'obtenir en justice un peu plus de 1.000 euros de dommages et intérêts. Il s'estimait diffamé par Memorial. Il considère Memorial comme une organisation inventée pour salir la Russie. Vladimir Poutine, lui, compare les militants des droits de l'homme à des chacals à la solde des ambassades étrangères.

Thierry Parisot
Source:
http://www.rfi.fr/actufr/articles/118/article_85902.asp

Tag(s) : #International