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«13 mai / Guinée - La crise est profonde: Les petits accords ne seront jamais à la hauteur »

Guinéennes et guinéens,

Mes très chers compatriotes,

Le 13 mai 2010, au bout d’un processus opaque au cours duquel le Peuple fut totalement exclu, une constitution fut décrétée en Guinée. Comme si la nation était inhibée de tout progrès, comme s’il n’y avait jamais eu les Concertations nationales de mars 2006, comme s’il n’y avait jamais eu les soulèvements populaires de Juin 2006 et de Janvier 2007, la constitution décrétée le 13 mai 2010 ne contient aucun élément de rupture avec les 25 années de régime miliaire que le Peuple de Guinée a enduré avec un martyre remarquable. Pourtant, immédiatement après l’ouverture de la période de transition en décembre 2008, alors que les acteurs politiques rivalisaient de précipitation pour prêter allégeance à la junte militaire, au nom de la LDRG, j’ai rappelé la feuille de route des Concertations nationales de mars 2006. Tout au long de la période de transition, je n’ai jamais cessé de rappeler les aspirations démocratiques du peuple de Juin 2006 et de Janvier 2007. De même, je n’ai jamais cessé de prévenir sur les risques et dangers de résumer une transition de 4 années à de simples questions électorales. Et finalement, j’ai lutté. J’ai lutté par mon âme et par ma chair pour ramener les uns et les autres à la raison : j’ai accompli à ce jour 31 rudes journées de jeûne, j’ai effectué 208 km de marche pénible, et j’ai récolté à ce jour 767 signataires. Malgré tout, en affirmant que le problème de la Guinée se résumait à la tenue des élections, ils ont décrété cette constitution oppressive et incohérente contre le peuple pour aller très vite aux élections.

Mesdames et messieurs,

Aujourd’hui, en ce 13 mai 2015, cinq années plus tard, à l’approche de nouvelles élections, la Guinée se retrouve pourtant totalement paralysée par une crise politique qui fait chaque jour plusieurs blessés, des morts et des dégâts matériels considérables. De plus, la division et la haine cultivées entre nos différentes communautés ethniques ne cessent de s’aggraver. Finalement, il apparaît selon toute vraisemblance que la constitution décrétée le 13 mai 2010 a apporté plus de problèmes que de solutions à la nation. Chaque jour cette constitution est foulée au pied comme un chiffon par ceux-là même qui l’ont fait décréter. Alors que les uns ont vidé le parlement et ne reconnaissent même plus la légitimité des différentes institutions, les autres gouvernent au forcing en appliquant les lois comme bon leur semble. Désormais de petits-accords-mesquins manigancés entre politiciens sous le dos et l’ignorance du peuple ont plus de valeur que la constitution bancale qu’ils ont décrété. Cependant, il se trouve que même le minimum de confiance sur lequel pouvait reposer ces petits-accords-mesquins manigancés sous le dos du peuple, même ce minimum de confiance s’est envolé. Donc, il est évident que c’est la crise. Les quatre années de transition que nous avons connue de 2008 à 2012 n’auront servi absolument à rien. Voilà le résultat des mauvaises graines qu’ils ont semé tout au long de la période de transition. Autant dire qu’à l’allure où vont les choses, l’irréparable est sur le point d’arriver sur nos terres de Guinée.

Guinéennes et guinéens,

Mes très cher(e)s compatriotes,

L’objet de ce message n’est cependant ni de pointer du doigt les responsables de la crise que nous traversons, encore moins de vous dire que j’ai eu raison et qu’ils ont eu tort. Cela n’a que très peu d’importance à l’heure où nous sommes aujourd’hui. L’objet de ce message n’est pas non plus de vous vendre des illusions, nous ne sommes plus à l’âge des illusions. Le seul et unique objet de ce Message est de vous rappeler l’acte fondateur de notre nation.

En effet, lorsqu’une nation se voit paralysée, lorsqu’elle peine à aller de l’avant, lorsqu’elle est au plus bas et perd tous ses repères, en ce moment précis, la meilleure chose à faire est de revenir à ses fondamentaux. Les fondamentaux de notre nation c’est le pacte originel scellé le 28 septembre 1958 par les différents peuples qui composent notre nation. Je rappelle qu’en 1958, comme aujourd’hui, il existait déjà plusieurs formations politiques et plusieurs communautés ethniques en Guinée. Vous serez même étonné d’apprendre qu’à l’époque les tensions politiques et ethniques étaient plus intenses qu’elles ne le sont aujourd’hui. Cependant, lorsqu’il fut question de faire le choix entre « recouvrir sa liberté » ou « rester sous la colonisation », il est extrêmement important de noter qu’à l’époque toutes les divergences politiques et ethniques ont immédiatement disparu pour ne faire place qu’à une position unique en Guinée, celle en faveur de l’indépendance immédiate. C’est à ce moment précis de notre histoire, c’est-à-dire le 28 septembre 1958, lorsque l’ensemble des peuples de la Guinée ont fait front commun pour majoritairement voter NON lors du référendum d’auto-détermination, c’est à ce moment précis qu’est née notre « Formidable et Belle Nation ». L’acte fondateur de notre nation, c’est donc ce principe universel selon lequel « tous les peuples sont égaux et libres de choisir leur propre destin ». Ce « Rêve Guinéen » fut un immense espoir pour l’ensemble des peuples colonisés et opprimés d’Afrique. Le « Rêve Guinéen » fut ci-attrayant qu’il délivrera deux ans plus tard, notamment en 1960, l’ensemble des peuples de l’Afrique occidentale du statut dégradant et humiliant de « colonisé ». La Guinée sera le quartier général de toutes les luttes de libération en Afrique. Le « Rêve Guinéen » fut donc une extraordinaire force libératrice et un mouvement de dignité humaine pour tous les peuples opprimés du monde.

