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LDRG - Nouvel an 2015: Le Discours sur l'état de la nation et de la démocratie en Guinée

Guinéennes et guinéens,

Mes très cher(e)s compatriotes,

Nous voilà déjà au bout de l’année 2014 et à l’orée de la nouvelle année 2015. Dans ce monde globalisé, le temps passe très vite et les sociétés des quatre coins de la planète affrontent d’importants défis. Chaque société essaye, tant bien que mal, à se doter des meilleurs atouts pour relever les défis auxquelles elle est confrontée. Voilà d’où vient l’importance pour chaque société, au bout de chaque année, de dresser un état des lieux objectif de la situation pour savoir ce qui va bien et ce qui ne va pas; pour savoir si, oui ou non, elle est sur le bon chemin.

Tout au long de l’année 2014, comment la Guinée s’est comportée sur les multiples plans social, économique, politique et démocratique? Sur l’ensemble de ces plans, qu’est-ce qui va bien et qu’est-ce qui ne va pas? Avançons-nous, oui ou non, sur le bon chemin? Finalement, quelles sont les perspectives pour la Guinée en 2015 sur l’ensemble des plans social, économique, politique et démocratique?

Mesdames et messieurs,

Tout au long de cette adresse, avec toute l’objectivité que vous me prêtez, c’est à ce traditionnel exercice délicat d’autocritique pour l’année 2014 qui vient de s’écouler et de prédiction pour l’année 2015 qui s’annonce que je vais me prêter.

1-Sur le plan social : comme si les défis sociaux n’étaient pas déjà assez suffisamment importants pour la Guinée, tout au long de l’année 2014 nous avons vu se déclarer et se propager dans notre pays une épidémie sans précédent dans notre histoire et pour la communauté internationale : c’est l’épidémie d’Ébola. C’est une épidémie qui a profondément bousculé notre pays sur tous les plans. D’abord, elle a totalement déstabilisé un système de santé qui était déjà très fragile en terme d’infrastructure, de logistique, d’information sanitaire, de surveillance, de gouvernance et de système d’approvisionnement de médicaments. De même, elle a décimé le peu d’agents de santé qualifiés dont nous disposions à l’échelle nationale. Elle continue à exercer une forte pression sur nos traditions et coutumes. Elle a paralysée notre économie. Dans un Rapport publié le 2 Décembre 2014, la Banque Mondiale estime que, non seulement plus de $11 milliards vont s’évaporer dans le court terme de la Guinée en raison de l’épidémie d’Ébola, mais de plus, la Guinée sera en récession économique au dernier trimestre de l’année 2015. Cette épidémie met également en péril l’avenir de notre nation car, avec la fermeture des écoles, elle impacte négativement l’éducation nationale. Selon les chiffres du 22 Décembre 2014 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’épidémie d’Ébola a enregistré 1586 morts en Guinée. C’est 133 morts par mois depuis le mois de Janvier 2014. C’est une situation qui dépasse tout simplement l’entendement. Les rescapés et les orphelins de l’épidémie d’Ébola sont de plus en plus nombreux et ils subissent d’énormes stigmatisations sociales. Dans leur plus récent Rapport paru le 17 décembre 2014, la FAO et le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) estiment à 230 milles le nombre de personnes qui souffrent de famine en Guinée en raison de l’épidémie d’Ébola. Ces deux organisations estiment que d’ici le mois de Mars 2015 le nombre de personnes souffrant de famine en Guinée en raison de l’épidémie d’Ébola devrait atteindre 470 milles personnes (près d’un demi-million).

Mesdames et messieurs,

Sur le plan social, en plus du fait que la pauvreté s’est encore accentuée au cours de l’année 2014 (car la Guinée a encore reculé d’une place pour occuper le rang de 179ème sur 186 pays sur l’indice du développement humain (IDH) de l’ONU), en plus de l’exacerbation des manifestations populaires contre le manque d’eau et d’électricité, c’est surtout l’épidémie d’Ébola qui est venue plomber l’année sociale 2014 en Guinée.

