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Il a récemment été largement annoncé par certains médias en Guinée que les États-Unis ont sanctionné la Guinée dans le cadre des fonds du Millennium Challenge Corporation (MCC). Cette nouvelle a été relayé et certains opposants s’en sont même réjouis. Cependant, un certain éclairage est nécessaire sur ce point afin de donner à l’opinion publique la bonne information. D’ailleurs le Ministre en charge des Investissements et des Partenariats Publics Privés, Mr Gabriel Curtis, a fait une sortie subséquente pour mieux éclairer l’opinion.

1-Premièrement, il est donc important de comprendre que les États-Unis n’ont pas sanctionné la Guinée: En fait, pour accéder aux fonds du MCC, il suffit tout simplement de remplir certains critères. Il se trouve que la Guinée n’a pas rempli les critères nécessaires pour se qualifier pour le fonds de $500 millions de dollars. Je comprend très bien à quel point cela peut être amère et frustrant pour le Ministre Gabriel Curtis qui ne cesse de fournir des efforts considérables dans ses domaines de compétences pour améliorer la Vitrine Marketable de la Guinée. Très peu d’observateurs l’ont remarqué, mais je crois encore aujourd’hui que, sur le plan de la modernisation et de la réforme de l'économie guinéenne, Mr Gabriel Curtis est l’acteur qui a eu le plus grand impact ces dernières années. D’abord avec l’APIP, puis aujourd’hui au Ministère en charge des Investissements et des Partenariats Publics Privé. Quand c’est bon, il faut le dire. Et je crois que mes quelques centaines de milliers de sympathisants m’écoutent encore aujourd’hui parce que justement je le dis lorsque c’est bien, et je le dis aussi à haute voix lorsque ce n’est pas bien. Je répète donc que la Guinée compte des cadres très compétents qui méritent beaucoup de respects. Dans l’Administration et dans le Gouvernement Guinéen, j’en connais un certain nombre que j’admire beaucoup. Il y a quelques mois, lorsque la répression sauvage du régime s’est déchainée contre les populations, j’en ai appelé à la démission des cadres compétents. Certains ont quitté et d’autre sont restés. Je referme donc cette parenthèse pour redire que je comprend bien la frustration du ministre Curtis fasse, somme toute, à l’échec du Gouvernement Guinéen à se qualifier au fonds de $500 millions malgré que lui, en tant que Ministre, il fait sa part. Lors de son briefing au Conseil des Ministres, certes il a souligné que cet échec est dû pour une part au défaut de communication du réseau diplomatique guinéen, mais il n’a pas manqué de souligner que cela est aussi dû au recul sur la question des droits humains. Ce facteur est très important au moment même où le Président de la République et son Premier ministre annoncent des lendemains difficiles pour les populations. En quelques sortes, à cause des répressions policières et militaires, voilà que $500 millions d’investissements vont échapper à la Guinée. Je suggère donc que le premier à payer la facture soit le budget de la défense et de la sécurité qui se taille déjà la part du lion dans les arbitrages budgétaires. Au lieu d’augmenter le prix du carburant ou la TVA, commençons par geler et réduire le budget de l’armée, de la gendarmerie et de la police.

