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david-cameron.jpg(Londres) David Cameron a démontré ses talents de négociateur en se faisant couronner premier ministre de la Grande Bretagne cette semaine. Mais le plus dur reste à faire. Il devra sortir le pays du gouffre financier tout en tenant la barre d'une coalition périlleuse avec les libéraux-démocrates.

Il devra aussi reconquérir les électeurs, désabusés par les scandales politiques. Enfin, l'épineuse question des réformes électorales pourrait faire éclater son gouvernement.

Voici quelques-uns de ses nombreux défis.

La confiance

Un fossé se creuse entre la population et ses élus. Le vote partagé des élections en est le dernier symptôme. Les deux partis traditionnels ont recueilli la plus faible proportion de voix depuis la Seconde Guerre mondiale. Résultat, le moule du bipartisme s'effrite au profit des partis indépendants.

Le scandale des notes de frais des députés l'année dernière a été la goutte de trop. En découvrant qu'ils avaient remboursé, entre autres, un îlot de canards et un film érotique aux élus, les électeurs ont déchanté.

David Cameron serre donc la vis aux députés: les Britanniques auront bientôt le pouvoir de les «congédier» avec des pétitions. La signature de 10% des résidants d'une circonscription suffira pour provoquer une élection partielle.

Il s'agit d'un premier pas pour convaincre les électeurs de sa «nouvelle politique».

La coalition

Un mariage de raison entre les conservateurs et les libéraux-démocrates semblait impossible lors de la campagne électorale. Interrogé sur sa blague préférée, David Cameron avait répondu: «Nick Clegg.»

Or, les voilà premier ministre et vice-premier ministre au prix d'énormes concessions. Les deux partis avaient des politiques contraires sur l'immigration, l'arsenal nucléaire, l'énergie nucléaire et les relations avec l'Europe.

David Cameron aura fort à faire pour maintenir l'ordre dans un cabinet qui comporte d'anciens ennemis. C'est le cas du populaire libéral-démocrate Vince Cable et du jeune conservateur George Osborne, qui devront travailler ensemble sur des dossiers économiques, notamment sur la réglementation des banques.

Un comité spécial de médiation tentera de régler les prises de bec. À la première réunion du cabinet, le premier ministre a imploré ses ministres de garder leurs différends pour eux-mêmes.

Les réformes électorales

C'est la plus grande victoire des libéraux-démocrates: un référendum sur l'adoption du vote préférentiel. Dans ce système, les électeurs votent par ordre de préférence pour les candidats de leur circonscription. Une fois les résultats connus, les voix des perdants sont redistribuées jusqu'à ce qu'un gagnant obtienne une majorité.

Les libéraux-démocrates auraient remporté 20 sièges de plus aux élections avec ce mode de scrutin.

Les ultras du Parti conservateur voient ce référendum comme une trahison de David Cameron. Ils fourbissent déjà leurs armes pour le faire échouer.

David Cameron envisage d'autres réformes ambitieuses: faire élire la Chambre des lords (chambre haute du Parlement), redessiner les circonscriptions pour égaliser leur poids démographique et réduire de 10% le nombre de députés.

Les finances

L'effondrement économique de la Grèce fait encore trembler la Grande-Bretagne. Et pour cause: avec une dette de 1190 milliards de dollars et le troisième plus important déficit budgétaire en Europe évalué à 240 milliards, les Britanniques prêtent le flanc à la spéculation.

David Cameron n'aura pas le choix d'imposer rapidement des mesures impopulaires. Un budget d'urgence sera présenté dans 50 jours.

Pour l'heure, son gouvernement a déjà prévu des coupes budgétaires de 9 milliards. Des économies draconiennes dans la fonction publique, qui pourraient provoquer des milliers de mises à pied, sont à prévoir. David Cameron a montré l'exemple en annonçant pour ses ministres une baisse salariale de 5% qui sera maintenue pendant cinq ans.

Cependant, le pire est à venir: la coalition devra trouver 75 milliards additionnels pour combler le déficit. Une hausse de la taxe de vente est inévitable, selon les économistes.

Le gouvernement de David Cameron marchera sur le fil du rasoir: faire des économies et hausser les taxes et les impôts sans compromettre la reprise économique.

Source: http://www.cyberpresse.ca/international/correspondants/201005/15/01-4280733-les-defis-de-david-cameron.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_europe_287_section_POS1

Tag(s) : #Europe