Toute la question consiste à présent à savoir si le gouvernement Guinéen a pris toutes les mesures nécessaires pour faire face à cette épidémie en 2014. De toutes évidences, de graves erreurs ont été commises par le Président de la République et son gouvernement tout au long des trois premiers trimestres de l’année 2014. Ces erreurs ont consisté, non seulement au déni de la gravité de l’épidémie et au défaut d’une bonne communication envers les populations alors même que l’expansion de l’épidémie ne cessait de s’accélérer, mais aussi, en la fronde de stigmatisation menée par le Président Alpha Condé à l’encontre des acteurs en lutte contre cette épidémie hautement mortelle en Guinée, notamment ceux de Médecins Sans Frontières (MSF), de la Croix-Rouge et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ce sont là des erreurs qui ont coûté très cher à la Guinée sur tous les plans. Si le Président de la République avait agi de manière responsable dès la révélation par le laboratoire Français que l’épidémie qui sévissait dans le Sud de la Guinée au début d’année 2014 était la fièvre hémorragique Ébola, alors les dégâts humains et économiques auraient été considérablement limités.

Cela dit, il faut aussi souligner que depuis le début du dernier trimestre de l’année 2014, il y a eu une prise de conscience salutaire de la part du Président de la République et de son gouvernement par rapport à l’épidémie Ébola. On ne peut plus reprocher au Président Alpha Condé de ne pas fournir des efforts sur le plan de la lutte contre l’épidémie Ébola. Il faut surtout espérer qu’il en a tiré une leçon utile, et que dans sa vie personnelle ou dans sa vie publique, il saura désormais reconnaître et distinguer le futile du sérieux. Aujourd’hui, l’ensemble de la communauté internationale, à commencer par la France, les USA, l’OMS, l’ONU, la Banque Mondiale, le FMI ainsi que tous les organismes sur le terrain sont au chevet de la Guinée pour soutenir les efforts de réhabilitation et de réforme de notre système de santé publique. Malgré toute cette mobilisation internationale, le gouvernement n’a cependant présenté aucun plan de réhabilitation et de réforme à la hauteur des enjeux que nous traversons. Voilà une opportunité unique qui est à nouveau sur le point de s’échapper.

L’année sociale 2015 en Guinée sera donc principalement dictée par la capacité du gouvernement à atteindre le point zéro cas d’Ébola, mais aussi, par la capacité du gouvernement à saisir cette opportunité unique de la mobilisation internationale pour, à la fois, réformer notre système de santé publique et jeter les bases d’un véritable système de protection sociale inclusif en Guinée.

2-Sur le plan économique : au cours de l’année 2014 il y a eu plusieurs éléments qui méritent une grande attention. D’abord, il faut souligner la conclusion du 11ème Fonds Européen de Développement (FED) avec l’Union Européenne qui s’élève à €244 millions. Ce fonds devrait servir à financer pour les 5 prochaines années des projets dans le domaine de la santé, de l’assainissement urbain et de l’État de droit. De même, le gouvernement a réussi à faire débourser $56 millions dans le cadre des 3ème et 4ème revues de l’accord de facilité de crédit (FEC) avec le Fonds Monétaire International (FMI). Aussi, dans le cadre du soutien aux économies affectées par l’épidémie Ébola, le FMI a accordé $41 millions à la Guinée et la Banque Mondiale a accordé $153 millions. Au total, au cours de l’année 2014, le gouvernement Guinéen a réussi à ramasser un pactole de plus de $500 millions. Si l’économie se résumait tout simplement à l’aide publique au développement, alors l’année 2014 aurait été l’année de toutes les réussites économiques pour la Guinée.

Cependant, l’économie c’est bien plus que l’aide publique au développement. L’économie c’est la maîtrise du budget de l’État, c’est la gouvernance économique, c’est la politique économique, c’est la croissance économique, c’est l’inflation, c’est la consommation, c’est la production nationale, ce sont les exportations et les importations, c’est la création d’emploi, c’est le climat des affaires, ce sont des investissements publics et privés, et c’est la stabilité macroéconomique. L’économie, c’est tout cela.

