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Mr Mamadou Oury Diallo, Président de la LDRG

Il y a quelque chose d’un peu curieux en Guinée. Je me demande si vous l’avez aussi remarqué: Tous les acteurs qui proposent de réduire ou faire disparaître les partis politiques sont des acteurs qui ont déjà à un parti politique ou des acteurs qui ne font pas la politique. Je trouve cela très curieux!

C’est comme lorsque des personnes qui n’aiment pas manger la mangue disent au chef de village d’interdir aux gens de manger la mangue au village. Ou alors, c’est comme lorsque vous montez sur un manguier et cueillez pour vous-même plusieurs mangues. Et à votre descente vous demandez au chef du village d’interdire la cueillette de mangues. N’est ce pas curieux?

Sachons ce que nous voulons dans ce pays. Le multipartisme est un acquis démocratique séculier dans notre pays. S’attaquer au multipartisme c’est, non seulement remettre en cause le caractère démocratique de notre État, mais surtout, remettre en cause la liberté d’association qui est un droit universel.

Après une longue réflexion, au sein de la LDRG nous sommes arrivés à la conclusion que toutes les propositions pour diminuer par la loi le nombre de partis politiques sont de « petits arbres » qui cachent la forêt. La seule et unique manière pour avoir un environnement politique sain et lisible c’est:

  • Premièrement, de donner les moyens au ministère de l’administration du territoire de vérifier la conformité de l’ensemble des partis politiques aux lois en vigueur. Les partis non-conformes pourront être suspendus jusqu’à ce qu’ils rentrent en ordre: siège, comptes bancaires, status, règlement intérieur et assemblée générale.
  • Deuxièmement, d’organiser des élections démocratiques, crédibles et transparentes. En Guinée nous avons même perdu de vue l’essentiel. Nous avons presque oublié qu’un parti politique porte une vision, des propositions et des solutions. Si les élections sont démocratiques, crédibles et transparentes, je ne vois pas comment des partis politiques dénués de propositions concrètes pour le peuple peuvent survivre. En cette matière, ce n’est pas la loi qui décide, mais plutôt le peuple. Si le peuple n’est pas sensible à votre offre politique, vous n’aurez pas les 5% de voix nécessaires pour continuer à financer votre parti. 

À entendre depuis quelques jours certains acteurs respectables proposer de limiter le nombre de partis politiques, cela commence à m’inquiéter. Parce que je me demande est-ce que ces acteurs-là estiment déjà à l’avance que la Guinée va continuer à être un pays où il n’y aura jamais des élections démocratiques, crédibles et transparentes? Cela commence à m’inquiéter beaucoup. 

Le débat devrait plutôt se situer sur les moyens à mettre en œuvre pour enfin rompre le cycle dangereux des fraudes électorales inacceptables qui, si elles essayent de se perpétuer, replongeront inéluctablement notre pays dans l’instabilité et les conflits de tout genre. Le multipartisme est déjà un acquis. Des élections démocratiques, crédibles et transparentes ne sont toujours pas un acquis pour notre pays. Au lieu de revenir sur nos acquis, le bon sens veut qu'on cherche à progresser là où nous peinons à engranger des acquis.

Ceci n’est pas la transition de 2008 où quatre copains sont venus dicter et décréter contre toute une nation des lois bancales et arbitraires. Cette fois-ci nous avons à faire à une transition de la réfondation. Il n’est pas question de revenir sur nos acquis démocratiques séculiers.

Mr Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG

Tag(s) : #Afrique, #Guinée, #Afrique de l'Ouest, #Transition-Guinée