Guinéennes et guinéens,

Mes très cher(e)s compatriotes,

À la base, voilà ce que nous sommes véritablement : des hommes et des femmes audacieux, courageux et dignes. Et lorsque nous nous donnons les mains, voilà de quoi nous sommes capables : relever les défis humains les plus nobles et les plus immenses. Cela, il ne faut jamais au plus grand jamais le perdre de vue. Cela doit vivre et perdurer à travers chaque Génération : c’est l’âme de notre nation.

Pourquoi je tiens aujourd’hui à vous rappeler l’acte fondateur de notre nation? C’est parce qu’en réalité la crise que traverse notre nation aujourd’hui est une crise très profonde qui est le résultat des faillites morales accumulées de plusieurs générations d’acteurs publics et politiques. Les petits-accords-mesquins manigancés sous le dos du peuple et les concours de popularité des acteurs politiques guinéens sont totalement insignifiants face aux multiples défis démocratiques, sociaux et économiques auxquels nous sommes confrontés. Il faut enfin que tout le monde soi conscient de cela. Ces petits-accords-mesquins manigancés sous le dos du peuple ne feront que nous conduire de crise en crise jusqu’au jour où l’irréparable rattrapera notre nation. Les grands défis auxquels nous sommes confrontés exigent de notre nation qu’elle s’élève et qu’elle donne le meilleur d’elle-même. Comme le peuple du 28 septembre 1958 a réussi à le faire, il revient donc aujourd’hui à notre Génération de trouver l’Audace, le Courage et la Force, non seulement d’effacer nos divergences politiques et ethniques, mais aussi, de redonner un nouveau sens au « Rêve Guinéen ».

Redonner un nouveau sens au « Rêve Guinéen » consiste aujourd’hui pour notre Génération, au-delà de nos appartenances politiques et ethniques, à nous défaire des lois oppressives et dictatoriales qui divisent notre nation, qui entraînent la paupérisation de nos populations dans la pauvreté, et qui freinent considérablement le progrès socioéconomique et démocratique de notre pays. Redonner un nouveau sens au « Rêve Guinéen » consiste pour notre Génération à poser l’acte de rédemption de notre nation. Le « Rêve Guinéen » est née suite au référendum du 28 septembre 1958, alors l’acte de rédemption de notre nation consistera à tenir une Grande Consultation nationale à l’issue de laquelle se tiendra un RÉFÉRENDUM POPULAIRE sur une Nouvelle Constitution répondant aux aspirations démocratiques du Peuple de Juin 2006 et de Janvier 2007; une Nouvelle Constitution suffisamment forte pour mettre un terme aux abus de pouvoir, suffisamment forte pour garantir l’intégrité de nos institution, et suffisamment forte pour contraindre les acteurs politiques à faire de la politique de manière responsable et utile à notre nation.

Mesdames et messieurs,

Mes très cher(e)s compatriotes,

Cet acte de rédemption, cette Grande Consultation nationale suivi d’un RÉFÉRENDUM POPULAIRE, sera l’occasion unique pour notre nation, après tant d’années d’errance, après tant de dégâts, après tant blessés et de familles endeuillés, cet acte de rédemption sera enfin une occasion unique pour notre nation de réfléchir enfin ensemble, non plus sur la manière de nous diviser comme ne cessent de le faire les politiciens à travers les élections, mais plutôt, sur la manière de vivre harmonieusement ensemble. Voilà, avant tout, de quoi nous avons besoin aujourd’hui. Nous avons déjà perdu assez de temps et la misère du peuple ne cesse de s’aggraver. Il est temps de faire les choses comme elles doivent être faites. La solution existe et il n’y aura pas de raccourci à cette solution. Elle requiert de notre nation qu’elle s’élève et qu’elle donne le meilleur d’elle-même. Au sein de la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée (LDRG), vous en êtes témoin, par notre âme et par notre chair, chaque jour nous donnons le meilleur de nous-mêmes. Chacun de vous peut y arriver. Ensemble, au-delà des partis et des ethnies, nous réussirons. Joignez-vous au MOUVEMENT!

Je vous remercie de votre aimable attention!

Vive la nation!

Mamadou Oury Diallo

Le Président

Tag(s) : #Politique-Guinée