Au cours de l’année 2014, en matière de maîtrise du budget de l’État, selon le Rapport de Novembre 2014 des Services du FMI, le gouvernement Guinéen se retrouve avec un déficit public de 4% au lieu des 2.6% prévu initialement. Cela signifie que les efforts n’ont pas été suffisants et que la tentation de remettre en marche la planche-à-billet sera très forte au cours de l’année 2015. De ce fait, en dépit des résultats positifs en matière de politique monétaire et de maintien du niveau des prix, l’année 2015 risque d’être l’année à laquelle l’inflation repartira à la hausse en Guinée. Quant à la gestion de la dette publique, l’année 2014 aura été l’année à laquelle le gouvernement a renoncé à une gestion rigoureuse de la dette publique car, malgré toutes les facilités des partenaires financiers du Club de Paris et des institutions de Bretton Woods, il n’a pas résisté à la tentation de contracter un nouveau prêt non-concessionnel de $80 millions. Ceci n’est pas du tout un bon signal pour les années à venir. Par ailleurs, concernant les réformes structurelles indispensables pour libérer le potentiel économique de la Guinée, les services du FMI soulignent le manque de sérieux du gouvernement Guinéen. Ils affirment dans leur rapport que certaines actions prévues antérieurement n’ont été partiellement menées qu’au début de l’année 2014. De même, des actions censées être exécutées durant le premier semestre de 2014 ne l’ont été qu’en Juillet 2014, tandis que d’autres mesures ont purement et simplement été reprogrammées pour une date ultérieure, pour ne pas dire abandonnées.

Cette impertinence dans la gouvernance économique vient se conjuguer avec une politique économique qui s’avère être totalement infructueuse pour la Guinée. En effet, dès son investiture en 2010, dans un pays où les demandes sociales sont immenses, Alpha Condé a fait de la réforme du code minier et de la révision des concessions minières une priorité fondamentale de sa politique économique. Ce n’est pas une tâche facile et il faut mettre à son crédit le courage d’avoir bien mené à terme un certain nombre de révisions bénéfiques pour la Guinée. Les promesses pour la Guinée étaient gigantesques avec le démarrage du Projet Simandou à $20 milliards de la compagnie Rio Tinto, le Projet d’alumine à $5 milliards du groupe Mabudala, et le projet transfrontalier de la compagnie minière SABLE. Cependant, il a suffit d’un simple choc sanitaire (l’épidémie d’Ébola) pour ébranler toute cette politique économique et plonger le pays dans la dépression économique. En faisant reposer toute sa politique économique sur les projets d’investissement miniers, ce gouvernement, à l’image de tous les gouvernements précédents, a fait une croix sur la diversification de l’économie guinéenne. L’économie guinéenne reste encore aujourd’hui une économie de rente qui dépend à plus de 80% des recettes minières. Pourtant, cette politique de concentration sur les mines est une politique de non-sens car, non seulement nous entrons dans une période de baisse durable du prix des matières premières à l’échelle mondiale, mais surtout, le secteur minier embauche à peine 5% de la main d’œuvre en Guinée alors que le secteur de l’agriculture embauche à lui seul 75% de la main d’œuvre nationale. Cette politique est en réalité la politique des paresseux. C’est une politique qui fait perdre chaque année des points de compétitivité à l’économie guinéenne. Il apparaît ainsi dans le Rapport 2014-2015 du World Economic Forum sur la Compétitivité que, sur 144 pays évalués, la Guinée occupe la place de 144ème. La Guinée est donc effectivement le pays le moins compétitif au monde. La Guinée est devenue le pays des gouvernants paresseux et partisans du moindre effort. Voilà le véritable problème qui fait perdurer la crise socioéconomique en Guinée depuis les 30 dernières années. Nous vivons dans un monde globalisé où tous les pays du monde sont en compétition. Ce que les uns perdent, les autres le gagnent. La compétitivité que la Guinée perd, ce sont nos pays voisins qui en bénéficient.