2-Deuxièmement, il est aussi important de faire une distinction importante. Dans tous les rapports et communiqués que j’ai publié et partagé avec la Communauté Internationale, je n’ai jamais réclamé d’imposer des sanctions financières contre la Guinée: À ce stade de la crise politique et socioéconomique, aucun acteur public responsable ne peut réclamer de sanctionner financièrement un pays comme la Guinée. Surtout pas le secteur privé guinéen. À quoi il sert de faire payer à toute la population les conséquences des actes de quelques sanguinaires? Tout au contraire, je souhaite que des investissements et des capitaux de plus en plus importants afflux vers la Guinée. J’aurai préféré que la Guinée soit aujourd’hui le pays le plus transparent et le moins corrompu afin que ce capital puisse tourner de plus en plus vite dans l’économie et créer de la richesse. Ce n’est pas le cas encore, mais malgré tout il faut non seulement encourager les capitaux étrangers à affluer vers la Guinée, mais de plus il faut garantir la confiance envers les investisseurs étrangers et locaux. Malheureusement, le Ministre Gabriel Curtis ne se fait pas aider dans ce sens car la corruption et la question des droits humains est un facteur important pour faciliter l’afflux des capitaux. À ce titre, c’est également une mauvaise nouvelle pour lui de savoir que la question des droits humains et de la démocratie est à nouveau centrale dans l’Accord de Partenariat récemment renouvelé entre l’Union Européenne et les pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Cependant, dans tous les rapports et communiqués que j’ai publié et partagé avec la Communauté Internationale, j’ai toujours réclamé des sanctions ciblées envers les acteurs de fraudes, de corruption et de l’appareil répressif du régime. Nous ne pouvons plus faire comme s’il n’y a pas eu une fosse commune à Nzérékoré, des répressions ayant coûté la vie à plus de 380 citoyens, des détenus politiques qui se comptent par centaine, alors que certains meurent en détention. Nous ne pouvons plus faire comme s’il n’y avait pas des millions de victimes qui souffrent de ces répressions. Donc je réclame encore des sanctions ciblées contre l’appareil répressif du régime jusqu’à ce que le Gouvernement Guinéen se conforme au droit humanitaire international.

3-Troisièmement et finalement, au titre des sanctions, depuis la publication du Rapport « ROGER BAMBA » le 30 janvier 2021, la seule sanction concrète qu’a subi le régime de Conakry est celle de l’Union Européenne qui a décidé de suspendre son soutien à l’appareil de répression du régime dans son volet Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI). Non seulement je souhaite que les États-Unis en fasse autant, mais de plus, je continue à travailler dans ce sens pour encourager la Communauté Internationale à aller plus loin en ciblant directement les individus commanditaires et exécutants des répressions en Guinée. Voilà pourquoi dans le Rapport « ROGER BAMBA » j’ai bien distingué les acteurs réformateurs du régime de ceux qui sont réactionnaires. Les premiers, comme vient de le faire les ministres Curtis, Kaba (Affaires Étrangères) et bien d’autres, méritent d’être soutenu pour les encourager à continuer à prendre des initiatives réformatrices et à peser de plus en plus lourd dans la balance des décisions à Sékoutouréyah.  

En conclusion: il faut donc souligner que les États-Unis n’ont pas sanctionné la Guinée. Le Gouvernement Guinéen, par la faute de son appareil répressif, s’est tout simplement disqualifié pour des investissements de $500 millions de dollars. Et le Gouvernement risque de se disqualifier pour d’autres fonds s’il ne se conforme pas au Droit Humanitaire International. De ce fait, au lieu d’augmenter le prix du carburant ou les taxes, je suggère au Gouvernement de geler et réduire le budget des forces de police, de la gendarmerie et des forces militaires car ce sont ces corps qui sont responsables des répressions qui sont en train de priver la Guinée de plusieurs centaines de millions de dollars d’investissements. Puis, aucun acteur public responsable ne doit réclamer des sanctions financières contre la Guinée même si la corruption fait légion car ce sont les populations et le secteur privé qui en pâtiront. Les seules sanctions contre le Gouvernement Guinéen depuis la publication du Rapport « ROGER BAMBA » sont celles de l’Union Européenne. Et nous encourageons les États-Unis et la Communauté Internationale, non seulement à emboiter le pas de l’Union Européenne, mais aussi, à aller plus loin dans les sanctions ciblées contre les acteurs de la fraude, de la corruption et de l’appareil répressif du régime de Conakry. Finalement, la Guinée compte des cadres compétents dans l’Administration publique et dans le Gouvernement que j’admire beaucoup car ils sont capables de faire évoluer ce pays. Je parie sur eux! Je les encourage à s’émanciper des réactionnaires et à prendre des initiatives réformatrices. En espérant que Sékoutoureyah leur accorde de plus en plus d’attention.

Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG

Tag(s) : #Afrique, #Economie-Guinée