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palestineIsraël et les États-Unis continuent d'exercer toutes sortes de pression sur l'Autorité palestinienne, mercredi, à deux jours du dépôt annoncé de la demande d'adhésion de la Palestine au Conseil de sécurité des Nations unies.

Pendant que l'État hébreu continue de brandir diverses menaces de sanctions, Washington tente de trouver une porte de sortie.

Selon un scénario qui circule dans les coulisses du quartier général de l'ONU à New York, les États-Unis chercheraient à convaincre les Palestiniens de ne pas insister pour que le Conseil de sécurité vote sur une demande formelle d'adhésion.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas présenterait bel et bien une lettre plaidant pour la reconnaissance de l'État palestinien au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, mais celle-ci serait accompagnée d'une lettre du Quartette pour la paix au Moyen-Orient (États-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies) déterminant les paramètres d'une reprise des négociations avec Israël.

Ce scénario permettrait d'éviter que les États-Unis opposent leur veto à la demande palestinienne, un geste susceptible de heurter profondément l'opinion publique dans les pays arabes. La Maison-Blanche soutient qu'un État palestinien ne peut naître qu'au terme de négociations de paix avec Israël. À l'heure du printemps arabe, le refus de reconnaître un État palestinien constituerait cependant un embarras certain pour l'Administration Obama.

Le scénario permettrait en outre d'éviter qu'Israël se retrouve relativement isolé sur le plan diplomatique et se braque contre les Palestiniens, retardant d'autant une reprise des négociations. De nombreuses menaces de sanctions à l'endroit des Palestiniens ont été lancées par des membres du gouvernement Nétanyahou au cours des derniers jours.

La question demeure cependant très délicate pour les Palestiniens. Le président Abbas a formellement annoncé vendredi dernier que la demande d'adhésion serait déposée le 23 septembre. Il a plaidé que cette demande modifierait le rapport de force avec Israël, mais a reconnu du même souffle que les Palestiniens devraient quand même négocier un accord de paix avec l'État hébreu.

Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Malki, a déclaré mardi à Al-Jazira qu'avant toute reprise des négociations directes, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou doit accepter « tous les termes de référence, cesser toutes les activités de colonisation, d'entreprendre des négociations pour une période n'excédant pas six mois ». Cela, ajoute-t-il, doit être assorti « de garanties internationales que les négociations seront sérieuses et crédibles ».

Manifestations dans les trois principales villes de Cisjordanie

Des milliers de Palestiniens ont manifesté mercredi à Ramallah en guise d'appui à la démarche de l'Autorité palestinienne à ONU. Réunis dans une place publique du centre de la ville, ils ont brandi des drapeaux palestiniens et scandé des slogans en faveur de l'indépendance de la Palestine. La manifestation a été soigneusement planifiée, rapporte Associated Press, les fonctionnaires et les étudiants ayant notamment reçu congé pour y participer. Des manifestations ont aussi été organisées dans les deux autres grandes villes de Cisjordanie, Naplouse et Hébron.

Ballet diplomatique

Les tractations se poursuivent donc mercredi. Le président Abbas, qui s'est entretenu avec le président français Nicolas Sarkozy et le chef de la diplomatie britannique William Hague mardi, rencontrera mercredi soir le président américain.

Barack Obama aura au préalable rencontré le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou en après-midi.

Le président américain doit aussi d'adresser à l'Assemblée générale de l'ONU, qui s'ouvre officiellement aujourd'hui.

L'Union européenne a pour sa part décidé de ne pas divulguer officiellement sa position, afin d'exercer le maximum de pression pour une reprise des négociations, a déclaré mardi William Hague.

La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, conseille cependant aux Palestiniens de soumettre leur projet d'adhésion à l'Assemblée générale plutôt qu'au Conseil de sécurité. Cette voie permettrait aux Palestiniens d'obtenir un statut d'État non membre observateur, plutôt que celui d'État membre à part entière.

Les menaces israéliennes pleuvent

Parallèlement aux démarches américaines visant à éviter un choc au Conseil de sécurité, Israël continue de menacer les Palestiniens de représailles s'ils présentent une demande formelle d'adhésion à l'ONU.

Le chef de la diplomatie israélienne, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, a prévenu mercredi que la demande d'adhésion d'un État de Palestine à l'ONU « ne restera pas sans réponse », sans donner davantage de détails.

M. Lieberman a par ailleurs exclu tout gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. « Il n'y aura pas de gel même pour un seul jour », a assuré M. Lieberman.

Le refus des Israéliens de geler la colonisation dans les territoires revendiqués par les Palestiniens est à l'origine de l'effondrement des derniers pourparlers directs entre les deux parties, il y a un an. L'Autorité palestinienne avait fait de ce gel une condition sine qua non de la poursuite des négociations.

L'adjoint de M. Lieberman, le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon, s'est pour sa part prononcé en faveur de l'annulation des accords conclus avec les Palestiniens et de l'annexion des colonies juives en Cisjordanie.

« De toute façon, il est clair pour tout le monde que ces blocs feront partie intégrante de l'État d'Israël. Nous aurions préféré que cela se fasse dans le cadre d'un accord, mais les Palestiniens, en s'adressant à l'ONU, ont violé tous les accords, auxquels nous ne sommes plus liés », a ajouté M. Ayalon.

« L'annexion des blocs nous permettrait d'éviter de déclencher des problèmes dans le monde à chaque fois que nous construisons le moindre bâtiment. Au moins les choses seraient claires », a-t-il estimé.

M. Lieberman a aussi déjà menacé d'annuler tous les accords conclus avec les Palestiniens. Il faisait ainsi allusion aux accords de Paris (1994) conclus entre Israël et l'Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) qui prévoient le remboursement des taxes douanières, prélevées par Israël, à l'Autorité palestinienne.

Ces revenus de 80 millions de dollars par mois représentent les deux tiers des recettes budgétaires palestiniennes. Sans cette rentrée d'argent, l'Autorité palestinienne serait dans l'incapacité de payer ses quelque 150 000 fonctionnaires.

Le ministre des Finances israélien, Youval Steinitz, appuie également l'idée de couper les vivres à l'Autorité palestinienne, tandis que le ministre responsable des Affaires stratégiques, Moshé Yaalon, favorise la construction de milliers de logements dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-Est en guise de représailles.

Source: http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/09/21/002-palestiniens-onu-mercredi.shtml

Tag(s) : #Moyen et Proche Orient