Pourtant, au sein de la LDRG, nous faisions partie de ceux qui espéraient fortement que la nomination d’un nouveau gouvernement en Janvier 2014 par le Président Alpha Condé allait être l’occasion d’un rééquilibrage de sa politique économique en faveur d’une diversification et d’une politique sociale soutenue. Un rééquilibrage aurait certainement permis d’amortir le choc sanitaire d’Ébola et éviter une récession économique à la Guinée en 2015. Hélas, ce ne fut guère le cas. Le nouveau gouvernement a poussé l’accélérateur dans le sens de la politique économique des grands projets d’investissements miniers. Aujourd’hui, non seulement l’ensemble de ces projets sont remis en cause en raison de l’épidémie Ébola, mais de plus, le climat des affaires en Guinée se retrouve très fortement dégradé.

La dégradation du climat des affaires provient certes pour une part de l’épidémie d’Ébola, cependant, la flambée de la corruption dans la gestion publique en ait pour beaucoup. De ce fait, le projet Simandou se voit fortement compromis du fait du grand brouhaha qui a entouré l’annulation de la concession minière acquise dans des conditions obscures par le groupe BSGR. Le grand projet minier Simandou sur lequel reposaient les plus grands espoirs du Président Alpha Condé se voit ainsi suspendu à une infinité d’actions judiciaires engagées par les différents groupes miniers protagonistes dans cette affaire. À présent, il serait tout simplement impossible d’imaginer des investisseurs étrangers lucides se lancer dans une concurrence farouche pour racheter les blocs miniers retirés à BSGR alors même que les actions judiciaires engagées par les groupes miniers protagonistes sur ces blocs ne connaissent pas encore leur épilogue. De plus, lorsque les investisseurs se rendent comptes que, au cours de l’année 2014, la Cour de Justice de la CEDEO a condamné la Guinée à payer $20 millions en dommages au groupe GETMA, et qu’elle a donné raison au groupe GETMA dans l’expropriation manu-militari de la gestion du Terminal à conteneur du port de Conakry en faveur du groupe Bolloré, alors la méfiance à l’égard de Conakry devient généralisée dans le monde des affaires. Ce n’est donc pas du tout étonnant d’apprendre que le célèbre Magazine Forbes, reconnu pour être une référence dans le monde des affaires, vient de désigner la Guinée, dans une parution du 17 Décembre 2014, comme le pays le plus déconseillé au monde en matière d’affaires et d’investissements privés. De même, la Guinée apparaît, pour la deuxième année consécutive, comme le pays le plus corrompu en Afrique de l’Ouest dans l’Indice de perception de la corruption 2014 de l’organisation Transparency International.

Alors que le Président Alpha Condé et son gouvernement ont tendance à justifier l’échec de leur politique économique en raison de l’épidémie Ébola, cependant, il apparaît clairement que c’est surtout la conjugaison du laxisme budgétaire, de la négligence à l’égard des réformes structurelles indispensables pour libérer le potentiel économique du pays, des mauvais choix de politique économique, de l’assombrissement du climat des affaires et de la persistance de la corruption généralisée, c’est plutôt la conjugaison de l’ensemble de ces facteurs au cours de l’année économique 2014 qui explique pour beaucoup la morosité de l’économie guinéenne, et la récession économique prévue pour l’année 2015 en Guinée. Par exemple, contrairement à la Guinée, le Libéria qui a aussi été frappé plus durement que la Guinée par l’épidémie d’Ébola connaîtra un regain d’activité économique en 2015. Donc, contrairement à ce qu’affirme le Président Alpha Condé, ce n’est pas Ébola qui est la première cause de la récession économique qui s’annonce en 2015 en Guinée.

Mesdames et messieurs,

La prospérité économique est le fruit de politiques économiques intelligentes et saines. Selon toute objectivité, il apparaît clairement que les choix et décisions économiques prises par le Président Alpha Condé et son gouvernement au cours de l’année 2014 nous éloignent chaque jour de la prospérité. Dans son Rapport parue en Novembre 2014 sur la Prospérité en Afrique, le LEGATUM INSTITUTE classe la Guinée au rang de 32ème sur 38 pays en Afrique. Le plus grave pour ce gouvernement est le fait que, entre 2012 et 2014, en matière de prospérité, la Guinée a reculé de la 28ème à la 32ème place. Donc, sous la conduite du Président Alpha Condé, le niveau de vie des populations guinéennes s’est considérablement dégradé. Pour un Président qui accuse régulièrement ses prédécesseurs d’être responsables de ses difficultés, ceci est un énorme camouflet et un très mauvais signal pour l’avenir de la Guinée. Alors que partout ailleurs en Afrique des pays émergent, sortent leurs populations de la pauvreté, initient des projets futuristes et atteignent le stade de pays à revenu intermédiaire; nous, en Guinée, nous ne sommes toujours pas sur le bon chemin; nous ne sommes toujours pas prêts à rejoindre le club des gagnants de ce monde globalisé. Nos gouvernants évoluent encore avec l’esprit rétrograde du pouvoir pour l’accumulation illicite des richesses nationales.

La seule bonne nouvelle en matière économique pour l’année 2014 vient d’un jeune entrepreneur Guinéen communément appelé KPC, président du groupe GUICOPRESS, ayant décroché le prix de l’entrepreneur africain de l’année. Ceci est un message qui nous parle et qui devrait définitivement convaincre le gouvernement à accélérer les réformes structurelles nécessaires pour libérer le potentiel économique de notre pays et favoriser l’initiative individuelle. Le succès économique de la Guinée dépendra de la capacité de notre pays à promouvoir nos jeunes talents et à produire des entrepreneurs de la carrure du jeune KPC.

3-Sur le plan politique et démocratique : l’un des faits marquants sur ce plan fut l’installation en début d’année 2014 d’une nouvelle Assemblée nationale au sein de laquelle l’opposition est fortement représentée. Les débats parlementaires sont à leur balbutiement et le gouvernement se prête, peu à peu, au jeu des questions parlementaires. Cela, il faut le mettre au crédit du Président Alpha Condé et son gouvernement. C’est vraiment une très bonne chose pour l’apprentissage de la culture parlementaire et l’édification de notre jeune démocratie.

Par ailleurs, le principal enjeu de la vie politique guinéenne au cours de l’année 2014 fut l’application des accords politiques du 3 juillet 2013 qui prévoyaient, entre autre, la tenue des élections locales en Mars 2014. Non seulement ces élections n’ont pas eu lieu, mais de plus, en cette fin d’année 2014 le débat politique s’étend désormais aux questions récurrentes de réorganisation de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et de révision du fichier électorale. En quelques sortes, sur le plan politique, rien n’a changé en Guinée. Nous assistons au même débat depuis 25 ans avec la classe politique guinéenne. Alors que l’année 2015 semble être une année électorale en Guinée, non seulement les deux camps (pouvoir et opposition) ont des positions tranchées sur l’ensemble de ces questions, mais de plus, la crise de confiance entre pouvoir et opposition est à son comble. Ce qui n’augure rien de bon pour l’année 2015 dans la mesure où les uns menaces de reprendre des manifestations de rue en pleine période de crise sanitaire d’Ébola, et que les autres menaces de ne tolérer aucune manifestation politique.

Mesdames et messieurs,

En plus d’une véritable régression de la Guinée en matière de liberté de la presse, voilà à quoi s’est résumée la vie politique et démocratique guinéenne au cours de l’année 2014. Vous aurez compris que, à une année des élections présidentielles, nous n’aurions donc droit à aucun débat civilisé et sérieux sur l’avenir de la nation; nous n’aurions droit à aucun débat civilisé et sérieux sur les politiques publiques à mettre en œuvre pour sortir la nation de la pauvreté et remettre notre pays sur le chemin du développement et de la prospérité. C’est encore et toujours les mêmes querelles politiciennes sur le fichier électoral et les élections. C’est encore et toujours les mêmes querelles politiciennes sur l’appartenance ethnique de tel ou tel. C’est tout simplement un grand gâchis.

Guinéennes et guinéens,

Pour espérer un jour sortir définitivement de cet imbroglio politique stérile pour notre démocratie et notre nation, il faut d’abord commencer par situer la VÉRITÉ. La Vérité n’est pas compliquée : elle est simple, claire et audible. La Vérité est qu’en 2008, suite au décès du Général Lansana Conté, une période de transition politique et démocratique s’est ouverte en Guinée. Cette période de transition politique était l’occasion unique pour jeter les bases d’une vie politique et démocratique régie par des institutions légitimes, fortes et équilibrées. La Vérité est qu’au cours de cette période de transition, malgré les 29 rudes journées de jeûne que j’ai consenti pour la Nouvelle République, malgré les 208 km de marche pénible que j’ai accompli au nom du marathon pour la Nouvelle République, et malgré les 761 signataires que j’ai rassemblé à ce jour pour la pétition pour la Nouvelle République, malgré ce lourd sacrifice personnel que j’ai consenti pour appeler la classe politique guinéenne à la raison, malgré tout, ils ont préféré rédiger à huit-clos et décréter contre toute la nation une constitution oppressive et dictatoriale qui place les gouvernants au-dessus des lois. Ils ont préféré résumer une transition de 4 années à de simples questions électorales, chacun croyant fermement qu’il sera le prochain vainqueur, le prochain pharaon.

Mesdames et messieurs,

Qu’on veuille l’entendre ou qu’on ne le veuille pas, mais c’est bien celle-là VÉRITÉ. Alors, oui, il y a eu un vainqueur. Et ce vainqueur qualifié aujourd’hui par ces opposants politiques de dictateur ne fait pourtant que gouverner selon les lois et la constitution oppressive et dictatoriale que l’ensemble de la classe politique guinéenne a rédigé à huit-clos et décrété contre nous, nous le peuple martyre de Guinée. La constitution rédigée à huit-clos et décrétée contre nous donne tous les pouvoirs au Chef de l’État. La question aujourd’hui n’est donc pas de dire que Alpha Condé refuse le dialogue ou qu’il faut réorganiser la CENI ou ceci ou cela. La seule question à se poser est celle de savoir pourquoi le Chef de l’État n’utiliserait-il pas tous les pouvoirs que lui confère cette constitution oppressive dictée et décrétée contre nous pour se maintenir au pouvoir?

Mesdames et messieurs,

Vous l’aurez donc compris, le théâtre auquel nous assistons aujourd’hui sur le plan politique et démocratique en Guinée n’est rien d’autre que le résultat du comportement irresponsable de l’ensemble de la classe politique guinéenne au cours de la période de transition que nous avons connu entre 2008 et 2012. Cela, il faut le dire haut et fort à la face de chacun des acteurs politiques guinéens. Ils ont crus qu’ils pouvaient avoir la démocratie pour eux et nous maintenir, nous le peuple, dans l’oppression. Il se trouve malheureusement que la démocratie est indivisible : soit elle existe pour tous, soit elle est totalement absente. Donc, sur le plan strictement politique et démocratique, la VÉRITÉ n’est ni du côté de l’opposition ni du côté du pouvoir en place. La VÉRITÉ est de notre côté, nous le peuple contre lequel des lois oppressives et dictatoriales ont été dictées et décrétées malgré le lourd sacrifice que nous avons consenti au cours de la période de transition. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui plus que jamais, nous sommes dans une totale légitimité historique pour mettre humblement en garde les acteurs politiques guinéens, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition : « vous avez voulu des élections, vous avez obtenu vos élections. Vous voulez encore des élections, vous en obtiendrez encore. Mais la division et l’instrumentalisation politique de la diversité ethnique de notre nation pour assouvir vos ambitions personnelles ont atteint leur limite. Ceux qui invitent les populations à manifester dans la rue pour des raisons électorales, comme ceux qui répriment le peuple, seront tous responsables au même pied d’égalité des dérapages qui en résulteront et répondront inéluctablement de leurs actes devant la Justice. J’invite les acteurs politiques concernés à ne surtout pas prendre à la légère cette mise en garde, parce que personne d’entre eux ne sait comment il finira. »

Tant et aussi longtemps que les acteurs politiques guinéens mèneront leur lutte politique pour acquérir ou conserver le pouvoir dans le cadre de la constitution oppressive et dictatoriale décrétée contre nous au cours de la transition, alors ils seront tout simplement moralement indéfendable quelques soient les défauts du camp d’en face. Celles et ceux parmi eux qui seront les premiers à renier les lois oppressives dictées et décrétées contre le peuple de Guinée, et qui appellerons à l’ouverture d’une nouvelle période de transition, trouveront en la LDRG un allié de taille. Je rappel ici que depuis qu’ils l’ont dicté et décrété, au sein de la LDRG, nous refusons de reconnaître leur constitution oppressive et dictatoriale. Et nous vivons bien avec cela. Reconnaître cette constitution équivaudrait à renier ce qui nous reste de plus pure et de plus profond : notre dignité, notre liberté et notre droit à l’auto-détermination.

Conclusion

Guinéennes et guinéens,

Mes très cher(e)s compatriotes,

Tout au long de l’année 2014, voilà comment la Guinée s’est comportée sur les différents plans social, économique, politique et démocratique. Tout porte à croire que l’année 2015 ne nous réserve qu’Ébola, famine, précarité sociale, récession économique, et instabilité politique. Ceci est un cocktail explosif contre lequel nous devons dès maintenant nous prémunir. Nous devons nous rassembler au-delà des partis et des ethnies pour défendre notre nation contre la division ethnique et les violences politiques. Nous devons nous rassembler autour d’un idéal commun qui dépasse les petites ambitions personnelles de chacun de nous. Depuis 2008 la LDRG a mis en avant une plateforme réformatrice susceptible de changer le cours de l’histoire en Guinée. Cette plateforme nous invite à faire ce que nous aurions dû faire au cours de la période de transition : tenir une grande consultation nationale inclusive à l’issue de laquelle se tiendra un RÉFÉRENDUM POPULAIRE sur une nouvelle Constitution contenant des garde-fous suffisamment forts pour ramener la confiance entre les différents protagonistes de la vie politique guinéenne, mettre un terme aux abus de pouvoir, et contraindre les acteurs politiques guinéens à faire de la politique de manière responsable et utile à la nation.

Mesdames et messieurs,

Je fais appel au bon sens de chacun de vous et je vous invite à adhérer et à soutenir cette plateforme. Il est grand temps de le faire. Au cours des prochains mois, cette plateforme sera active comme elle ne l’a jamais été par le passé. Nous irons solliciter le soutien de chacun de vous. Nous irons taper à la porte de chacun de vous. Quand il s’agit de la Guinée et de notre nation, vous le savez : rien n’est assez difficile pour nous. Il n’y a pas que « pouvoir et opposition » en Guinée. Vous le savez bien désormais, il y a NOUS aussi. Nous avons notre mot à dire, nous avons notre rôle à jouer, et nous avons une place à occuper dans le Renouveau et le véritable Changement en Guinée. Vous pouvez compter sur notre détermination à ne rien laisser passer : nous sommes là pour rester jusqu’à ce que la VÉRITÉ triomphe définitivement et perpétuellement dans la vie sociopolitique et démocratique guinéenne.

Guinéennes et guinéens,

Mes très cher(e)s compatriotes,

À l’orée de cette nouvelle année 2015, je ne peux conclure cette adresse sans pour autant vous adresser mes meilleurs vœux de santé, de bonheur, de paix et de réussite. Mes pensées vont vers toutes ces nombreuses familles endeuillées par l’épidémie d’Ébola. Je salue également le courage des médecins sur le terrain qui se sacrifient pour sauver des vies. Je vous invite à garder espoir et à croire en notre capacité à changer le cours de l’histoire en Guinée. Notre pays est rempli de jeunes talents qui n’attendent que d’avoir l’occasion de briller et de contribuer au succès de leur pays. Je vous invite à chasser la haine de vos foyers et à faire toute sa place à l’amour de vos prochains. Mobilisez toutes vos forces et toutes vos énergies : vous aurez bientôt l’occasion d’apporter votre contribution à l’édification de notre Nouvelle République. Plus que jamais, le Guinée a besoin de chacun de nous.

VIVE L’UNION NATIONALE

VIVE LA LDRG

POUR QUE VIVE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE

JE VOUS REMERCIE DE VOTRE AIMABLE ATTENTION

Mamadou Oury Diallo

Président de la LDRG

Tag(s) : #Société-Guinée